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Affaire Armstrong : « l’histoire d’un vrai talent qui s’est fourvoyé »

Entre « l’immense champion » décrit par Laurent Jalabert et le coureur « moyen » dépeint par d’autres, la vérité sportive de Lance Armstrong s’avère compliquée à déterminer. Retour en arrière.

Un potentiel reconnu

Avant de passer professionnel en août 1992, Armstrong est déjà décrit par les responsables du cyclisme US, lors des JO de Barcelone, comme le « plus grand espoir » de son pays au vu de son potentiel. Ils espèrent trouver un successeur à Greg LeMond, le premier Américain vainqueur du Tour alors à son crépuscule. Le Texan, qui a débuté par le triathlon (« je falsifiais ma date de naissance » pour être surclassé, raconte-t-il dans son autobiographie), réussit sans attendre dans le peloton « pro ».

Vainqueur d’étape dans le Tour en 1993 après s’être signalé dans le final de Milan-Sanremo (« ce Yankee est complètement fou, il zigzaguait sur la route pour nous empêcher de passer », s’emporte dans l’instant Mario Cipollini), il devient le troisième plus jeune champion du monde de l’histoire du cyclisme la même année à Oslo, devant Miguel Indurain. De l’avis général, le Texan au physique musculeux est appelé à une grande carrière. Dans les classiques.

Des limites dans les cols

« Personne ne peut affirmer que Lance ne sera jamais fait pour la montagne, il doit d’abord travailler », confie LeMond à L’Equipe en 1993. « L’aspect le plus intéressant, c’est qu’il récupère rapidement. Il pourrait devenir à très brève échéance un bon coureur par étapes », confirme le médecin de l’équipe Motorola, le Dr Massimo Testa, avant le début de la saison 1994.

Mais le Texan, futur roi du KO en altitude dans la Grande Boucle, est alors très limité dans les cols, secteur-clé des grands tours. « Je suis trop juste en haute montagne, il n’y a que les chronos dans les contre-la-montre que je peux améliorer », affirme-t-il fin 1993. « Je ne peux pas prétendre à autre chose qu’à une victoire d’étape », confirme-t-il avant le Tour 1996 même s’il a commencé à se montrer plus performant dans les ascensions, alors que le cyclisme vit l’ère du dopage sanguin. Bilan: il abandonne trois de ses quatre premiers Tours de France.

Une transformation

Le cancer des testicules (avec deux petites lésions au cerveau) dont il a réchappé a changé Armstrong. Le Dr Ferrari est passé par là, son entraîneur Chris Carmichael aussi. « Sa métamorphose est liée à sa maladie », estime en 2000 Cyrille Guimard, qui l’avait recruté (au prix fort déjà) pour l’équipe Cofidis fin 1996. Le technicien français avait à l’époque annoncé à l’AFP que l’Américain serait son leader dans les grands tours.

Certains coureurs ont changé de profil en cours de carrière (Sean Kelly, Laurent Jalabert) mais une telle mutation est rarissime.

Le parcours exceptionnel d’Armstrong dans le Tour (sept victoires de 1999 à 2005) relève au sens littéral de la légende. Pour expliquer sa nouvelle efficacité en montagne, il évoque une perte de poids de l’ordre de 10 kilos. L’argument, rappelleront les plus vigilants, s’apparente à un véritable écran de fumée tant les chiffres communiqués sont imprécis ou sujets à caution.

Un mental de gagneur

« Ma plus grande force, c’est sans doute ma mentalité. Je déteste la défaite et mon désir de gagner fait toujours des miracles », soutenait Armstrong dès ses premières années de carrière (1993).

Par la suite, le Texan affichera la même volonté, celle d’un impitoyable gagneur. Quitte à avoir recours à une tricherie d’ampleur monumentale, qui s’est achevée lundi dans la honte. Pour reprendre la formule du directeur du Tour, Christian Prudhomme, « l’histoire d’un vrai talent qui s’est fourvoyé ».

Sportfootmagazine.be, avec Belga

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