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Van der Plaetsen : un décathlonien en or

Aux Championnats d’Europe d’athlétisme, Thomas Van der Plaetsen a réussi à décrocher l’or. Un exploit d’autant plus remarquable qu’il y a deux ans à peine, il luttait contre un cancer des testicules.

Dans notre Guide des JO 2016, à paraître jeudi, un vaste reportage est consacré au décathlonien, revenu du diable-vauvert après qu’on eut diagnostiqué, chez lui, un cancer des testicules il y a deux ans à peine. « Avoir le cancer, c’est comme être trahi de l’intérieur » dit-il à ce propos. « J’étais frustré, d’autant que le souvenir de mes performances était encore bien frais. Je savais encore ce que je ressentais en franchissant 2,10 mètres ou en sautant à près de huit mètres. Et là, d’un coup, plus rien n’allait.

Quand je prenais mon élan pour sauter, j’avais les mêmes sensations qu’avant mais il n’en ressortait rien. C’est un combat entre le mental et le physique. Je savais que je ne pouvais pas forcer mais mon corps m’envoyait tout le temps le même signal : tu peux encore faire ça. C’est comme marquer trois points en basket. On commence par les aligner puis on tombe malade et on tire à côté du panier alors qu’on fait exactement les mêmes mouvements et qu’on les sent bien. On dirait que le corps ment, triche. C’est pénible. »

En début d’année, l’athlète anversois avait ouvert un blog sur Facebook, trouvant que son come-back était présenté de manière trop héroïque. « On m’a dépeint comme ‘le héros de l’universiade qui était revenu après un cancer’. On aurait dit que ce come-back était empreint de glamour. Moi, je voulais apporter un autre son de cloche. Je ne veux pas ôter aux gens la force de revenir mais les encourager à gérer les contrecoups avec réalisme, de manière constructive. Un come-back, ce n’est pas jouer les grands forts. C’est un processus qui se fait pas à pas. Il consiste à vaincre une série d’épreuves, tous les jours, heure par heure. »

Aux récents Championnats d’Europe d’athlétisme, Thomas Van der Plaetsen a réussi au-delà des espérances en terminant premier du décathlon. De quoi le booster en prévision des JO. Selon ses dires, pourtant, peu lui importe d’être ou non dans une année olympique. « Je trouve étrange que des athlètes ne retirent le maximum d’eux-mêmes qu’aux Jeux », précise-t-il. « Je peux le comprendre mais c’est ironique car la philosophie olympique insiste justement sur l’épanouissement, le progrès petit à petit. J’essaie de retirer le maximum de tous les pas en avant que j’effectue, puis je vois où j’en suis. J’essaie de faire de mon mieux tout ce que je peux contrôler. C’est super si ça suffit pour une médaille ou un bon classement. Sinon, je dois l’accepter et m’en faire une raison. Je suis partisan du cliché selon lequel c’est le chemin qui compte, pas le but à atteindre. Les Jeux sont fantastiques mais ressentir soudain une motivation supplémentaire parce que c’est un événement spécial, suivi par beaucoup de gens? Pour moi, ce n’est pas le message du sport. Si je m’y adonne, c’est pour moi-même, pour m’épanouir. »

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