Présidentielles US: le sport américain a choisi son camp

Le sport US est intimement lié à la politique et vice-versa. Les donations effectuées par les patrons des clubs aux partis de Joe Biden et de Donald Trump le prouvent.

Imaginez Paul Gheysens ou Bart Verhaeghe verser des millions d’euros à un parti politique avant les élections. Ça semble surréaliste, mais c’est une pratique courante aux États-Unis : les riches propriétaires d’équipes évoluant dans les six grandes ligues américaines (NBA, WNBA, NFL, NHL, MLB et NASCAR) donnent des millions de dollars aux Démocrates ou aux Républicains. Une enquête d’ESPN et de FiveThirtyEight révèle que les propriétaires des clubs ont offert environ quarante millions d’euros aux partis politiques depuis 2015, dont dix millions avant les élections présidentielles d’hier. Avec une préférence politique nettement marquée : le Parti républicain a touché 8,5 millions, le Parti démocrate 1,6.

Les proportions sont similaires pour les élections fédérales de 2016 et 2018, les présidentielles et les élections du Congrès. Les donations faites aux Républicains étaient souvent supérieures à celles effectuées aux Démocrates. Quarante des 160 propriétaires d’équipes et des commissioners – les patrons des compétitions – représentent 85% de toutes les donations (34 millions). 77% de l’argent est revenu aux Républicains.

Une seule compétition semble pencher pour les Démocrates : la WNBA, qui est plus progressiste que les autres ligues US.

Indépendamment des montants offerts, on relève la même proportion si on distingue les dons des propriétaires d’équipes et des commissioners : 74 ont offert la majeure partie de l’argent au parti de Donald Trump, 48 au parti de Joe Biden. Les autres ont versé de l’argent à des organisations sans lien avec un des deux partis politiques. Le montant total est sans doute encore plus élevé, car l’étude n’a pris en compte que les dons officiels des 160 propriétaires interrogés, pas ceux effectués par leur partenaire ou des membres de leur famille, pas plus que les sommes sorties directement de leur portefeuille. Les donations les plus récentes, dans le cadre des présidentielles, n’ont pas été comptées, puisqu’elles n’ont pas encore été publiées.

Une seule compétition semble pencher pour les Démocrates : la WNBA, qui est plus progressiste que les autres ligues US. Les donations effectuées aux Démocrates l’emportent avec une courte majorité de 52% contre 42% pour les Républicains, mais les deux tiers de ce montant ont été versés par une seule propriétaire d’équipe : Kelly Loeffler (Atlanta Dream). Ce qui est plus surprenant, c’est que les propriétaires des clubs de NBA soutiennent plutôt Donald Trump alors que beaucoup de joueurs noirs, emmenés par la superstar LeBron James, se sont lancés massivement dans le débat racial des derniers mois, se retournant ouvertement contre le président. Même Adam Silver, le patron de la NBA, les a encouragés à faire entendre leur voix. Et malgré tout, la majeure partie de l’argent est revenue aux Républicains : sept millions d’euros contre 2,2 millions aux Démocrates. Des propriétaires blancs comme Tilman Fertitta (Houston Rockets), Dan Devos (Orlando Magic) et James Dolan (New York Knicks) ont même effectué un virement direct sur le compte bancaire de la campagne présidentielle de Trump.

Certains effectuent des versements parce qu’ils entretiennent d’étroites relations avec un politicien.

Autre fait à épingler : beaucoup de propriétaires ont donné de l’argent aux politiciens des deux partis. L’essentiel pour eux est de canaliser dans la bonne direction la législation concernant leurs activités. C’est pour cela avant tout qu’ils financent les partis, même si une petite minorité de propriétaires soutient un des deux partis par pure idéologie politique, en fonction de la vision qu’ils ont de la société américaine et de son évolution.

D’autres effectuent des versements parce qu’ils entretiennent d’étroites relations avec un politicien. Ou par vanité, pour être acceptés dans les plus hauts cercles politiques, pouvoir se targuer d’avoir joué au golf avec un gouverneur ou un sénateur connu, voire même avec Donald Trump. Il n’y a pas meilleur moyen que l’argent.

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