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Nys: « je suis le héros de mon fils »

Est-il difficile de garder les pieds sur terre en étant idolâtré ?

Vos : Il y a de quoi planer quand, après être élue Sportive de l’Année, vous n’entendez que des compliments mais heureusement, je suis réaliste.

Nys : C’est fichu dès qu’on commence à se croire au-dessus des autres. Ce n’est pas facile mais je parviens à relativiser tout ça, peut-être parce que je n’aime pas attirer l’attention. Je n’aurai pas de mal à tourner la page à ma retraite, en 2016.

Vos : C’est une question d’éducation. Mes parents me trouvent géniale mais ils sont les premiers à me conseiller de rester moi-même.

Nys : Mon père s’enfuit dès qu’il voit une caméra et les parents de Marianne restent dans leur coin. Te suivent-ils toujours en campingcar ?

Vos : Oui, pendant la saison de cyclocross, je loge souvent avec eux. C’est très simple mais ça me plaît. Je ne leur parle pas de mes doutes ni de mes sentiments. Nous sommes très réservés.

Retirer le maximum


Sven peut s’adresser à sa famille ou à son entraîneur, pas vous. Ça ne vous manque pas ?
Vos : Non car le staff et quelques amies m’écoutent quand j’en ai besoin. Il le faut car tous les sportifs de haut niveau sont parfois en proie au doute. Ce n’est d’ailleurs pas négatif : ça nous aide à nous affûter. Je n’ai pas besoin d’un entraîneur personnel. J’en ai eu un mais il me collait aux basques au point de me dégoûter. Je ne cherche pas non plus un compagnon à tout prix car je suis attachée à ma liberté. On verra quand je rencontrerai le bon mais de toute façon, je ne veux pas d’enfants avant la fin de ma carrière. Ma vie est trop agitée.

Nys : C’est évidemment différent pour Marianne en tant que femme mais Eric De Vlaeminck m’a conseillé de ne pas en avoir avant ma retraite et je suis heureux de ne pas l’avoir écouté car Thibau a eu un impact positif sur ma carrière. Il m’aide à me défaire de mon côté obsessionnel. Il m’a aussi supplié de ne pas arrêter. Je suis son héros ! La manière dont je gère mon sport, les critiques, les défaites, font partie de son éducation. Je suis heureux de pouvoir lui inculquer ces valeurs à un âge qui lui permet de les comprendre. Il a douze ans.

Il y a deux ans, un commentateur a dit que vous deviez passer du stade du devoir à celui du plaisir. Après deux titres mondiaux, en êtes-vous capable ?

Nys : Oui. L’alliance de décontraction et de motivation qui m’a animé avant le Mondial et la façon dont j’ai profité ensuite de la fête m’ont fait comprendre que c’était comme ça que je devais appréhender mon sport. Je veux retirer le maximum de mes entraînements mais ça m’empreint d’une grande sérénité. Dimanche à Hoogerheide, je me satisferai même d’une deuxième place si je suis battu sur ma valeur alors qu’il y a dix ans, j’aurais préféré terminer dixième. J’ai trouvé mon équilibre. A 37 ans…

Marianne, à 26 ans, le devoir prime- t-il toujours ?

Vos : Parfois, même si je suis consciente de mener une vie agréable. Quand une coéquipière se plaint de la dureté de notre métier, je la rembarre : « Va travailler de neuf à cinq dans un bureau poussiéreux ! » Je ne soupire pas à l’idée de courir, de m’entraîner, sauf peut-être quand il pleut à verses, mais ça ne m’empêche pas de sortir. Il le faut, si je veux continuer à gagner, mais surtout, après, je n’en ressens que plus de satisfaction. Comme je ne considère pas tout ça comme des sacrifices, je n’ai pas besoin de décompresser en discothèque. Je préfère dîner tranquillement en famille, revoir la course et enfourcher mon vélo le lendemain. Il n’y a rien de plus chouette, quand même ?

Nys : Absolument !

PAR JONAS CRÉTEUR

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