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NBA: La revanche d’Angry Russ

Il a battu un record de NBA vieux de 55 ans et que tout le monde pensait inaccessible mais il a toujours autant d’ennemis que d’admirateurs. Mystérieux, passionné et souvent incompris : qui est Russell Westbrook ?

On a beau prétendre qu’on fait dire aux chiffres ce qu’on veut, en NBA, on adore les statistiques, les triple-doubles sont rares et réservés aux joueurs les plus complets. Pourtant, même pour eux, ce n’est pas évident. Même le meilleur joueur de tous les temps, Michael Jordan, n’en a signé que 28 tout au long de sa carrière. Magic Johnson, une autre légende, en a réalisé 138 (surtout des assists) mais jamais plus de 18 par saison (sur 82 matches). Le record d’Oscar Robertson (41 en 1961/62) semblait donc aussi mythique qu’inaccessible.

Jusqu’à ce que, lors de la phase classique de la saison en cours, Russell Westbrook (28) se prenne pour Indiana Jones et parte à la recherche du Graal pour effacer des tablettes le record de Robertson : 42 triple-doubles (voir encadré). On pourrait penser que cet élixir de vie rendra le point guard d’Oklahoma City Thunder immortel mais rien n’est moins vrai.

Alors qu’il était en train d’établir son record historique, les fans et les médias ne l’ont même pas sélectionné pour le All-Star Game. Il n’est même pas certain de décrocher le titre de Most Valuable Player, le meilleur joueur de la saison. Il est en effet en concurrence avec James Harden, un autre spécialiste du triple double (22) qui a emmené les Houston Rockets vers la troisième place de la Western Conference avec huit victoires de plus qu’Oklahoma, qui n’a terminé que sixième.

La candidature de Westbrook au titre de MVP a certes été boostée par les déclarations d’Oscar Robertson qui, la semaine dernière, a remis un trophée à l’homme qui a battu son record en terminant son speech par : M-V-P ! Bien que le meneur ait effectivement été très efficace avec Oklahoma (qui a remporté 33 des 42 matches lors desquels il a signé un triple-double), Westbrook est toujours très critiqué.

On dit qu’il ne songe qu’à ses stats, qu’il est trop égoïste, qu’il perd trop de ballons, que son pourcentage de shots réussis est trop bas, que ses équipiers lui font des cadeaux… Et que, dès lors, en dépit du record, c’est James Harden qui mérite le trophée de MVP.

NUMÉRO 0

Pourquoi Westbrook est-il aussi sous-estimé après une campagne aussi mémorable ? L’explication réside peut-être dans les huit dernières saisons, lorsqu’il formait un duo avec une autre superstar, Kevin Durant. Les deux joueurs emmenèrent le Thunder vers une finale de NBA et quatre finales de Conférence Ouest. A chaque fois, cependant, ils virent le titre leur filer sous le nez au profit de LeBron James (Miami/Cleveland), Tim Duncan (San Antonio) ou Stephen Curry (Golden State).

Pour les consultants, ces flops étaient davantage causés par Westbrook que par Durant. Les deux joueurs sont très différents : Durant est considéré comme un marqueur de génie, sympathique et bien élevé. Un métronome. Westbrook, lui, est un soliste, une sale g… lunatique et égoïste qui ne voulait pas se contenter d’un second rôle aux côtés de Durant et voulait démontrer chaque semaine qu’on avait tort de penser que celui-ci lui était supérieur.

Ce n’est pas un hasard si, depuis ses débuts en NBA, Westbrook porte le numéro 0, symbole du mépris qu’il ressent. Découvert sur le tard – il n’a réussi son premier dunk qu’à 17 ans ans après avoir pris 17 cm pour mesurer 1,91 m. – il n’a reçu qu’au dernier moment une bourse à l’UCLA, la fameuse université de Los Angeles.

Par Jonas Creteur

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