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Nafi Thiam: « Les points m’intéressent plus que les titres et je n’ai pas encore décidé de ma participation au championnat d’Europe »

La double championne du monde de l’heptathlon a abordé ses objectifs futurs. Les records la stimulent ainsi qu’une participation au championnat d’Europe à Berlin, même si elle n’a pas encore décidé si elle sera en mesure d’y participer.

Lundi soir à Eugene, Nafissatou Thiam, déjà double championne olympique, est devenue double championne du monde de l’heptathlon. Bien que désormais à égalité avec la légende absolue de la discipline, l’Américaine Jackie Joyner-Kersee, la Belge accorde davantage d’importance à ses performances chiffrées. « J’ai égalé Joyner-Kersee en ce qui concerne les titres mais les points m’intéressent plus et je ne suis que troisième dans ce ranking », a dit Thiam, dont le record personnel (7013 pts) se situe en dessous de ceux de « JJK » (7291 pts) et de la Suédoise Carolina Klüft (7032pts). « J’espère que j’aurais encore l’occasion de progresser à ce niveau-là. C’est pour ça que je travaille à l’entraînement. Mais c’est clair que 2 titres olympiques et 2 mondiaux, cela n’a pas été fait souvent, ça montre bien à quel point c’est difficile. C’est une fierté pour moi. »

« En championnat, tu veux gagner. Si j’avais terminé deuxième avec le même total qu’ici (6947 pts, son 2e plus élevé, ndlr), j’aurais été tout aussi fière. Ma motivation réside dans le fait de pouvoir continuer à progresser car c’est gratifiant de faire des records personnels et de sentir que tu t’améliores, que tu as trouvé le bon truc à l’entraînement. »

Lors de sa compétition dans l’Oregon, la protégée de Roger Lespagnard a signé deux nouveaux « PB », sur le 100 mètres haies (13.21) pour débuter puis sur le 800m (2:13.00) pour terminer. « J’ai été étonnée de moi sur les haies, je ne m’attendais pas à le battre avec une telle marge (13 centièmes sur le précédent, ndlr). J’ai effectué de gros changements à l’entraînement mais cela prend parfois du temps à se transcrire en compétition », a dit Thiam. Elle a ensuite abordé le 800 mètres, épreuve avant laquelle elle devait devancer Anouk Vetter de 1,4 seconde pour dépasser la Néerlandaise et enlever l’or, en améliorant de 2.24 son ancienne meilleure marque. « Je suis très contente de mon 800 mètres, même si j’étais davantage consciente de pouvoir y parvenir. C’est un travail qui prend des années, il faut trouver la bonne méthode », a ponctué Nafi.

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« Je dois voir comment mon corps réagit avant d’éventuellement participer au championnat d’Europe »

Près de 24 heures après son deuxième sacre planétaire, qui s’ajoute à son double sacre olympique, Nafissatou Thiam est revenue sur sa victoire à l’occasion d’un drink organisé par la délégation belge présente aux Mondiaux d’athlétisme, mardi soir à Eugene. Elle a aussi évoqué sa potentielle présence à l’Euro de Munich, là où doit se tenir l’heptathlon les 17 et 18 août.

« Le vrai objectif, c’était Eugene », a-t-elle lancé tout de go. « Je n’ai jamais fait deux heptathlons en un mois. C’est un délai assez court, surtout après la compétition que j’ai vécue. J’ai été au bout de mes limites, je dois voir comment mon corps réagit. »

Championne d’Europe à Berlin en 2018, la Namuroise sera probablement inscrite sur les listes, clôturées le 26 juillet. « Mais si je sens que ça ne va pas une semaine avant, je n’irai pas », a-t-elle prévenu. « Je n’ai pas envie de commencer la compétition pour l’arrêter ou, pire, me blesser. Vu ce que j’ai vécu à Berlin et l’ambiance qu’il y avait, j’ai envie d’être à Munich. Mais après tous mes soucis physiques, je fais très attention aux décisions que je prends. »

D’autant plus que, selon l’intéressée, elle met « entre 3 semaines et 1 mois » pour récupérer d’un heptathlon en compétition. « Le timing est donc assez court, même si on ne sait jamais comment le corps va réagir. » En véritable bête de compétition qu’elle est, Nafi a malgré tout envie d’être de la partie en Bavière.

« J’adore les championnats, j’ai toujours envie d’y participer. C’est pour ça que je m’entraîne, c’est le plus excitant. Mais je dois écouter mon corps et j’ai eu du mal à le faire ces dernières années. Je me dis souvent que je n’ai pas envie de louper une grande compétition car je ne pourrais pas la rattraper mais il faut voir à long terme, surtout à mon âge. La récupération est importante », a ponctué celle qui fêtera en août ses 28 ans, avant de balayer d’un revers de la manche la possibilité de s’aligner sur une autre discipline, comme la longueur ou la hauteur. « Cela m’intéresse moins », a-t-elle avoué.

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