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Les JO de Tokyo doivent avoir lieu, à moins que…

Les Jeux Olympiques de Tokyo débutent moins de cent jours, le 23 juillet. Seule une nouvelle vague importante de contaminations au Japon pourrait encore y faire obstacle.

Lundi dernier, 306 personnes ont présenté un test positif au coronavirus à la préfecture de Tokyo. La moyenne de la semaine était de 476 et le pourcentage de taux positif est de 5%. C’est relativement peu, pour une population de 13,5 millions, comparé aux pays occidentaux. Par exemple, la moyenne récente de la Belgique, avec ses 11,5 millions d’habitants, est de 3558 nouvelles contaminations par jour et 8,9% de tests positifs. Pourtant, Tokyo commence à s’inquiéter, de même que le Japon tout entier. Beaucoup de contaminations sont en effet provoquées par des variants plus contagieux du virus, ce qui va augmenter leur nombre à court terme. Pour le moment, les chiffres sont au même niveau que fin janvier. En fait, ils sont probablement nettement supérieurs, car Tokyo effectue fort peu de tests: en moyenne 6.771 par jour la dernière semaine, contre 45.244 dans notre pays… Les hôpitaux commencent à être sous pression, ne serait-ce qu’à cause du nombre limité de lits en soins intensifs: l’occupation est de l’ordre de 30%.

Le mois dernier, le gouvernement japonais a décidé de bannir les spectateurs étrangers des Jeux.

Le gouverneur Yuriko Koike a partiellement réintroduit l’état d’urgence, qui avait pris fin le 21 mars. Il n’est toutefois pas comparable aux confinements européens. Par exemple, les restaurants sont toujours ouverts, mais jusqu’au 11 mai, ils doivent fermer leurs portes à vingt heures. Les événements ne peuvent pas rassembler plus de 5.000 personnes. Koike a également demandé aux habitants de Tokyo de ne plus voyager en dehors de la ville et surtout pas dans la préfecture d’Osaka, où les contaminations atteignent un pic et où le taux d’occupation des lits d’hôpital est de 70%. On a d’ailleurs adapté le parcours de la flamme olympique, qui devait traverser la ville cette semaine: elle passe par un parc clos et pas par les routes publiques. Trois événements-tests pour les JO (plongée, natation synchronisée et water-polo) ont été reportés, en partie parce que la fédération internationale de natation est mécontente des mesures de précaution adoptées.

Autre gros souci, la lenteur de la campagne de vaccination au Pays du Soleil Levant, à cause de la livraison tardive des vaccins: actuellement, à peine 0,9% de la population (126 millions d’âmes) a reçu une première injection. Il s’agit essentiellement du personnel médical. Les personnes de plus de 65 ans n’entrent en compte qu’à partir de cette semaine, suivies par les autres groupes à risques. Les Japonais acceptent difficilement que les athlètes qualifiés pour les Jeux soient prioritaires: ils auront leurs deux injections d’ici la fin du mois de juin, probablement avant que toutes les personnes âgées ne soient complètement vaccinées.

Le faible taux de vaccination, la peur des nouveaux variants qui pourraient être transmis par des sportifs, des entraîneurs et des journalistes non vaccinés, surtout issus de pays pauvres et la nouvelle vague ne font qu’accroître le scepticisme de la population nipponne quant à l’organisation des Jeux. Dans la dernière enquête réalisée, 72% des personnes interrogées se sont prononcées en faveur d’un nouveau report ou d’une annulation définitive.

Pourtant, le gouvernement japonais, soumis à la pression de Dentsu, une puissante société publicitaire, et par les médias, veut à tout prix que les Jeux aient lieu. Pour l’honneur et la gloire du pays, du Premier ministre Yoshihide Suga et du parti libéral démocratique au pouvoir. Et surtout compte tenu des énormes enjeux financiers, pour toutes les parties concernées. Le mois dernier, le gouvernement japonais a déjà pris une décision drastique en bannissant les spectateurs étrangers des Jeux. Il va probablement durcir les protocoles sanitaires mis en place pour les personnes présentes. Il n’est donc pas question d’annulation pour le moment. Selon les personnes bien informées, le thème ne serait abordé que si la pandémie atteignait un nouveau sommet à Tokyo et au Japon.

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