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Les galères de Colin Kaepernick

Colin Kaepernick a disputé son dernier match de NFL en janvier 2017 mais le quarterback qui s’agenouille pendant l’hymne américain ne baisse pas les bras.

Amnesty International lui a remis l’Ambassador of Conscience Award, sa plus haute distinction, mais le président Donald Trump a jugé scandaleux que Colin Kaepernick persiste à s’agenouiller, depuis le 14 août 2016, chaque fois que l’hymne américain résonnait dans le stade, pour protester contre les violences policières à l’encontre des Afro-Américains. Un des dirigeants de la National Footbal League l’a traité de « traître à la nation » mais Nike s’est assuré ses services, comme ceux de Serena Williams et LeBron James, pour donner un visage à la campagne de commémoration des trente ans du slogan Just Do It. Le texte accompagnant la publicité, récompensée d’un Emmy, fait allusion à sa lutte pour l’égalité des droits citoyens. « Believe in something. Even if it means sacrificing everything. Just do it. » Soit : »Croyez en quelque chose. Même si ça implique de tout sacrifier. Faites-le. »

Selon des experts publicitaires, Nike a déboursé entre cinq et huit millions de dollars. Le quarterback avait également des contrats commerciaux avec Beats By Dre, McDonald’s, Jaguar, Electronic Arts et MusclePharm pour un montant de trois millions d’euros. Mais Kaepernick, finaliste du Super Bowl 2012, a consenti d’énormes sacrifices. À commencer par son lucratif contrat chez les San Francisco 49ers, qui lui a rapporté environ 39 millions en cinq ans. La franchise n’a plus voulu de lui, pas plus que les 31 autres de NFL. « Colin est un pionnier », avance Andrew Brandt, professeur de droit sportif à l’université de Villanova. « C’est un exemple pour d’autres athlètes mais ce qu’il souhaite (jouer) n’est plus possible. Il a été banni. »

Le quarterback a déposé plainte contre la NFL, qui vient de lui verser une indemnité de neuf millions. « Dès le premier jour, j’ai été conscient de mettre en péril ma carrière mais je n’ai jamais recherché l’approbation des autres. Je sais que j’ai fait ce qui était juste », a réagi le joueur de 32 ans, que le general manager (anonyme) d’une des grandes franchises a qualifié de « joueur le plus détesté de l’histoire de la NFL. »

Il ne compte pas baisser les bras. « Je suis prêt à rejouer depuis trois ans », a-t-il annoncé quand la NFL a voulu lui donner un podium et a invité des représentants des 32 équipes pour un entraînement privé. Kaepernick et son entourage pensent qu’il s’agissait surtout d’un coup marketing : une demi-heure avant le début de la séance, le lieu a changé. Et dans la petite salle d’une école secondaire d’Atlanta, il n’y avait que sept scouts. Les 25 autres clubs ont reçu des images de l’entraînement mais, au grand désespoir du joueur, personne ne lui a fait d’offre ces dernières semaines. « Pourtant, il peut avoir un impact sur notre compétition », a déclaré Eric Reid (Carolina Panthers), appréciant son niveau. « C’est incroyable que personne ne veuille ou n’ose l’embaucher. »

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