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Les choses sérieuses ont commencé avec les premiers doubles à la Ryder Cup

Le grand moment, attendu fébrilement depuis deux ans par les fans de la petite balle blanche, est enfin arrivé. La Ryder Cup, affrontement devenu mythique entre l’Europe et les Etats-Unis, a débuté vendredi, pour la première fois en France, avec les premiers matches de double. L’Américain Tony Finau a frappé le premier coup peu après 08h10 dans une ambiance électrique, devant la tribune principale de 6.000 places, la plus grande de l’histoire de l’épreuve.

Près de 190.000 spectateurs sont attendus d’ici dimanche au Golf national de Saint-Quentin-en-Yvelines, aux portes de Paris, pour assister à trois jours de compétition réunissant l’élite de la planète, dont la légende Tiger Woods. La Fédération française de golf, qui a planifié l’échéance depuis 2011, peut déjà se satisfaire d’offrir un parcours superbe, celui de l’Albatros, et des infrastructures d’accueil dont la qualité a été louée par tous les acteurs.

Vendredi matin, quatre affrontements sont programmés dans une formule appelée « fourballs », où chaque joueur joue sa balle. Le premier duel oppose les Américains Brooks Koepka et Tony Finau à la paire européenne composée de l’Anglais Justin Rose et de l’Espagnol Jon Rahm.

Mais le match le plus attendu de la matinée débutera à 08h55. L’Anglais Tommy Fleetwood et l’Italien Francesco Molinari feront face à Patrick Reed et Tiger Woods, qui a reçu une ovation debout lors de la traditionnelle cérémonie d’ouverture jeudi. Le « Tigre », 42 ans et 14 titres du Grand Chelem au compteur, vient de signer un comeback tonitruant en remportant dimanche dernier son premier tournoi sur le circuit américain après cinq ans de disette.

Le capitaine américain Jim Furyk va-t-il profiter d’un effet « Tiger » pour saper la vigueur des encouragements en faveur de l’équipe qui reçoit ? Il a en tout cas lourdement insisté sur les liens d’amitié unissant la France aux Etats-Unis dans son discours.

Et Furyk a brouillé les cartes, volontairement ou non, en associant sa méga-star sur le retour, à qui tout est pardonné par un public à l’admiration béate, au bouillant Reed, qui se complaît dans le rôle du vilain en demandant à la foule de se taire ou en faisant semblant de ne pas entendre ses quolibets.

– Quatre « rookies » européens –

Leur duo semble en tout cas très complémentaire sur le papier, alors que le vainqueur de 14 Majeurs a connu beaucoup de déceptions en double lors de ses six précédentes Ryder Cup. « Cela va être amusant pour nous deux », a commenté Woods, un peu en délicatesse à l’entraînement jeudi avec son petit jeu sur les greens. Le soutien très oecuménique dont il bénéficie depuis mardi n’a pas de précédent dans cette compétition d’ordinaire à couteaux tirés.

Le public français, sans joueur tricolore à soutenir, s’est pour l’instant montré timoré dans l’invective des adversaires lors des journées de reconnaissance.

Le capitaine européen Thomas Björn a néanmoins pu constater que son équipe recevait un fort soutien au moment du premier « tee shot ». Alors qu’il lance dans l’arène quatre « rookies » vendredi matin, le Danois a choisi de ne pas encore aligner l’Anglais Ian Poulter, au pedigree impeccable en Ryder Cup et qui a l’habitude de galvaniser équipiers et supporters.

Il est d’ailleurs venu faire un peu de « clapping » avec les spectateurs avant le début de la session vendredi matin. Joueur le plus applaudi côté européen avec le Nord-Irlandais Rory McIlroy et l’Espagnol Sergio Garcia, « Poults », 42 ans, sera peut-être appelé dès vendredi après-midi si les choses se gâtent. « Je vis pour la Ryder Cup, je ferai tout pour gagner tous mes matches », a-t-il assuré.

Les Américains ont bien l’intention de gagner sur le sol européen, ce qu’ils n’ont pas accompli depuis 1993. L’armada US envoyée sur le sol français pour briser l’hégémonie européenne n’a sans doute jamais été aussi forte.

Avec notamment le N.1 mondial, Dustin Johnson, un récent triple vainqueur de Majeurs (US Open 2017 et 2018, USPGA 2018) en la personne de Brooks Koepka, et deux jeunes loups déjà passés par le premier rang mondial, Jordan Spieth et Justin Thomas, associés vendredi matin, cette équipe a de quoi impressionner.

Les six joueurs à suivre

Les six joueurs à suivre lors de la Ryder Cup 2018 qui débute vendredi:

EQUIPE D’EUROPE

Justin Rose

Nationalité: Anglais

Age: 38 ans

Classement mondial: N.2

Palmarès: 9 titres PGA et 11 titres EPGA, dont un en Grand Chelem, et un titre olympique en 2016

. Ryder Cup

Sélections: 5 (2008, 2012, 2014, 2016, 2018) et vainqueur en 2012 et 2014

Bilan: Onze victoires, six défaites et un nul

. Sa saison 2018:

Le natif de Johannesburg est devenu, il y a deux semaines, le quatrième joueur anglais à occuper la place de numéro un mondial, après une défaite en barrages au BMW Championship face à l’Américain Keegan Bradley. Rose s’est en revanche imposé en mai au Fort Worth Invitationnal.

En juillet, il a terminé deuxième ex aequo du British Open deux coups derrière l’Italien Francesco Molinari, son coéquipier cette année dans la sélection européenne.

Rory McIlroy

Nationalité: Nord-Irlandais

Age: 29 ans

Classement mondial: N.6

Palmarès: 14 titres PGA et 13 titres EPGA, dont quatre en Grand Chelem

. Ryder Cup

Sélections: 5 (2010, 2012, 2014, 2016, 2018) et vainqueur en 2010, 2012 et 2014

Bilan: 9 victoires, 6 défaites, 4 nuls

. Sa saison 2018:

Après une année 2017 quasiment blanche, la faute à une blessure aux côtes, McIlroy a repris rapidement confiance en finissant deuxième de l’Omega Dubai Desert Classic en janvier et en gagnant le Arnold Palmer Invitational en mars. Et il a échoué ensuite de peu en avril au Masters, seul Majeur qui lui manque encore, en terminant 5e.

La victoire lui a également échappé de justesse en juillet au British Open, achevé au 2e rang, et il vient de signer une belle 5e place au BMW Championship.

Jon Rahm

Nationalité: Espagnol

Age: 23 ans

Classement mondial: N.8

Palmarès: 2 titres PGA et 3 titres EPGA, aucun en Grand Chelem

. Ryder Cup

Première sélection

. Sa saison 2018:

Le prodige basque a débuté l’année en fanfare en remportant le Career Builder Challenge en janvier, son 2e titre sur le circuit PGA, atteignant à cette occasion la 2e place mondiale. Et le joueur, qui réside désormais à Phoenix (Arizona), a eu la satisfaction de décrocher l’Open d’Espagne en avril.

Rahm, ancien N.1 chez les amateurs, a également obtenu ses meilleurs résultats en Grand Chelem avec deux quatrièmes places au Masters et au Championnat PGA.

EQUIPE DES ETATS-UNIS

Brooks Koepka

Age: 28 ans

Classement mondial: N.3

Palmarès: 4 titres PGA et 4 titres EPGA, dont trois en Grand Chelem

. Ryder Cup

Sélections: 2 (2016, 2018) et vainqueur en 2016

Bilan: 3 victoires, une défaite

. Sa saison 2018:

Pour la deuxième année consécutive, il a remporté en juin l’US Open, devenant le premier joueur depuis son compatriote Curtis Strange en 1989 à conserver son titre. Le mois dernier, il s’est adjugé le Championnat PGA, son troisième titre du Grand Chelem en moins de 18 mois.

Seule contrariété en 2018, une blessure à un poignet qui l’a privé du Masters en avril.

Tiger Woods

Age: 42 ans

Classement mondial: N.13

Palmarès: 80 titres PGA et 8 titres EPGA, dont 14 en Grand Chelem

. Ryder Cup

Sélections: 8 (1997, 1999, 2002, 2004, 2006, 2010, 2012, 2018) et vainqueur en 1999

Bilan: 13 victoires, 17 défaites, 3 nuls

. Sa saison 2018:

De son propre aveu, 2018 est l’une de ses plus belles saisons: d’autant plus que le « Tigre » a enfin agrandi son palmarès bloqué à 79 titres depuis août 2013, en décrochant dimanche le Tour Championship. Auparavant il a montré qu’il faisait encore partie des cadors du circuit. Malgré son âge et quatre précédentes saisons calamiteuses, en raison notamment de son dos, opéré à quatre reprises entre 2014 et 2017.

Woods a flirté avec la victoire lors du Valspar Championship en mars (2e), du British Open en juillet (6e), du Championnat PGA en août (2e) et a terminé la saison au 13e rang mondial alors qu’il pointait au-delà de la 600e place début 2018.

Bryson DeChambeau

Age: 25 ans

Classement mondial: N.8

Palmarès: 4 titres PGA, aucun en Grand Chelem

. Ryder Cup

Première sélection

. Sa saison 2018:

Il a remporté trois titres et pas n’importe lesquels, le prestigieux Memorial en juin et les deux premiers tournois des play-offs, le Northern Trust et le Dell Technologies Championship. A chaque fois avec la manière, comme ses quatre coups d’avance lors du Northern Trust et avec son éternelle casquette « old school » vissée sur le crâne.

DeChambeau pourrait être associé avec l’un de ses partenaires d’entraînement en Floride, un certain Tiger Woods.

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