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Le rugby belge vise le Mondial 2023: « C’est atteignable, mais… »

Objectif 2023 pour les Diables noirs: le rugby belge regarde de loin la Coupe du monde au Japon mais entend se donner les moyens de participer pour la première fois au Mondial, dans quatre ans, en France.

« C’est vraiment atteignable et réaliste », lance le président de la Fédération Salvatore Zandona. « Mais il y a beaucoup de choses à mettre en place pour y arriver », nuance l’entraîneur français des Diables noirs, Guillaume Ajac.

D’abord sur le plan sportif. Avec 12.800 licenciés en club recensés par la Fédération à l’issue de la saison 2018-2019, le rugby est largement distancé par d’autres disciplines collectives comme le football ou le hockey sur gazon, qui a franchi la barre des 50.000 affiliés en septembre.

Difficulté supplémentaire, l’ancrage territorial du rugby est très inégal. Avec environ 2/3 de licenciés wallons pour 1/3 de flamands, c’est un des rares sports davantage pratiqué au sud qu’au nord du royaume.

« Les Belges francophones regardent la télévision française, où le rugby est davantage diffusé », d’où sa meilleure implantation chez ces derniers, explique Mathias Rondou, directeur de Rugby Vlaanderen.

La ligue régionale flamande a d’ailleurs profité de la Coupe du monde au Japon pour lancer une campagne de sensibilisation et de recrutement à destination des néerlandophones de Belgique.

Quelque 3.000 à 4.500 supporters viennent déjà soutenir les Diables noirs lors de leurs matches en Rugby Europe Championship (REC).

Présent depuis 2017 dans ce « Tournoi des Six Nations B », le XV belge a systématiquement assuré son maintien dans l’antichambre de l’élite, à défaut de jouer la victoire. Et derrière la Géorgie, équipe ultradominante du REC, la compétition semble ouverte dans l’optique de 2023.

« On est capable d’accrocher des nations dans cette division, puisqu’on a battu l’Espagne, l’Allemagne, le Portugal », confirme Guillaume Ajac. « Mais ça reste des faits d’armes ponctuels, il faut qu’on gagne en continuité ».

Professionnaliser et financer

Une régularité qui passera inévitablement par la professionnalisation, dans ce XV qui compte aussi bien des joueurs de métier que des semi-professionnels et des amateurs.

Pour l’instant, Guillaume Ajac estime que 30 à 40% de l’effectif national gagne sa vie grâce au rugby. Reste à convaincre les clubs qui emploient ces joueurs professionnels de les libérer pour les matchs internationaux.

« Le club va dire au joueur qu’il peut y aller, mais quand il revient », sa place dans l’équipe n’est pas garantie, déplore M. Zandona. « Il faut éviter ce genre de chantage et de petit jeu ».

Pour y parvenir, le défi est aussi financier. Avec un budget annuel de l’ordre de 850.000 euros, la Fédération peine à rivaliser avec la Géorgie, qui consacre 7 millions d’euros à sa seule équipe nationale, les Lelos, selon le président de la Fédération.

« World Rugby (la fédération internationale, ndlr) nous donne de l’argent, mais pas beaucoup ». Quant au sponsoring, il reste « aléatoire et à construire ».

Et les subventions publiques? Fédéralisme belge oblige, les financements institutionnels sont attribués aux ligues régionales qui en reversent une partie à la Fédération.

A l’heure actuelle, une part conséquente du budget fédéral provient « des inscriptions au championnat et des licenciés ». Pour autant, les infrastructures du pays ont beaucoup progressé et la fédération négocie avec World Rugby pour obtenir des subsides « haute performance ».

Coup de pouce appréciable en vue de 2023, un sésame supplémentaire est attribué au continent qui accueille la Coupe du Monde.

La tenue de l’évènement en France est donc une bonne nouvelle pour les Belges, même si la Géorgie et la Russie ne devraient pas terminer troisième de leur poule respective au Japon, classement qui leur aurait offert une qualification directe pour France-2023.

Pour rejoindre l’Hexagone dans quatre ans, les Belges peuvent en tout cas compter sur leur entraîneur français. « L’objectif, ce serait d’emmener l’équipe nationale à la Coupe du Monde en France. J’aimerais m’inscrire jusqu’à la fin de ce projet », confie Guillaume Ajac.

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