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Le bulletin de Jacques Rogge

Président du CIO durant 12 ans, le Belge Jacques Rogge tire sa révérence. Bilan.

LES PLUS

1. Contrairement à la plupart de ses prédécesseurs, Rogge n’a jamais été discuté. Il a justifié son surnom de Mister Clean ou Monsieur Propre, même si on peut se demander s’il est bien normal que Pierre-Olivier Beckers, ex-président du COIB, puisse devenir membre du CIO.

2. Rogge a résolu en partie les problèmes de corruption et de politique des amis au sein du CIO, même si celui-ci reste peu transparent et si les membres qui dépassent les bornes s’en sortent parfois bien, comme le président de la fédération internationale d’athlétisme Lamine Diack ou l’ex-président de la FIFA, Joao Havelange dans l’affaire ISL.

3. La tolérance zéro voulue par Rogge fonctionne. La lutte contre le dopage s’intensifie et est plus ciblée, grâce à la collaboration pro-active avec l’agence mondiale antidopage (WADA), de meilleurs horaires de contrôle et une meilleure collaboration avec la police et la justice. Cette tendance favorise l’égalité des chances.

4. L’indépendance financière du CIO a été renforcée de façon draconienne grâce à une augmentation des revenus publicitaires et des droits de télévision. Le CIO affirme répartir plus de 90 % de cet argent entre les fédérations et les comités olympiques nationaux.

5. Les réformes des jurys pendant les compétitions olympiques et les procédures de désignation des villes organisatrices ont renforcé la crédibilité du CIO.

6. La présence de dames dans les organes de direction du CIO a augmenté et presque tous les pays islamiques ont laissé au moins une femme prendre part aux Jeux Olympiques d’été.

7. Le programme des Jeux Olympiques d’hiver a été solidement revu. On a valorisé les nouvelles disciplines spectaculaires qui plaisent aux jeunes.

8. L’organisation interne du CIO a été renforcée grâce à une meilleure communication et coordination entre les commissions et à un dégraissage financier.

9. A terme, les Jeux Olympiques de la Jeunesse, un des chevaux de bataille de Rogge qui les voit comme un événement non seulement sportif mais aussi culturel et éducatif, rapporteront plus d’argent et de notoriété au CIO. On peut aussi espérer qu’ils inciteront davantage de jeunes à faire du sport.

LES MOINS

1. Le CIO n’est pas démocratique. Personne n’a le droit de le contrôler et encore moins de le sanctionner. Les règles concernant l’éligibilité de ses membres (plus de cent) ne sont pas claires. Quand on sait qu’en pratique, c’est cet organisme qui régit le sport, on peut se poser des questions.

2. Le CIO opte pour une diplomatie tranquille afin d’améliorer les droits de l’homme lorsqu’elle organise les JO dans des pays peu démocratiques comme la Chine ou la Russie. Elle défend toujours la déclaration universelle des Droits de l’Homme mais reste à la merci du chantage de ces régimes qui n’hésitent pas à utiliser les Jeux à des fins politiques.

3. Les Jeux Olympiques d’été -et certainement aussi ceux d’hiver- continuent à coûter cher, à détruire l’environnement et à obliger les organisateurs à dépenser des sommes folles pour des infrastructures qui, souvent, ne sont plus utilisées par la suite.

4. Le dopage en cyclisme a certes diminué mais en athlétisme et dans d’autres sports, la bulle risque d’exploser.

5. Il semble logique de vouloir attendre que les jeunes aient 18 ans avant de les encourager à quitter l’école. Il faut également empêcher qu’ils s’entraînent trop dur lorsqu’ils sont jeunes, pour ne pas parler du dopage. Rogge, lui, a fait l’inverse en organisant des Jeux Olympiques de la Jeunesse. Les jeunes vont donc vouloir gagner des médailles de plus en plus tôt, avec les conséquences que cela peut avoir.

6. Suite à un accord du passé et auquel Rogge est étranger, le comité olympique américain touche beaucoup d’argent sur certains deals commerciaux. Rogge estime que c’est scandaleux mais il n’a réussi qu’à grand-peine à ce que les Américains se montrent légèrement moins gourmands.

7. On a déjà interdit à certains pays de participer à certaines disciplines olympiques en raison de leur nombre de dopés. Mais Rogge aurait pu établir des critères afin d’annuler la course cycliste olympique individuelle, parce qu’il y a justement trop de dopés dans le peloton. Il aurait également pu le faire pour certaines épreuves d’athlétisme, dont le 100 mètres.

8. Rogge affirme que le drame financier vécu par les Grecs n’a rien à voir avec l’organisation des Jeux Olympiques d’Athènes en 2004 mais qui le croit? Quel genre de pays peut encore se payer les J.O.?

9. Le gigantisme des Jeux Olympiques d’été est plus ou moins contrôlé avec environ 10.500 athlètes, 26 sports et 300 épreuves. A son arrivée, Rogge estimait que les Jeux étaient devenus trop grands, trop chers et trop compliqués.

Par Frank Van Den Kinkel

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