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« L’athlétisme doit évoluer et devenir plus fun pour attirer les jeunes »

Présent dans le monde de l’athlétisme d’abord comme athlète et depuis plus d’une dizaine d’année comme entraîneur de haut niveau, Jacques Borlée n’est jamais à court d’idées quand il s’agit d’évoquer le sport olympique N.1 et son avenir.

L’athlétisme, qui organise la 16e édition de son championnat du monde jusqu’à dimanche à Londres, traverse une crise sans précédent. Corruption de ses anciens dirigeants, dopage à grande échelle des athlètes, calendrier incompréhensible, invisibilité médiatique des principaux meetings pour le grand public et désormais retraite de sa plus grande icône du siècle (Usain Bolt).

« Il est plus que temps que l’athlétisme évolue, sorte de sa manière de fonctionner et soit beaucoup plus fun », lance d’emblée celui qui a été élu à deux reprises entraîneur belge de l’année 2011 et 2012 (tous sports confondus) et entraîneur européen d’athlétisme en 2011.

« On est avec les plus belles filles du monde qui concourent. On est zéro en marketing. Il y beaucoup trop d’espace entre les courses. Il n’y pas de dynamique », constate notamment Jacques Borlée.

Il ne manque pas d’idées pour changer les choses.

« On ne peut pas disputer en même temps un saut à la perche et un saut en longueur. Il faut une fois la perche, une fois la longueur. Il faut mettre les sautoirs dans le sol pour donner la perspective. Il faut par contre sortir les sautoirs de longueur et de triple saut, les mettre à un mètre, un mètre cinquante de hauteur. Il faut dans ce qui est lancers mettre un système qui est transparent (pour les cages actuellement grillagées) parce qu’on n’y voit rien.

« Tout l’aspect résultats doit se faire par des grands panneaux en l’air et non plus au sol. Il ne doit y avoir absolument personne sur le stade, tous les officiels en souterrain. Seuls les athlètes sont dans le stade. On doit créer une sublimation avec la lumière. Au saut à la perche, l’athlète doit être suivi par une poursuite (un projecteur qui suit le déplacement de l’athlète) jusqu’aux poteaux. »

« Aujourd’hui, c’est archaïque. Le marketing pareil. Très peu de gens savaient qu’il y avait des championnats du monde. Il est plus que temps que l’athlétisme rejoigne le monde moderne avec les réseaux sociaux, avec les transmissions d’un rêve intense. »

Autre problème qui gangrène le sport de haut niveau dont l’athlétisme: le dopage.

« Derrière cela, il faut casser le dopage. Les fédérations qui ont des athlètes dopés doivent écoper d’amendes vertigineuses. Tout athlète pris avec du dopage lourd doit être suspendu dix ans avec interdiction de participer aux Jeux Olympiques et aux championnats du monde. C’est le seul moyen pour permettre à ce sport de s’en sortir. Sinon, il va continuer à s’enfoncer. »

On a déjà transmis ces idées à Sebastien Coe (le président de l’IAAF, la fédération internationale) et aux responsables du Mémorial Van Damme. « S’il y a un nouveau stade (à Bruxelles), il faut complètement modifier cela. Il faut rentrer dans l’ère moderne et amuser les gens. »

« Mettre du breakdance dans les petits meetings indoor, par exemple. Pour attirer les jeunes, il faut qu’ils viennent voir un spectacle sportif et un spectacle culturel. On doit réaliser le mélange des genres et il faut attirer les jeunes vers la beauté de l’excellence et la beauté de l’extrême. »

« Les jeunes n’arrivent pas à s’adapter à un sport qui est resté militaire et qui ne parvient pas à mettre quelque chose de jovial en place. »

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