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Hocine Soltani, un conte de fée brutalement stoppé

Atlanta, 4 août 1996, Hocine Soltani offre à l’Algérie son premier titre olympique en boxe et une carrière en conte de fée s’ouvre devant lui: huit ans plus tard, son corps est retrouvé à Marseille en état de décomposition avancée.

La carrière professionnelle de Soltani entamée en 1998 s’achevait en 2000 après seulement quatre combats pour autant de victoires dont une en Algérie. Dans la cité phocéenne où il s’était installé avec femme et enfant, le boxeur poids légers travaillait dans l’import-export de voiture vers son pays. Jusqu’au 1er mars 2002.

Ce jour-là, il avait été appelé par un homme au sujet de deux voitures qui devaient être envoyées vers l’Algérie, selon le récit de son épouse. Deux ans passent sans nouvelle. En septembre 2004, le corps du boxeur est retrouvé en état de décomposition avancée, en partie calciné. Les tests ADN confirment son identité et son corps est rapatrié en Algérie.

La personne que devait rencontrer le boxeur a été arrêtée peu de temps après avant d’être condamnée en mai 2005 à une peine de 8 ans de prison ferme pour « enlèvement suivi de la mort de la victime ».

-‘Assidu et déterminé’-

Pour les proches du champion, dont son frère et entraineur Omar, le doute et l’incrédulité ont longtemps dominé. Certains pensaient que Soltani se trouvait au Japon ou aux Etats-Unis. Son frère se souvient de ce jour sinistre et du scepticisme qui a accompagné cette nouvelle.

« J’étais à l’étranger pour encadrer un de mes boxeurs lorsque j’ai appris son décès. C’est ma mère qui a fait le voyage en France et qui a donné son ADN. Je n’arrivai pas y croire, jusqu’à ce qu’elle revienne avec un cercueil contenant les restes d’un corps censés être ceux de mon frère. J’ai eu des doutes, j’en ai parfois encore, mais il faut se faire une raison. Mon père ne s’en est pas remis il est mort quelques mois après. »

Dans la spacieuse salle aux équipements spartiates, qu’il occupe depuis 1983 à Boudouaou, celui qui fut pendant 18 ans entraîneur de l’équipe d’Algérie jusqu’en 2005 a peu à peu transformé son bureau en un musée où se côtoient gants élimés, casques usés et photos jaunies par le temps. Hocine Soltani figure en bonne place au milieu d’autres boxeurs formés par son grand frère.

« Dès qu’il en a eu l’âge, j’ai initié Hocine au noble art. C’est une école de la vie et de rigueur qui lui permettait de ne pas traîner », explique Omar Soltani. « Très vite il s’est montré assidu et déterminé. C’est ainsi que nous avons commencé à gravir les échelons, étape par étape, jusqu’à la consécration à Atlanta. »

Loin d’être une surprise, la médaille d’or confirmait un talent repéré lors des JO 1992 de Barcelone, où l’enfant de Boudouaou, alors âgé de 20 ans, avait décroché la médaille de bronze chez les 57 kg.

« Dès la fin des JO de Barcelone, l’objectif était de revenir pour gagner l’or cette fois. Pour nous, c’était un niveau encore plus élevé. Rien à voir avec les Mondiaux ou les Championnats d’Afrique où Hocine avait été à chaque fois médaillé », se remémore Omar, qui a eu une influence déterminante sur la carrière de son frère.

Le style Soltani, c’est un boxeur droitier qui combattait comme un gaucher avec une garde basse au niveau des hanches: un redoutable puncheur.

Quatorze ans après sa mort mystérieuse, le souvenir du triomphe américain, le deuxième pour l’Afrique après le Kényan Robert Napunyi Wangila en 1988, reste vicace dans la mémoire collective algérienne.

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