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Dopage: un pas en avant pour tenter d’achever la crise russe

Une équipe de l’Agence mondiale antidopage (AMA) se rendra le 28 novembre au laboratoire de contrôles de Moscou, un pas en avant, mais pas encore décisif, pour une résolution définitive de la crise avec la Russie, accusée de dopage institutionnel de 2011 à 2015.

Depuis trois ans, cette crise a mis à rude épreuve l’AMA et le mouvement sportif international, souvent incapables de parler d’une seule voix et de s’accorder sur les sanctions face à un système de triche exceptionnel.

Le 20 septembre, l’AMA a été accusée de transiger avec Moscou et de perdre son âme quand son comité exécutif a voté, lors d’une réunion aux Seychelles, pour la levée de la suspension de l’agence antidopage russe, Rusada.

Une étape cruciale pour permettre à la Russie de réintégrer de manière définitive le mouvement sportif international, mais qui ne fermait pas le chapitre de la crise. L’agence avait imposé à la Russie de lui donner accès, dans de bonnes conditions, aux données brutes des contrôles antidopage du laboratoire de Moscou pendant la période du scandale. Auparavant, les négociations avaient toujours achoppé, la Russie arguant que le labo était sous scellés pour les besoins de sa propre enquête judiciaire.

« Une délégation de l’AMA se rendra au laboratoire de Moscou le 28 novembre, avec de bons espoirs que l’équipe technique pourra terminer le travail dans les jours suivants », a annoncé le président de l’agence, Craig Reedie, lors d’une réunion du Conseil de fondation à Bakou.

– L’heure tourne –

Le directeur général de Rusada, Iouri Ganous, a jugé l’étape « très importante ». « Je sais que littéralement quelques heures avant la réunion du Conseil de fondation, des officiels russes ont contacté l’AMA », a-t-il expliqué à l’agence officielle russe TASS.

« Cela me rend optimiste, mais d’un optimisme prudent », a tempéré, auprès de l’AFP, le directeur général de l’AMA Olivier Niggli. « Si la volonté politique est là, c’est tout à fait réalisable. Je serai totalement optimiste quand j’aurai la date de la 2e mission », a-t-il ajouté.

Pour l’agence, récupérer des données en bon état du laboratoire de Moscou peut s’avérer crucial. Car si un système de dopage institutionnel, entre 2011 et 2015, a été mis au jour, peu de procédures individuelles de sanctions ont pu être ouvertes contre des sportifs russes, les enquêteurs de l’AMA n’ayant pas eu accès aux échantillons ou aux données initiales des contrôles avant toute manipulation. Dans l’un des sports les plus concernés par le scandale, l’athlétisme, la fédération internationale (IAAF) a ouvert 15 procédures disciplinaires, qui sont pendantes devant le Tribunal arbitral du sport (TAS).

Dans son chemin vers la normalité, la Russie, bannie de toute compétition internationale d’athlétisme depuis novembre 2015 — sauf des sélections d’athlètes sous drapeau neutre triés sur le volet — attend aussi une réunion du Conseil de l’IAAF, les 3-4 décembre.

L’heure tourne. L’AMA a donné jusqu’au 31 décembre à Moscou pour lui remettre les données, sous peine de nouvelles sanctions.

Lors du conseil de fondation, le président du comité de l’AMA chargé de recommander les sanctions, Jonathan Taylor, a clairement exposé que les demandes de l’instance étaient « claires », « critiques » et que tout manquement trouverait des réponses « fortes ».

« Je soutiendrai toute recommandation » de ce comité, a aussi promis le président de l’AMA, Craig Reedie.

L’AMA affiche ainsi sa fermeté, après avoir été très critiquée et s’être déchirée quand elle a levé les sanctions. Jeudi, l’ambiance était parfois encore lourde dans le grand hôtel de Bakou, sur les rives de la mer Caspienne, où se tenait le conseil de fondation. Notamment sur fond d’accusations d' »intimidations » dont aurait été victime la présidente de la commission des sportifs, Beckie Scott, lors de la session où les sanctions contre la Russie ont été levées, le 20 septembre aux Seychelles.

Dans ce contexte, l’agence a adopté des mesures pour se donner plus d’indépendance par rapport à ses deux financeurs et piliers, le mouvement olympique et les gouvernements. Ainsi, elle a mis fin, à compter de 2022, au principe de présidence tournante entre les deux camps, au profit d’un président et d’un vice-président indépendants.

Autre nouveauté, l’entrée en 2020 de deux membres indépendants, avec voix, au comité exécutif, où les gouvernements et le mouvement olympique se partagent les douze sièges actuellement.

Des réponses jugées trop timides par des acteurs de la lutte antidopage. « On a changé la dynamique du comité exécutif », estime au contraire Olivier Niggli.

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