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Des conditions idéales mais pas de médailles pour les argentins

Il ne suffit pas de posséder de la neige et des montagnes pour réussir à sortir des champions. Malgré les Andes et 19 stations de ski, très prisées des touristes, l’Argentine n’a jamais réussi à briller aux JO d’hiver, et à gagner la moindre médaille.

Un flop… Voisine du Chili, avec la Cordillère et le point culminant de la plus longue chaîne de montagnes du monde (l’Aconcagua, à 6.962 m), l’Argentine semble avoir tout ce qu’il faut pour éclore. Mais la greffe n’a pourtant jamais pris. Et si ce pays ne jure que par le football, cela ne peut pas tout expliquer.

« Il y a moins de 300.000 personnes qui vivent à moins de quatre heures de voiture d’une station de ski », tente d’expliquer à l’AFP le président de la Fédération argentine de ski et de montagne, Mariano Rodriguez Giesso.

Pas de culture ski, pas assez d’argent, pas de politique fédérale, pas vraiment de projet… Tout un agrégat de raisons qui, mises bout à bout, livrent un début d’explication de ce désamour.

Pas la culture du ski

« En ski alpin nous n’avons pas plus de 300 athlètes fédéraux, y compris avec les jeunes. Les résultats dans l’ensemble sont bons et dans quelques disciplines comme le snowboard, ils sont même excellents », assure Mariano Rodríguez Giesso. « En plus de cela, la qualité de nos sportifs s’améliore d’année en année ».

Pas encore assez toutefois pour se hisser au niveau mondial… « Il faut prendre aussi en compte que la période moyenne d’enneigement ne dépasse pas 80 jours par an », ajoute-t-il.

Du coup, le poids du ski et des sports de glisse reste totalement marginal avec seulement 600 licenciés. Un sport qui n’existe quasiment pas face au foot (600.000), mais aussi face au rugby (52.000), au hockey sur gazon (140.000) ou au basket (150.000).

« Le ski est malheureusement un sport très coûteux. Et nous n’avons pas la culture du ski comme en Europe. Pour les Européens, le ski c’est comme le football pour nous », analyse Nicol Gastaldi, skieuse alpine et porte-drapeau de la sélection argentine à Pyeongchang, déjà présente aux JO de Vancouver (2010).

« Bien sûr que le ski peut devenir un sport populaire en Argentine et rivaliser avec les grandes nations, mais c’est quelque chose qui demande du temps, du travail, et surtout, de l’argent », estime le frère de Nicol, Seba Gastaldi, lui aussi présent en Corée du Sud.

Selon lui, la tendance est d’ailleurs en train de s’inverser. « En ce moment, des gens investissent et le soutien arrive, mais il faut continuer dans cette voie pour que la qualité des skieurs s’améliore jusqu’à ce que nous nous hissions parmi les meilleurs », ajoute-t-il.

Jusqu’ici, l’Argentine n’a jamais fait mieux qu’une 16e place en slalom messieurs lors de JO de 1960 à Squaw Valley aux Etats-Unis. Lors des derniers JO à Sotchi, Macarena Simari Mirkner a accroché la 20e place en combiné… Pourtant, depuis 1948, les Argentins n’ont manqué qu’une seule édition en 1956 à Cortina D’Ampezzo.

Trop loin de Buenos Aires

Pour Steven Williams, qualifié pour le snowboard à Pyeongchang, il manque tout simplement un centre d’entraînement à proximité de la capitale Buenos Aires.

« Nous avons besoin d’un centre de ski près de Buenos Aires, cela attirerait plus d’amateurs. Les prix sont encore un peu trop élevés ce qui fait que tout le monde ne peut skier ou profiter de la neige. De bons résultats aideraient beaucoup mais ne changeraient pas profondément la donne », juge-t-il.

Un avis partagé par d’autres membres de la délégation argentine.

« Ce qui compte en Argentine c’est le football, ce n’est pas grave, mais c’est le sport le plus médiatisé qui a bénéficié du soutien le plus important pour son développement », résume Cecilia Dominguez, une fondeuse présente en Corée du Sud.

« Dans notre pays tout est centralisé à Buenos Aires et c’est une triste réalité, mais c’est comme ça (…) il n’y a aucun sport qui est pratiqué à Buenos Aires (où se situe un centre du sport haut niveau, ndlr) qui parvient à se développer au niveau international », assure-t-elle. « A l’intérieur du pays, tout est plus difficile ».

Une situation qui évoluera peut-être si l’Argentine parvient à faire mieux qu’une 16e place à Pyeongchang…

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