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Bientôt un premier homme sous les deux heures en marathon ?

Cette barrière a longtemps paru infranchissable : courir le marathon en moins de deux heures. Samedi, avec l’aide de Nike, Eliud Kipchoge va tenter de réussir cet exploit.

28 septembre 2014. Le Kenyan Dennis Kimetto s’adjuge le marathon de Berlin en 2 heures, 2 minutes et 57 secondes, un nouveau record mondial. Faire mieux semble impossible mais Nike ne partage pas cet avis. Trois mois plus tôt, dans le plus grand secret, l’équipementier avait lancé le projet Breaking 2. L’objectif ? Préparer un athlète à boucler un marathon en moins de deux heures. Après trois ans d’études et de préparation, la tentative va être réalisée samedi. Pour ça, Zersenay Tadese, Lelisa Desisa et surtout Eliud Kipchoge doivent réaliser la course parfaite.

Ces trois athlètes ont été sélectionnés avec soin, sur base de leur potentiel et de leurs performances : en 2010, Tadese a battu le record du monde en semi-marathon, Desisa a remporté à deux reprises le marathon de Boston et Kipchoge est le plus grand prodige du fond des dernières années. Au Mondial 2003, âgé de 18 ans, il avait déjà battu des monuments tels que Kenenisa Bekele et Hicham El Guerrouj sur 5.000 mètres. Plus tard, il a remporté sept de ses huit marathons, dont l’épreuve olympique de Rio. Le Kenyan, maintenant âgé de 32 ans, est déjà descendu sous les 2h05 à six reprises et a signé son meilleur chrono, 2h03’05, l’année dernière à Londres, à huit secondes seulement du record du monde.

Samedi, Kipchoge veut courir au moins trois minutes plus vite. Il pourrait même faire beaucoup mieux car sur base de la capacité théorique du corps humain, le physiologiste Mike Joyner a calculé que le meilleur chrono en marathon pouvait être de 1h57’58. Il pense ce record possible, dans des conditions météorologiques parfaites. D’après des sources bien placées qui ont assisté aux entraînements de Kipchoge, le Kenyan est  » en mesure de réussir quelque chose d’exceptionnel « . Il devrait courir 2,4 % plus vite que Kimetto quand il a battu le record du monde, soit à 21,05 km/h au lieu de 20,6 km/h.

Le champion olympique possède un atout formidable : il ne va pas courir de marathon classique en ville mais suivre un parcours improvisé sur le circuit automobile de Monza. Il ne devra donc pas prendre de virages à angle droit qui le freinent. Deuxième atout : Kipchoge et ses deux comparses sont chaussés de Zoom Vaporfly Elite, équipées d’une semelle en carbone censée améliorer l’efficacité de la foulée de 4 %, puisqu’elle fait perdre moins d’énergie. Du moins si l’on en croit Nike, qui espère évidemment vendre le plus possible de chaussures. En outre, on ne sait pas si ces chaussures sont réglementaires.

L’IAAF ne reconnaîtra de toute façon pas un éventuel record du monde, sous les deux heures ou pas. À cause du parcours mais aussi parce que plusieurs lièvres vont se relayer, en entrant et en sortant de la course. Nike et l’athlète s’en moquent. Le retour publicitaire est déjà un multiple de l’investissement requis par le projet Breaking 2 et de la somme perçue par le Kenyan pour se concentrer sur la course de samedi : 1,2 million d’euros au moins, dit-on. La date, le 6 mai, n’a pas été choisie par hasard. Ce jour-là, en 1954, le Britannique Roger Bannister est devenu le premier à courir le mile en moins de quatre minutes. 63 ans plus tard, Kipchoge va-t-il écrire une nouvelle page d’histoire ?

Par Jonas Creteur

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