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« Armstrong a été assez puni »

« Plus tu grimpes haut, plus tu peux tomber bas. Lance Armstrong en est un bon exemple » a estimé David Walsh, le journaliste irlandais qui, avec ses révélations, a été à l’origine du déclin de l’icône du cyclisme au cours de la dernière décennie.

Walsh a tenu une conférence à l’Université de Gand, jeudi soir. Il a été invité par SKA (Association des médecins sportifs et évaluateurs), le DoCoLab UGent et NADO Flanders (la ligne d’appel pour se renseigner sur le dopage en Flandres). Ces organisations ont invité Walsh, 62 ans, en Belgique en réponse à l’annonce de la venue d’Armstrong au Tour des Flandres, dimanche. L’Américain devait prononcer un discours pour la Tour of Flanders Business Academy vendredi, deux jours avant le Ronde, puis assister à la course. Pour des raisons personnelles, il a renoncé in extremis cette semaine à honorer l’invitation.

« Je comprends la décision d’inviter Armstrong et cela ne me pose aucun problème », a expliqué Walsh. « La Belgique est un pays démocratique et on peut inviter qui on veut. Lance a pris du dopage, a fait beaucoup de mauvaises choses, mais il en a aussi payé le prix fort. Aujourd’hui, Lance est un grand supporter du cyclisme. Je suis convaincu qu’il est en faveur du sport propre. J’espère que cela aurait également été son message s’il était venu en Belgique. »

Dans sa conférence, Walsh a expliqué comment, en 1999, lors de la première de ses sept victoires dans le Tour, il s’était posé de grandes questions sur la domination des Américains. « Je n’arrivais pas à croire que cet homme, qui avait survécu au cancer, pouvait dominer la course peut-être la plus difficile au monde. Je n’ai pas cru à l’histoire et j’ai décidé d’aller à contre-courant. »

Le journaliste du Sunday Times s’est accroché dans cette affaire et, à la fureur d’Armstrong, a recueilli une série de témoignages de personnes qui avaient travaillé en étroite collaboration avec le champion cycliste. Le travail titanesque a débouché en 2004 sur le livre « LA Confidential », qu’il a écrit avec un collègue français. Deux autres livres suivront plus tard. Armstrong a finalement été suspendu à vie par l’agence antidopage américaine en 2012 et a été privé de ses victoires dans le Tour de France. Il a également fait une confession publique à Oprah Winfrey. Aujourd’hui, il risque encore de devoir payer des millions de dollars de dédommagement.

« Je crois qu’il a été suffisamment puni », a dit Walsh. « Il a reçu les coups les plus durs dans une histoire où beaucoup de gens ont fait des erreurs. Mais Lance est aussi celui qui a pu profiter le plus du succès. Plus tu grimpes haut, plus tu peux tomber bas. Lance Armstrong en est un bon exemple. »

Walsh n’a pas été en contact avec Armstrong depuis de nombreuses années. « Non, pendant sa confession avec Oprah Winfrey, il a dit qu’il s’excuserait auprès de moi. Mais j’attends toujours. Je savais que c’était un mensonge quand il a dit ça. Et j’ai eu raison. »

« Il est dommageable pour le sport que Froome continue de courir »

En 2013, le journaliste irlandais David Walsh, l’homme qui a révélé le dopage de l’Américain Lance Armstrong, a suivi pendant trois mois l’équipe cycliste Sky de manière intensive. Il avait conclu que la formation britannique agissait de manière propre. Aujourd’hui, Walsh se sent trompé par Sky, bien qu’il reconnaisse sa propre faute.

« Mon erreur a été d’avoir des préjugés quand j’ai commencé mon travail. Je pensais vraiment que Sky était propre. Mais si j’avais su à l’époque que Bradley Wiggins avait obtenu une AUT (autorisation d’utilisation de produits interdits à des fins thérapeutiques, ndlr) quatre jours avant le début du Tour de France 2012 (qu’il a remporté, ndlr), je n’aurais jamais commencé », a déclaré David Walsh lors d’une conférence à l’Université de Gand, jeudi soir.

« Wiggins n’avait pas du tout besoin de cette AUT pour un corticoïde aussi fort », a souligné Walsh. « Il n’y avait que quatre personnes dans l’équipe qui étaient au courant. Lui-même, le manager Dave Brailsford, le médecin de l’équipe et le coach de l’équipe. Personne d’autre n’avait le droit de savoir. Mais cela n’enlève rien au fait que j’aurais dû être plus critique. »

Contrairement à Armstrong, Wiggins figure toujours au palmarès du Tour de France. « Il devrait y avoir une croix derrière son nom disant que Wiggins a obtenu une AUT si controversée avant le départ du Tour. Ce serait plus correct », pense Walsh.

Walsh ne comprend pas que Chris Froome puisse courir encore aujourd’hui, alors que des valeurs de salbutamol beaucoup trop élevées ont été constatées lors de la dernière Vuelta. « Froome dit qu’il est innocent, mais aucun médecin ne peut expliquer la situation. Tout le monde s’attend à ce qu’il soit suspendu et, franchement, je le pense aussi. C’est une erreur qu’il continue à courir. Partout où il va, il apporte avec lui des soupçons. C’est dommageable pour le sport. »

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