© GETTY

Les lois d’arteta

Avec la barre des cent matches tout juste franchie à la tête des Gunners, Mikel Arteta a pris le temps de transformer la plus jeune équipe de Premier League en une redoutable machine à gagner. Plongée dans les chiffres d’une minutieuse révolution.

Tracés à la hâte et au marqueur sur le paperboard, un cœur et un cerveau se tiennent la main. La scène semble tout droit sortie d’une classe de maternelle. Elle se déroule pourtant dans le vestiaire d’Arsenal, où le noyau le plus jeune de la Premier League écoute silencieusement le discours de Mikel Arteta. Ancien maître à jouer de la maison, parti pour Manchester pour y devenir l’adjoint de Pep Guardiola, le Basque est revenu à l’Emirates Stadium pour tenter de redresser la destinée d’un club qui peinait à jouer les premiers rôles depuis son départ de la mythique enceinte d’Highbury. Après de longs mois de doutes, de secousses populaires et de joies éphémères, le train londonien semble désormais sur les bons rails. Ceux qui paraissent mener à un titre de champion d’Angleterre, 19 ans après l’épopée des Invincibles.

Dans le registre du jeu dominant, Arsenal est la meilleure équipe de Premier League, malgré la présence de Manchester City.

Comme sur le dessin de Mikel Arteta, ces Gunners semblent jouer avec le cœur et le cerveau. Pep Guardiola ne cesse de souligner leur enthousiasme, les chiffres se chargent de valider l’approche mise en place par son ancien adjoint. Par rapport à la saison dernière, conclue à deux points de cette quatrième place synonyme de Ligue des Champions, les Londoniens se sont améliorés dans tous les secteurs du jeu, ou presque. Des expected goals offensifs passés de 1,7 à deux par rencontre, pendant que les xG concédés chutaient de 1,24 à 0,86 par tranche de nonante minutes, d’abord ; un pressing devenu le plus performant de l’élite anglaise, ensuite ; une différence entre les ballons joués dans la surface adverse et ceux concédés dans leur zone de vérité qui ne fait que grimper, enfin, passant de +5,26 à +15,3 par match en l’espace de deux saisons. Les progrès sont tels qu’un coup d’œil dans le rétroviseur donnerait presque le vertige.

© belga

En pleine confiance quant à leur jeu de possession, eux qui naviguent désormais à une moyenne de 58% du temps passé avec le ballon, les Gunners ont peaufiné leur maîtrise du jeu dominant. Après vingt matches, ils avaient déjà inscrit trois buts de plus sur jeu dominant placé (28) que la saison dernière (25). Une performance réalisée alors que Bukayo Saka et ses équipiers recourent assez rarement au centre classique, pourtant monnaie courante sur les prés anglais. Dans le registre du jeu dominant, l’équipe est tout simplement la meilleure de la Ligue, malgré la présence de Citizens qui font office de référence mondiale en la matière depuis plusieurs années.

À l’autre bout du terrain, surtout, la charnière défensive désormais complétée par l’excellent William Saliba a permis aux pensionnaires de l’Emirates de faire des progrès gigantesques dans la protection des filets d’Aaron Ramsdale. Deuxième meilleure défense de Premier League derrière la muraille blanche et noire de Newcastle, Arsenal a mis en place une possession qui protège ses arrières des reconversions adverses (seulement trois buts encaissés sur jeu direct, contre dix la saison dernière), mais qui éloigne surtout les rivaux de ses cages. À la moitié du championnat, les Gunners n’ont ainsi encaissé que deux buts sur jeu dominant placé adverse (trois de mieux que Newcastle, plus proche poursuivant en la matière), et deux autres sur une phase arrêtée. Dans un club où le football prôné par Arsène Wenger rendait souvent la surface défensive friable, il n’y a donc pas que dans le sens du spectacle que Mikel Arteta a réussi sa révolution. En chevronné de la Premier League, qu’il a côtoyée de près pendant environ 400 matches en tant que joueur ou que manager, le Basque connaît à merveille les lois du milieu. Notamment celles qui disent que depuis six saisons, la meilleure défense du championnat finit toujours sur l’une des deux premières marches du podium, et que le champion se classe toujours parmi les deux meilleures arrière-gardes du championnat.

Vision du jeu

Vision du Jeu, c’est une analyse de données pertinentes basée sur le décorticage de plus de 250.000 buts, permettant de déchiffrer le modèle de jeu de chaque club, d’identifier avec certitude les forces et les faiblesses de chacun, au service de tous les acteurs et observateurs du football.

Dans le cadre de notre partenariat, Vision du Jeu nous fournit un soutien statistique et analytique, via son créateur Christian Schaekels, qui nous permet de confirmer ou d’infirmer nos observations de terrain, dans un échange permanent entre les chiffres et le jeu.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire