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«Les Jeux Olympiques ne seront plus jamais les mêmes» : les 50 ans du massacre de Munich

«Les Jeux Olympiques ne seront plus jamais les mêmes»: c’était la conclusion évidente après le massacre de Munich, la prise d’otages qui a fait onze victimes parmi les athlètes et officiels israéliens, en septembre 1972. Un demi-siècle plus tard, cet événement reste aussi incompréhensible que dramatique.

«L’ambiance fait plus penser à Hansel et Gretel qu’à Hitler et Göring»: c’est la description d’un journaliste américain après la première semaine de compétition aux Jeux de Munich. Pour lui, on a plus l’impression de se retrouver dans un conte merveilleux que sur une scène de guerre. Ces Jeux sont censés évacuer définitivement le traumatisme des JO nazis de 1936 et les souvenirs du deuxième conflit mondial. On nous a promis des Jeux heureux dans une Allemagne de l’Ouest démocratique, moderne, pacifique et florissante.

Les 80.000 spectateurs du stade olympique commencent déjà leur Oktoberfest. Sans penser une seule seconde au drame qui se prépare.

La sécurité est réduite à son plus strict minimum. Les gardes du village olympique sont juste équipés d’une veste bleue, d’une chemise blanche, d’un short, d’une casquette et d’un talkie-walkie. Ils ne sont pas armés. Malgré les 26 scénarios possibles d’actes terroristes énumérés par un psychologue, Georg Sieber. Il a notamment tenu compte d’une attaque par des terroristes palestiniens sur la délégation israélienne, et aussi d’une prise d’otages. Mais personne ne l’a vraiment pris au sérieux. On a entendu cette remarque: «On n’est pas dans un camp de concentration.»

Les athlètes belges constatent eux aussi que ce sont des Jeux portes ouvertes. Herman Mignon, inscrit sur le 800 mètres, explique que des supporters ont pu lui rendre visite dans le village olympique, sans aucun souci. Et le coach du jeune nageur François De Ley, qui loge dans un camping parce qu’il n’a pas reçu d’accréditation, réussit à côtoyer facilement son poulain. Les premiers jours s’apparentent effectivement à une grande fête, avec quelques prestations de haut vol. La gymnaste biélorusse Olga Korbut, âgée de seulement 17 ans, fait sensation par son charisme, son salto arrière sur la poutre et son style élégant. Le nageur Mark Spitz fait encore plus fort avec sept médailles d’or. Et le jour où ce juif américain remporte son dernier titre, le lundi 4 septembre, la jeune Allemande de l’Ouest Ulrike Mayfarth, âgée d’à peine seize ans, est la meilleure sur le saut en longueur. Les 80.000 spectateurs du stade olympique commencent déjà leur Oktoberfest. Sans penser une seule seconde au drame qui se prépare.

Ça ressemble à une rentrée de guindaille

Sur le coup de quatre heures et demie du matin, quelques techniciens ne se posent pas de questions quand huit personnes, avec une tenue d’entraînement, passent au-dessus d’une clôture et pénètrent dans le village olympique. Ils pensent que ce sont des athlètes qui reviennent d’une bonne sortie. Les huit hommes sont d’ailleurs aidés par de vrais athlètes qui, eux, sont vraiment allés en guindaille. Les techniciens rigolent et ne déclenchent évidemment pas l’alarme. Rien de tout ça. Ce sont des membres du groupe terroriste palestinien Septembre Noir qui viennent de s’emparer du village.

Leurs sacs sont remplis d’armes et de grenades. Ils se dirigent vers l’immeuble où logent les athlètes et officiels israéliens. Un bâtiment «trop isolé du reste du village et pas sécurisé», pour reprendre l’avertissement du chef de délégation Shmuel Lalkin aux autorités ouest-allemandes. Celles-ci ont promis une protection supplémentaire mais elle n’est jamais venue.

Un informateur palestinien basé à Beyrouth a pourtant prévenu d’un «incident» avant les Jeux. Le ministère allemand des Affaires étrangères a transmis l’information aux services secrets et demandé de renforcer la sécurité. Mais rien n’a été fait. Selon les services de renseignements israéliens, un commando arabe est aussi entré en Allemagne, via la Scandinavie, dans le but de monter une attaque. Il est question de l’envoi de lettres et colis piégés aux athlètes israéliens. Ils ont dès lors reçu l’interdiction d’ouvrir tout courrier, pas même à l’occasion du Nouvel An juif, le 8 septembre.

Sieber a donc prévu le scénario d’une entrée de terroristes sur le site du village olympique, mais on le considère comme purement théorique. Il devient réalité lorsque les huit membres du commando entrent dans le bâtiment occupé par la délégation israélienne. Ils font du bruit et réveillent Yossef Gutfreund, un arbitre de lutte. En voyant les hommes masqués et armés, il jette ses 135 kilos contre la porte et hurle pour réveiller ses collègues, éméchés. Celui qui partage sa chambre, Tuvia Sokolovsky, saute pieds nus et en pyjama à travers la vitre explosée. Des balles le frôlent, mais il parvient à s’échapper.

La presse est présente en masse lors la prise d'otages. La télévision allemande annoncera d'ailleurs d'abord que tous ont été libérés.
La presse est présente en masse lors la prise d’otages. La télévision allemande annoncera d’ailleurs d’abord que tous ont été libérés.

Gutfreund ne peut pas contenir les terroristes bien longtemps. Le coach de lutte Moshe Weinberg essaie lui aussi de s’interposer et une balle lui transperce la mâchoire. Les assaillants l’obligent à les conduire vers l’appartement suivant. Il les mène vers l’immeuble où logent les haltérophiles et les lutteurs. Il espère que ces castards seront en mesure de se défendre. Mais ils sont surpris dans leur sommeil et pris en otages.

Weinberg ne lâche pas l’affaire. Il frappe violemment l’un des terroristes au visage et en blesse un autre avec un couteau à fruit. Le lutteur Gad Tsobari parvient à s’échapper via un parking souterrain. Weinberg prend finalement une balle dans la poitrine et décède. De retour dans l’appartement des coaches, le lutteur Yossef Romano tente de maîtriser un assaillant. En vain. Il est lui aussi abattu. Les preneurs d’otages tiennent désormais en joue neuf Israéliens (cinq officiels et quatre athlètes), et leur font comprendre qu’ils n’ont pas intérêt à bouger.

Un athlète exécuté toutes les heures

Shaul Ladany, médecin dans la vie et inscrit à l’épreuve de marche dans ces Jeux, un homme qui a survécu au camp de concentration de Bergen – Belsen quand il était gamin, s’est entre-temps enfui du deuxième appartement, suivi par quatre autres athlètes, par le chef de délégation et par deux docteurs qui avaient d’abord réussi à se cacher. Il saute du deuxième étage et se rend dans le bâtiment des Américains, où il réveille le coach d’athlétisme Bill Bowerman. Celui prévient la police.

Manfred Schreiber, le chef de la police de Munich, fait encercler les appartements de la délégation israélienne. Juste après, les membres de Septembre Noir font connaître leurs revendications, au moyen de deux petits papiers qu’ils lancent à un policier. Israël doit libérer 234 prisonniers palestiniens. Et l’Allemagne doit laisser sortir Andreas Baader et Ulrike Meinhof, les leaders de l’organisation terroriste d’extrême gauche Rote Armee Fraktion.

Deadline: 9 heures. Après cela, un otage sera exécuté toutes les heures, jusqu’au moment où les revendications du commando auront été rencontrées. Pendant que les médias allemands commencent à relayer les événements, une réunion de crise se tient au quartier-général du village olympique. Il n’y a aucun représentant de l’armée allemande parce que celle-ci n’a plus l’autorisation d’opérer sur le territoire en temps de paix. À la table, il y a le chef de la police Manfred Schreiber, le bourgmestre du village olympique Walter Tröger, le ministre bavarois de l’Intérieur Bruno Merk et le ministre ouest-allemand de l’Intérieur Hans-Dietrich Genscher, arrivé dare-dare de Bonn. Très vite, ils reçoivent un message clair de la Première ministre israélienne, Golda Meïr: elle ne négociera pas avec les terroristes. Elle propose d’envoyer une unité anti-terroriste, mais son offre est rejetée.

Un sondage révèle que 90% des Allemands interrogés sont favorables à une reprise des compétitions.

Un quart d’heure avant la deadline, Scrhreiber, Tröger et A.D. Touny, un membre égyptien du Comité International Olympique, essaient de gagner du temps. Touny, avec ses origines arabes, doit gagner la confiance des terroristes. Il leur signale que les gouvernements israélien et ouest-allemand sont en pleines négociations. Issa, un des terroristes, le visage peint en noir, habillé en tenue de safari, avec un chapeau et des lunettes de soleil, répète les revendications. Il tient une grenade dans une main. «Si vous me touchez, tout le monde explose.» Il accepte de repousser la deadline à 12 heures.

Des policiers armés tentent de pénétrer par le toit dans l'immeuble où les Israéliens sont retenus en otage.
Des policiers armés tentent de pénétrer par le toit dans l’immeuble où les Israéliens sont retenus en otage. © Belga

Entre-temps, les athlètes casernés au village olympique ont appris la prise d’otages. Mais pour eux, comme pour le reste du monde, tout est encore assez flou. Les athlètes belges, logés juste en face de l’appartement des Israéliens, voient depuis leur balcon des Palestiniens masqués qui patrouillent.

Les athlètes qui n’ont pas de compétition ce jour-là sont priés de rester à l’intérieur. Pour les autres, les Jeux continuent. À la télé, on alterne les images d’un match de volley entre l’Allemagne de l’Ouest et le Japon, du concours de dressage et de la prise d’otages. À 16 heures seulement, Willy Daume, le président du comité d’organisation, suspend les compétitions.

Des membres du commando ont travaillé pour l’organisation des Jeux

Grâce notamment à l’intervention de l’ambassadeur tunisien Mahmoud Mestiri, les Allemands sont parvenus à reculer plusieurs fois la deadline. À 13, 15 puis 17 heures. Mais à vingt minutes de la fin de ce troisième report, Issa, Luttif Afif de son vrai nom, lance qu’il ne va pas se laisser marcher sur les pieds. Il s’exprime dans un très bon allemand. Il a étudié dans ce pays et épousé une Allemande. Avec un autre membre du commando, Yussuf Nazzal, il a même travaillé comme homme d’entretien sur le site du village avant le début des Jeux. La meilleure façon de faire du repérage.

Issa exprime deux nouvelles exigences: lui et ses acolytes veulent filer au Caire. Il demande que deux avions soient prêts à décoller dans l’heure. Le chef de la police et les autres négociateurs sont désespérés parce que les autorités israéliennes ne veulent toujours rien entendre. Ils proposent de l’argent aux terroristes. Genscher propose, lui, de prendre la place des otages. Sans résultat. Les négociateurs allemands acceptent finalement de préparer un avion, qui décollera à 19 heures. À une condition: ils veulent voir les otages. Genscher et Tröger reçoivent l’autorisation d’entrer dans le bâtiment. Ils découvrent des murs couverts de sang et d’impacts de balles, le corps de l’haltérophile Yossef Romano et l’arbitre de lutte Yossef Gutfreund, attaché, comme les huit autres otages.

Genscher et Tröger ne croient pas ce qu’ils voient. Avec le chef de la police, ils décident de tenter une opération de libération. Des policiers doivent s’introduire dans le bâtiment par le toit. Ils parviennent à s’y infiltrer via une grille de ventilation et attendent les ordres pour intervenir. Issa a compris le manège, il sort et menace d’exécuter deux otages si les policiers ne quittent pas le bâtiment. Il a vu les images de leur arrivée à la télé! Genscher et les autres ne se sont pas fait la réflexion que la scène de crime était filmée et retransmise en direct depuis plusieurs heures. Une erreur monumentale. Mais il va y en avoir d’autres, plus frappantes encore.

L'hélicoptère où se trouvaient les otages est parti en fumée.
L’hélicoptère où se trouvaient les otages est parti en fumée. © belga

Erreur sur erreur

Les négociateurs allemands veulent éviter à tout prix un départ au Caire. Ils pensent que si les otages montent dans cet avion, ils seront condamnés à mort. Avery Brundage, le président du CIO, est clair lui aussi: hors de question. Ils disent à Issa que deux hélicoptères vont emmener les membres du commando et les neuf otages israéliens à l’aéroport militaire de Fürstenfeldbruck, au nord-ouest de Munich. Et qu’un Boeing 727 sera prêt sur cette piste. Mais ils n’ont pas du tout l’intention de faire décoller cet avion. Ils échafaudent d’autres plans.

Il y a un plan A: libérer les otages dès qu’ils quitteront l’appartement par le parking souterrain pour aller vers les hélicos. Mais il est vite abandonné car Issa exige que tout le monde monte dans un bus. Ça se passe comme ça et les acteurs partent à 22 heures vers l’aéroport militaire, accompagnés par un hélicoptère de la police.

Le plan B doit être exécuté à l’aéroport. Des policiers, habillés en personnel de la Lufthansa, doivent essayer de maîtriser les preneurs d’otages lors de l’embarquement. Mais ils craignent que ça se passe mal et ils laissent finalement tomber. Le plan C est le dernier espoir. Il prévoit que des tireurs d’élite éliminent les terroristes. Mais là aussi, ça foire parce que cinq tireurs seulement sont prévus alors que le commando compte huit personnes. Depuis le début de la journée, les autorités allemandes pensaient qu’il n’y en avait que cinq. De plus, les tireurs se marchent sur les pieds parce que les hélicoptères n’ont pas atterri exactement à l’endroit prévu. Et ils n’ont pas les armes adéquates pour tirer de loin, pas de talkie-walkie, pas de lunettes infrarouge et pas de gilet pare-balles.

La télé allemande informe que tous les terroristes ont été tués, et tous les otages libérés. Il n’en est rien.

Zvi Zamir, le patron des services de renseignements israéliens qui est arrivé à Munich, se trouve dans la tour de contrôle en compagnie du ministre Genscher. Son regard en dit long. Il a compris que ça allait mal se terminer. Issa et Yusuf Nazzal viennent d’aller inspecter l’avion et ont compris qu’on leur tendait une embuscade. Ils font demi-tour. À ce moment-là, les tireurs d’élite passent à l’ action. Trop vite. Et ils ne sont pas précis. Deux Palestiniens seulement sont touchés. Un échange de tirs commence alors, ça part dans tous les sens. Zamir n’en revient pas de voir un tel amateurisme. Avec l’expert en terrorisme Victor Cohen, il monte sur le toit de la tour, prend le porte-voix et hurle en arabe, à destination des preneurs d’otages: «Arrêtez vos tirs. L’avion est là, comme vous l’avez demandé.» Les terroristes répondent en décochant de nouvelles salves.

Quatre blindés de la police arrivent enfin sur le coup de minuit, après une bonne heure d’échange de tirs. Ils étaient bloqués dans le trafic autour de l’aéroport, où de nombreux curieux s’étaient rassemblés. Les membres de Septembre Noir commencent à paniquer. L’un d’eux (probablement Issa) tire de près sur les quatre otages qui se trouvent dans l’un des hélicoptères, dégoupille une grenade et la lance dedans. L’hélico prend feu, avec les otages à l’intérieur. Un autre terroriste canarde l’autre hélicoptère où se trouvent les cinq autres otages. Leurs cris s’entendent jusque dans les bâtiments de l’aéroport. Dans les tirs qui suivent, cinq terroristes et un policier allemand sont abattus. Trois Palestiniens survivent. Un autre, Yussuf Nazzal, s’échappe mais est vite rattrapé et tué.

Six des douze victimes (de haut en bas, de gauche à droite): Moshe Weinberg, Kehat Schur, Yakov Springer, Yossef Gutfreund, Eliezer Halfin, Amitzur Shapira.
Six des douze victimes (de haut en bas, de gauche à droite): Moshe Weinberg, Kehat Schur, Yakov Springer, Yossef Gutfreund, Eliezer Halfin, Amitzur Shapira.

Communication désastreuse

Curieusement, il n’y a pas de communication autour de l’issue de cette prise d’otages. Dans le hall d’entrée de l’aéroport, personne ne sait rien. Un spectateur, avec sa casquette officielle des Jeux, répand même la rumeur que les otages ont été libérés. L’agence de presse Reuters diffuse la «bonne nouvelle.» Le journal Münchner Merkur publie une édition spéciale en relatant le déroulé de l’opération de sauvetage réussie. La télé allemande informe aussi que tous les terroristes ont été tués, et tous les otages libérés. Malgré des rumeurs contradictoires, les autorités allemandes et le Comité International Olympique diffusent les mêmes informations.

Le monde entier pense que la prise d’otages s’est finalement bien terminée. Dont la Première ministre israélienne qui porte un toast à cette issue positive. Jusqu’au moment où l’agent secret Zvi Zamir lui téléphone, sur le coup de trois heures du matin: «J’ai de très mauvaises nouvelles. Je reviens de l’aéroport. Tous les Israéliens ont été tués.» Golda Meïr ne le croit pas. Il confirme: «Je l’ai vu de mes propres yeux.»

Un peu plus tard, le ministre bavarois de l’Intérieur donne la même version à la presse. Après s’être longuement épanché sur les difficultés de l’opération, il reconnaît que tous les Israéliens ont perdu la vie. La police allemande va soutenir, pendant une journée, que le premier coup de feu a été donné par un des preneurs d’otages. Le sujet est délicat et important. Un an plus tôt, une prise d’otages dans une banque s’est mal terminée. Une otage allemande avait été tuée parce que la police avait fait feu trop tôt.

En Israël, la façon dont les Allemands ont géré cette affaire suscite des commentaires terriblement négatifs. Le même pays a la haine par rapport aux Palestiniens. Dans le camp de Septembre Noir, c’est l’euphorie, même si des frères ont été tués dans l’opération. Le groupe signale: «Rien n’aurait pu plus choquer le monde. Pas même une bombe à la Maison Blanche. Pas même la mort de Mao. Pas même un gigantesque tremblement de terre à Paris.»

Malgré ce drame et le bilan, arrêter les Jeux n’est pas une option. On s’en rend compte lors d’une cérémonie d’hommage le mercredi matin au stade olympique, en présence de 60.000 spectateurs et 3.000 athlètes. Même si Willy Daume, le président du comité d’organisation, affirme que «les dernières limites de l’humanité ont été franchies», lui-même n’a pas envisagé de mettre fin aux compétitions. Il faut dire que les autorités allemandes ont investi une fortune pour la mise sur pied de cette olympiade.

Daume est soutenu par le président du CIO, Avery Brudage, qui tient un discours historique: «Nous ne pouvons pas accepter qu’une poignée de terroristes détruise l’idéal olympique de paix et de fraternité. The Games must go on.» Ce millionnaire autoritaire n’a jamais voulu laisser le politique se mêler du sport. En 1936, il avait empêché les États-Unis de boycotter les Jeux d’Hitler. Il était à l’époque chef de délégation, connu pour ses positions antisémites et son soutien au mouvement isolationniste pro-allemand aux USA!

Un sondage révèle aussi que 90% des Allemands interrogés sont favorables à une reprise des compétitions. C’est aussi le cas de la majorité des athlètes, dont les Belges. Par contre, cinq athlètes néerlandais quittent définitivement le village olympique, dont Jos Hermens, qui donne son point de vue: «Si un tireur abat de nombreux invités dans une fête, vous ne mettez pas un nouveau fût en perce, vous ne continuez pas la fête. Vous rentrez à la maison.»

Pour les organisateurs et de nombreux athlètes, qui sont dans leur cocon olympique et se focalisent surtout sur leurs propres performances, c’est business as usual. Le programme des épreuves est simplement décalé d’un jour. Mais les mesures de sécurité sont évidemment renforcées. Dans le quotidien flamand Het Laatste Nieuws, le journaliste Bob Geuens fait une analyse ironique des événements: «C’est lugubre, mais les terroristes et les otages sont morts, vive les Jeux.»

C’est ainsi que Karel Lismont va encore rapporter une deuxième médaille à la Belgique, l’argent sur le marathon, après l’argent sur 10.000 mètres pour Miel Puttemans, avant le drame. Mais il n’y a évidemment plus le même enthousiasme. Les Jeux Olympiques ne seront plus jamais les mêmes. Avant la cérémonie de clôture, Israël se met à bombarder des camps de réfugiés palestiniens, affirmant que des terroristes s’y cachent probablement. Bilan: plus de 200 morts.

Colère de Dieu

Dès la fin du mois d’octobre 1972, l’Allemagne de l’Ouest libère les trois terroristes palestiniens qui sont sortis vivants du Massacre de Munich. Des membres de Septembre Noir ont détourné un avion de la Lufthansa qui faisait la liaison Damas – Francfort et réclamé la libération des trois hommes. Les autorités allemandes acceptent le deal sans vraiment négocier. Ce soir-là, Jamal Al-Gashey, AdnanAl-Gashey et Mohammed Safady atterrissent en Libye, où ils sont accueillis en héros.

Golda Meïr, la Première ministre israélienne, ne laisse pas passer ça. Elle donne mission au Mossad, ses services secrets, d’assassiner tous les membres de Septembre Noir. Les terroristes libérés, mais aussi leur patron, Ali Hassan Salameh, et le cerveau du commando de Munich, Abu Daoud.

Cette opération, baptisée «Colère de Dieu», est confiée à une unité spéciale qui ne parviendra pas tout à fait à ses fins. Hassan Salameh ne sera tué par une bombe qu’en 1979, après que le Mossad a assassiné par erreur un Marocain innocent à Lillehammer. Daoud et Jamal Al-Gashey survivront à plusieurs attaques ciblées. Le premier décédera en 2010, suite à des soucis de santé. Le second serait toujours en vie aujourd’hui.

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