© KIM DUCHATEAU

Écran total

Un peu plus de cinq ans après son arrivée dans les stades belges, la VAR n’est pas encore au bout de ses maladies de jeunesse. La preuve en souvenirs, entre problèmes de câbles, de ligne ou de hauteur des tribunes.

Le prêtage de câble, 11 mars 2018 , Eupen – Mouscron 4-0

Ce sont encore les balbutiements de la VAR, au terme de la phase classique de sa première saison. Pas encore présent dans tous les stades, il a été décidé en début de compétition que l’arbitrage avec assistance vidéo s’établirait à Eupen – Mouscron et à Malines – Waasland pour la dernière journée, deux rencontres décisives dans la lutte pour le maintien. Le problème, c’est que les techniciens arrivés au bout de la longue route vers les Cantons de l’est se rendent compte que les câbles qu’ils ont emportés pour installer la VAR ne sont pas les bons. En cas d’impossibilité de résoudre le souci, ils devront également être débranchés au Malinwa, pour garantir l’équité sportive (phrase rendue ironique par les révélations du Footgate). Tout finira par être arrangé, y compris le match entre Malines et Waasland. Même au Kehrweg, dans l’un des stades les plus clairsemés de l’élite, il y a visiblement toujours quelqu’un avec un chargeur à prêter.

Le téléphone pleure, 19 octobre 2019, Standard – KRC Genk 1-0

Battu 1-0 à Sclessin, toujours plus sous pression depuis son arrivée à Genk, Felice Mazzù l’a mauvaise. Pour lui, le but encaissé aurait dû être annulé parce que le ballon avait quitté les limites du terrain. Histoire de remettre de l’eau à son moulin, le coach carolo dégaine son téléphone, et montre une image qui laisse penser que la balle a bien franchi la ligne de touche. «Avec tous les moyens informatiques qu’on a aujourd’hui, ce n’est pas normal de laisser passer une action comme celle-là», fulmine Mazzù, qui oublie visiblement les notions de perception de l’image selon l’angle de vue. Le seul revisionnage des images défaillant, ce jour-là, c’est bel et bien le sien.

© Reuters

Changement d’adresse, 12 mai 2021,

KRC Genk – Anderlecht 1-1

Cela pourrait ressembler à l’histoire de touristes étrangers, salivant à l’idée de découvrir les charmes d’un quartier historique sur les rives de l’Escaut, mais qui font une faute de frappe à l’heure d’encoder l’adresse dans leur GPS. Elle est pourtant arrivée au chauffeur de la camionnette de la VAR, censée s’installer aux abords du stade de Genk pour une rencontre de play-offs entre le Racing local et Anderlecht. Persuadé de devoir se rendre à Gand (Gent en néerlandais), le pilote ne s’est rendu compte de son erreur qu’une fois garé sur le parking d’une Ghelamco Arena étrangement déserte. Le temps de parcourir les 150 kilomètres qui séparent ces villes pourtant distantes d’une seule petite lettre, la rencontre n’a pu démarrer qu’avec un quart d’heure de retard. Aujourd’hui, c’est depuis un local fixé au sein du centre national à Tubize que l’assistance vidéo s’opère. De quoi mettre la VAR sur le bon chemin.

La troisième dimension, 20 AOÛt 2021, Standard – KV Ostende 1-0

La scène est si marquante qu’elle a longtemps servi de photo de couverture sur Twitter à Gauthier Ganaye, contestataire d’un but qui coûte à ses Kustboys un précieux point sur la pelouse de Sclessin. Un coup franc tardif de Hugo Siquet, une remise de Denis Dragus et une finition aérienne signée Selim Amallah qui perturbe la VAR. Le Marocain semble hors-jeu à cause de l’effet d’optique, sur la ligne quand la 2D tente de quadriller la scène, en position illicite sur la ligne fantasque tracée sur l’image diffusée par Ganaye. «Pour pouvoir tracer une ligne correcte, il faut disposer d’une ligne 3D, comme en Champions League par exemple», expliquera Frank De Bleeckere dans son débriefing hebdomadaire. Malheureusement pour le CEO français des Côtiers, son KVO est alors très loin de la piste aux étoiles continentale, et la victoire tombe dans l’escarcelle du Standard grâce à une ligne 2D qui confirme le choix de l’assistant, mais n’est jamais diffusée à la télévision. La 3D débarquera, elle, dès le mois suivant. Une preuve que la Pro League apprend de ses erreurs.

On met où la ligne?, 5 février 2022, Standard – Cercle Bruges 1-1

Quand Moussa Sissako reprend victorieusement un coup franc de Mehdi Carcela au bout des arrêts de jeu, il enlève son maillot dans l’euphorie de celui qui pense offrir un précieux succès au Standard en plein cœur d’une saison cauchemardesque. Si le traditionnel carton jaune est effectif, le but ne le sera bientôt plus. Les Rouches s’offusquent, s’appuyant sur des images qui semblent leur donner raison concernant l’absence de hors-jeu, et la VAR dégaine les lignes à contre-temps. «On a l’impression que c’est un enfant de huit ans qui a tracé les traits», claque Alexandre Grosjean, alors CEO des Liégeois. L’arbitrage belge admettra par la suite que la ligne n’a pas été tracée à partir des bons points de repères. La 3D, c’est bien. Les notions de géométrie, c’est encore mieux.

Le caméraman multi-tâches, 3 avril 2022, Cercle Bruges – KAA GAND 2-2

En course avec Anderlecht pour le dernier siège en Champions Play-offs, La Gantoise trébuche contre le Cercle. Notamment à cause d’un but litigieux de Thibo Somers, probablement hors-jeu mais échappant au contrôle de la VAR à cause de l’absence d’une caméra indispensable pour réussir le calibrage idéal. En cause, le retard au poste du caméraman de MediaPro, réquisitionné à l’autre bout du terrain pour filmer l’hommage au regretté Miguel Van Damme avant la rencontre. Les quatre minutes séparant le coup d’envoi du but brugeois n’avaient pas suffi pour faire le déplacement et l’installation au poste requis pour le traçage de la ligne parfaite. Au final, le partage gantois enverra les Mauves dans le top 4.

Prendre de la hauteur, 24 juli 2022, Westerlo – Cercle Bruges 2-0

Pour son retour au sein de l’élite, Westerlo découvre les joies de l’arbitrage vidéo. Relégués au printemps 2017, les Campinois n’avaient pas encore été confrontés à la VAR depuis son apparition. C’est donc avec cinq ans de retard que la Pro League découvre que les tribunes du Kuipje posent un problème majeur pour l’installation des caméras. Placées trop bas, elles ne pouvaient pas tracer correctement la ligne du hors-jeu et démentir le juge de ligne sur le but de Lyle Foster, annulé pour une position estimée illicite. Un problème rapidement réglé en vue des rencontres suivantes, mais qui rappelle qu’au bout d’un lustre, la VAR traîne encore quelques symptômes de ses maladies de jeunesse.

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