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Arbitres, faites-vous respecter!

L’arbitrage, finalement, c’est comme notre santé. Quand tout va bien, on n’en parle pas… Mais si cette comparaison tient la route, alors notre arbitrage est en mort clinique. Il ne se passe pas un week-end sans l’une ou l’autre solide discussion sur telle et telle décision. Et depuis l’introduction de la VAR en 2017, c’est l’escalade.

Coaches et dirigeants n’épargnent pas l’arbitrage, en public. Saint-Trond a rédigé une lettre ouverte en demandant du respect après quelques décisions discutables. Des rouspétances de Wouter Vrancken lui ont valu récemment une carte rouge. «On n’y voit plus clair dans les règles», s’est justifié l’entraîneur de Genk. Pendant le match entre le leader et le Club Bruges, Lawrence Visser a été pour ainsi dire le seul homme du monde à estimer que le Brugeois Abakar Sylla ne méritait pas d’être exclu pour un tacle assassin sur Joseph Paintsil. Et la VAR n’y a pas vu de raison d’intervenir.

La Belgique a besoin, d’urgence, d’un modèle, d’un crack mondial.

C’était le 31e incident impliquant la VAR depuis l’ouverture du championnat… Difficile à expliquer. Malgré toute la bonne volonté de Frank De Bleeckere. L’homme est courageux. Chaque lundi, au nom du Professional Refereeing Department, il tente de justifier des décisions erronées. «Nous comprenons que la VAR n’ait pas demandé à l’arbitre principal d’aller voir les images parce que tous les critères techniques pour une intervention n’étaient pas réunis.» Point à la ligne. Ou l’art d’aller encore plus loin dans l’erreur.

Une communication claire est d’une importance capitale. Les patrons de l’arbitrage en sont conscients et ils ne ménagent pas leurs efforts pour trouver des solutions. Ils cherchent ainsi à rendre les explications de De Bleeckere plus accessibles. Des tests sont actuellement menés pour obtenir des gros plans plus serrés. Il est aussi question de publier instantanément les décisions de la VAR sur les smartphones des supporters ou sur un écran géant dans les stades.

Mais toutes ces initiatives ne suffiront pas. Les arbitres vidéo doivent appliquer les règles de manière conséquente, ils doivent avoir de l’autorité et de la personnalité. C’est trop rarement le cas. Il y a dix ans, en tant que journaliste, j’ai participé à un atelier dédié au langage corporel des arbitres. L’ancien sifflet britannique David Elleray – qui fut un temps le patron de l’arbitrage chez nous, mais a depuis disparu après avoir obtenu des résultats plus que mitigés – nous avait montré des images prouvant, selon lui, que nos arbitres étaient insuffisants dans le non-verbal. Je l’entends encore: «Celui qui dirige un match comme ça ne reçoit pas le respect des joueurs et des entraîneurs. Et au final, les spectateurs ne le respectent pas non plus.»

Dix ans plus tard, la situation n’a pas vraiment évolué. Au début de cette saison, le directeur de l’arbitrage, Bertrand Layec, a avoué qu’il y avait du boulot pour les arbitres belges. Il a expliqué qu’ils devaient montrer une personnalité plus affirmée, prendre des décisions de manière plus ferme et ayant davantage confiance en eux, et qu’ils devaient mieux saisir l’esprit du jeu. L’homme a clairement mis le doigt sur la plaie.

Nos arbitres manquent de personnalité et de qualité. Même dans les couloirs de l’Union Belge, personne ne le conteste. On entend ceci: «Le niveau est en recul.» Il faut remonter à 2010 pour trouver trace du dernier Belge présent à une Coupe du monde, c’était Frank De Bleeckere. La Belgique a besoin, d’urgence, d’un modèle, d’un crack mondial du niveau de De Bleeckere, Marcel Van Langenhove ou Alexis Ponnet. Plus loin dans ce magazine, les deux derniers cités ne sont pas tendres vis-à-vis de la VAR.

Il est impératif de recruter de nouveaux talents pour agrandir notre vivier. Mais qui a encore envie de se lancer dans cette activité à une époque où les joueurs et les supporters ne montrent plus aucun respect pour les arbitres, où les agressions verbales sont monnaie courante? Ce respect reviendra le jour où nos arbitres seront plus autoritaires. Ce sera un premier pas pour améliorer la santé générale de notre arbitrage.

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