Wesley Hoedt ou Hannes Delcroix, qui est le grand menacé par la venue de Jan Vertonghen ?

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Anderlecht s’est activé cette semaine pour attirer l’expérimenté défenseur central Jan Vertonghen, sur une voie de garage au Benfica. Alors que la défense bruxelloise reste sur trois prestations peu convaincantes lors du match retour contre les Young Boys Berne, l’Union Saint-Gilloise et La Gantoise, quel élément du trio défensif de Felice Mazzu est mis en danger par l’arrivée de l’homme le plus sélectionné de l’histoire en équipe nationale belge ?

Longtemps, le football a mesuré la qualité d’un défenseur à la largeur de ses épaules. C’était l’époque de ceux qu’on appelait les « stoppeurs », ces défenseurs du haut du corps qui parlaient plus souvent avec les muscles qu’avec les jambes. Une ère sublimée à l’international par John Terry, mais qui paraît désormais révolue. Les centraux modernes gèrent autant le duel que la profondeur, anticipent le contact avant de le rechercher et scannent l’espace à protéger en permanence, détachant souvent le regard de leur opposant direct pour analyser les zones où il pourrait mordre.

Tout ça, ce n’est pas vraiment le football de Wesley Hoedt. Forcément, le Néerlandais affiche donc des limites quand il est confronté à des attaquants d’espace, plutôt que d’impact. À l’aise contre un pivot qui lui imposera nonante minutes de corps-à-corps, mais presque systématiquement malmené par le sens de l’espace et le goût de la profondeur de Dante Vanzeir, comme il était chahuté l’an dernier par le dynamique Rabbi Matondo. Souvent déconnecté de l’équilibre défensif collectif, pas des plus rapides pour se retourner, le géant batave peut vite se transformer en talon d’Achille de la défense mauve quand les choses tournent mal.

Vertonghen va-t-il remet en cause son statut ?

L’arrivée de Jan Vertonghen, officialisée ce vendredi, peut-elle remettre en cause le statut du défenseur central néerlandais au Lotto Park. A moins que ce ne soit Hannes Delcroix, l’élément gaucher du trio défensif de Felice Mazzu, qui ne fasse les frais de l’arrivée du joueur le plus souvent sélectionné dans l’histoire de l’équipe nationale belge. Dans cette dernière, Roberto Martinez aligne Super Jan à gauche, laissant la position axiale à Dedryck Boyata, Jason Denayer ou Leander Dendoncker. Lorsqu’il était encore à la mode dans la capitale portugaise, Vertonghen évoluait soit à gauche de l’axe central dans une défense à 4 et à gauche quand Jorge Jésus optait pour un trident. La position la plus centrale était confiée à l’Argentin Nicolas Otamendi.

Wesley Hoedt a été à la peine contre l’Union Saint-Gilloise. (Photo by Joris Verwijst/Orange Pictures/BSR Agency/Getty Images)

Sur ce simple constat, c’est évidemment Hannes Delcroix qui serait le plus menacé par l’arrivée du joueur formé à l’Ajax. Le Belgo-Haïtien n’a pas toujours brillé depuis le début de la saison et on connaît sa fragilité physique, qui lui a valu d’être éloigné des terrains pendant de longs mois les saisons précédentes. Delcroix est cependant capable de mieux contrer un attaquant hyper mobile et plongeant dans le moindre espace qu’un Vertonghen ayant des cannes bien moins vives que par le passé et des retards allumages.

C’est pour cela que le nouveau numéro 14 pourrait être aligné dans l’axe à la place d’Hoedt. Les deux hommes sont plus à l’aise dans les corps à corps avec les attaquants peu mobiles que contre ceux qui usent de leurs courses profondes à la recherche d’espaces. Ils n’aiment tous les deux pas spécialement être sous pression, mais le Belge se sort plus facilement de ces situations grâce à sa bonne conduite de balle. A la relance, Vertonghen peut aussi apporter plus de qualité. Si Wesley Hoedt est plutôt habile dans le jeu long lorsqu’il a du champ devant lui, l’ancien défenseur de Tottenham fait preuve de plus d’audace et n’hésite pas à monter balle au pied. Une caractéristique qu’aucun des trois centraux actuels d’Anderlecht n’a spécialement. Le Sporting disposerait ainsi d’une arme intéressante pour mieux construire le jeu en se projettant plus facilement vers l’avant.

Zeno Debast, qui évolue sur le côté droit du trident défensif bruxellois semble donc le grand gagnant sur le papier. Sa place ne semble pas directement menacée étant donné le profil de gaucher de son aîné. Ce dernier pourrait aussi être un guide qui lui permettrait de continuer à progresser. Après tout, avant d’être repositionné au milieu, Marco Kana n’avait-il pas profité de l’expérience d’un certain Vincent Kompany à ses côtés ? Une époque où malgré sa taille relativement modeste pour un défenseur centrale, le numéro 55 anderlechtois avait plutôt brillé, alors qu’il patauge un peu aujourd’hui au milieu de terrain.

Delcroix devrait donc moins jouer

Dimanche contre Louvain, Super Jan a effectué sa première apparition en mauve floqué de son beau numéro 14. C’est finalement Hannes Delcoix qui a dû céder sa place à la 55e minute de jeu.

« J’ai parlé avec Jan à ce sujet. C’est à gauche qu’il se sent le mieux, il a l’habitude de ce poste en sélection. C’est aussi là qu’il peut apporter le plus à l’équipe », racontait Felice Mazzu au coup de sifflet final. « Il a suffisamment d’expérience que pour être capable de s’intégrer à une nouvelle équipe et à sa philosophie rapidement. »

Hannes Delcroix cède sa place à Jan Vertonghen à la 55e minute du match entre Anderlecht et OHL. (Photo by VIRGINIE LEFOUR/BELGA MAG/AFP via Getty Images)

« Oui, vu mon profil, je peux jouer soit à gauche, soit au poste le plus central. Mais quoi qu’il en soit, il y aura le championnat, l’Europe et la Coupe, je crois qu’on aura tous l’occasion de jouer », se contentait d’affirmer Vertonghen après cette première convaincante sous sa nouvelle tunique.

L’autre défenseur qui pouvait craindre pour sa place avec l’arrivée du Diable rouge, Wesley Hoedt, est revenu sur ses moins bonnes dernières sorties et sur l’arrivée de ce nouveau concurrent. « Vous savez, beaucoup de choses sont dites et écrites à mon sujet. Tout le monde ignore que j’ai déjà joué deux matchs avec un problème au mollet. Je voulais juste montrer aujourd’hui que j’étais à 100% », a déclaré le Néerlandais

« Je pense que nous avions besoin de quelqu’un de la trempe de Jan. Il a beaucoup d’expérience. Et avec tout le respect que je lui dois : quand Jan Vertonghen ouvre la bouche, tout le monde écoute », a poursuivi Hoedt. « Est-ce qu’on peut jouer ensemble ? Vous avez vu ça aujourd’hui ? Jan joue sur le côté. Je peux y jouer aussi et Hannes aussi. Il y a encore beaucoup de matchs. Nous allons avoir besoin de tout le monde », a conclu celui qui a aussi porté les couleurs de l’Antwerp dans notre compétition.

Mais il apparaît quand même plus clair qu’entre Hoedt et Delcroix, c’est le second qui sera le plus impacté par l’arrivée de Vertonghen.

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