Jacques Sys
« Vincent Kompany peut-il vraiment expliquer où il veut en venir? »
On aurait dit que le Messie était descendu sur Terre. Une vague incontrôlée d’enthousiasme a déferlé sur le monde du football quand Anderlecht a annoncé avoir engagé Vincent Kompany au poste de joueur-entraîneur.
C’était une affaire en or pour le football belge, une plus-value pour la compétition et certainement pour Anderlecht qui allait émerger de son trou. Même les observateurs les plus critiques avaient placé peu de nuances dans leurs louanges. Pas de questions sur un homme dénué d’expérience d’entraîneur, pas de remarques sur la combinaison joueur-entraîneur, pas d’interrogations sur la qualité du noyau. Il n’y avait que la sainte foi en un projet : développer un football frais et pétillant, qui convienne au style-maison, avec une majorité de jeunes joueurs.
Combien de nouveaux joueurs faut-il à Anderlecht pour sortir de cette impasse ?
Que reste-t-il de cet enthousiasme, quatre mois après l’arrivée de Vincent Kompany ? 26 joueurs ont déjà été alignés en championnat, Anderlecht est un puzzle qui ne s’assemble pas. Pour le déplacement au Club Bruges, Kompany a rappelé Adrien Trebel, qui avait été mis sur une voie de garage. Il aurait tout aussi bien pu conserver Sven Kums, qui a retrouvé son meilleur niveau à Gand. Mais alors, il jetterait un projet très idéalisé. Car, on le répète, le nouveau cap requiert du temps. Et on n’hésite pas à citer l’exemple de clubs étrangers.

Vincent Kompany peut-il vraiment expliquer où il veut en venir ? Il est intelligent, il a de l’assurance, il n’est guère critiqué en interne mais l’intelligence consiste aussi à s’analyser soi-même, de temps en temps. Kompany procède-t-il à cet exercice ? Se regarde-il parfois dans le miroir ? A-t-il mal jaugé son noyau ? A-t-il jeté trop vite des jeunes dans la cage aux fauves ? S’est-il trompé à propos de leur mentalité ? Ou sur les joueurs qu’il a voulu obtenir ? Et comment conférer de l’assurance aux joueurs quand on modifie constamment l’équipe ? Faire chaque fois appel à de nouvelles têtes implique la création de nouveaux automatismes. Comment se fait-il que les carences physiques qui apparaissent au cours de la seconde mi-temps ne soient pas travaillées et résorbées ?
Voilà beaucoup de questions sans réponse. Elles se font plus insistantes après le match au Club Bruges. Anderlecht a été balayé à tous les niveaux. La construction depuis l’arrière constitue la base du football que veut Kompany mais on n’en a rien vu. Pire même : la défense a montré ses faiblesses, surtout pendant la première demi-heure, et Hendrik Van Crombrugge a retrouvé le rôle de cible qu’il occupait à Eupen. Le gardien a évité aux Mauves un blâme historique. Alors que dans les matches précédents, Anderlecht développait par moments un football de qualité, il a multiplié les mauvaises passes. Le sermon de Vincent Kompany après la défaite contre l’Antwerp n’a pas eu le moindre effet. On ne voit pas bien comment sortir de cette impasse. Combien de nouveaux joueurs et de périodes de transferts faudra-t-il ? Et ces transferts seront-ils correctement jugés ?
Le football du Club Bruges, dans un stade bouillant, a été impressionnant. Jamais la différence de classe entre les deux formations n’avait été aussi grande. À l’issue du match, Philippe Clement a parlé des gros progrès accomplis par son équipe, du rythme et de la pression élevée exercée. Il a rapidement griffé l’équipe alors qu’on s’attendait à ce que ça prenne un certain temps. Il est étrange que ce Club ait perdu des points contre le faible Eupen et un KRC Genk qui lutte contre lui-même.
C’est lié à un problème d’efficacité. La finition n’est pas au point. On a pu le constater contre Anderlecht et Galatasaray. Le Club gaspille trop d’occasions. C’est le prochain chantier de l’entraîneur, dans un processus qui est toujours en cours.
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