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Un village, un club: Saint-Vith et bien

Terre des rallymen Bruno Thiry et Thierry Neuville, Saint-Vith est aussi synonyme de foot et de carnaval. À consommer sans modération dans de petits verres…

Dernière trace des fortifications de la ville, la Tour Büchel constitue la porte d’entrée d’un joli petit parc des hauteurs de Saint-Vith. Derrière un kiosque fleuri, une musique douce accompagne Marie pendant sa pause régénératrice. En équilibre sur un élastique d’une dizaine de centimètres de largeur, elle parcourt une distance de vingt pas en levant les bras au ciel. « C’est le meilleur endroit de la ville pour faire ça », sourit celle qui pratique le slackline pour associer méditation et sport.

Le RFC Saint-Vith.
Le RFC Saint-Vith.© EMILIEN HOFMAN

À deux-trois centaines de mètres de cette colline paisible, c’est une ambiance plus énergique qui anime les infrastructures du RFC Saint-Vith. Normal : c’est jour de derby ! Un énorme sourire aux lèvres, Udo Theodor empoigne la main de l’entraîneur de Bütgenbach : « Ça t’va ? », lance le président du club local dans un allemand compréhensible « Oh je pourrai te dire ça après le match ! », rétorque son interlocuteur, par ailleurs ancien coach de Saint-Vith… où joue toujours son fils.

Carnaval coûteux

À consommer sans modération dans de petits verres...
À consommer sans modération dans de petits verres…© EMILIEN HOFMAN

Dans la buvette, à ce point entretenue qu’elle ne fait pas ses vingt ans d’âge, un gamin arbore fièrement son survêt’ du Bayern Munich. La bière est servie dans des verres de 20 centilitres. « Depuis que je sors, j’ai toujours bu là-dedans », rigole Udo avant de pointer les deux téléviseurs installés au mur.

« Il y en a un pour la Bundesliga, l’autre pour la Pro League », précise-t-il. « Ici, les jeunes parlent allemand et français, même si chaque village a son propre patois, toujours un peu différent de l’autre. »

Un village, un club: Saint-Vith et bien
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Profondément belges, les Saint-Vithois empruntent aux Allemands une partie de leur culture. Le carnaval en fait partie, « même s’il nous a déjà coûté beaucoup de points, vu que plusieurs de nos joueurs sont impliqués dans l’événement », poursuit le président, sa main droite écrasant la télécommande qui enclenche le marquoir, à l’autre bout du terrain.

Nouveaux derbys

Les joueurs terminent leur échauffement, l’occasion pour Klaus de vérifier une dernière fois les noms des 22 acteurs. Assez nerveux, le sexagénaire a pourtant une sacrée expérience de speaker derrière lui. « On est le seul club de la série à présenter les deux équipes au micro. Les joueurs me demandent de continuer, ça nous rend plus professionnels et ça donne une belle atmosphère au moment de la montée sur la pelouse », glisse Klaus, qui interrompt rapidement son énoncé pour sermonner son assistante, visiblement pas encore rodée.

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Appuyés sur la rambarde, deux supporters se réjouissent de la présence de leurs fistons dans les rangs saint-vithois. « Ce qui est bien, c’est que les transferts de joueurs « étrangers » à la région permettent aux locaux de travailler encore plus leur français », souffle l’un d’eux, heureux que la relégation de Saint-Vith en P3 augure de nouveaux derbys tout au long de la saison.

Mélange des langues

Sur le terrain, inauguré en 1992 par un match amical du Borussia Dortmund de Michael Zorc (plus de 550 apparitions avec le BVB), les deux équipes tiennent le choc, Saint-Vith répondant à l’ouverture du score de Bütgenbach. Dans les tribunes, l’atmosphère est calme. Quelques blagues fusent en allemand, quelques cris en français.

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Seules deux personnes s’offrent le match à partir de loges de fortune à l’intérieur de la buvette. Sandra et Robert ont bien du mal à se détacher de leur conversation au ton humoristique. Au pire, ils se remettront à jouer dans un des troquets de la ville. « Le lundi matin, on parle toujours du RFC Saint-Vith : on respecte son histoire et on connaît tous quelqu’un qui est lié au club », note Sandra, véritable amoureuse des matchs en soirée pour le paradoxe clair-obscur provoqué par les éclairages dans la nuit.

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L’arbitre siffle la fin du match sur le score de 1-1. Il fait 5 °C et personne n’a parlé de Thierry Neuville. Les Saint-Vithois savent faire la part des choses.

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