Marc Degryse

Un sélectionneur étranger, c’est une bonne idée

Pour Marc Degryse, le chroniqueur de Sport/Foot Magazine, la nomination de Roberto Martinez à la tête des Diables Rouges est une bonne chose.

L’arrivée de Roberto Martinez à la tête des Diables rouges, c’est un peu la surprise du chef. Son nom n’était pas vraiment cité dans les couloirs, la Fédération a pris tout le monde de court. Je pense que le premier choix, accepté par tous, était celui de Michel Preud’homme, mais on n’est pas parvenu à résoudre le problème de son contrat à Bruges. Il aurait pu faire les deux pendant un an, avant de se libérer pour la Russie la saison prochaine, ça aurait été parfait pour tout le monde, mais l’Union belge a finalement choisi une autre route.

Martinez était vraiment considéré comme un coach en route vers le top quand il a quitté Wigan pour aller à Everton. C’était encore un jeune entraîneur, mais un « débutant » très bien coté. Ses débuts chez les Toffees ont d’ailleurs été bons, avec une cinquième place, un football attractif et beaucoup de charme devant la presse et le public. Ses idées et sa présence n’ont pas changé dans les années qui ont suivi, mais les résultats ont été moins bons. Son équipe a encaissé de plus en plus, à l’image de cette élimination à Kiev en Europa League en encaissant cinq buts, et les critiques ont été de plus en plus fortes. Son étoile a pâli en Angleterre. C’est le monde professionnel, il faut des résultats et la carrière d’un entraîneur peut vite basculer s’ils ne sont plus présents. Malgré tout, il mérite de recevoir cette nouvelle chance. Il ne devrait pas avoir de problème jusqu’en 2018 avec cette équipe, car la qualification pour la Coupe du Monde devrait être une formalité, vu nos adversaires.

L’Union belge avait fait du palmarès un critère de sélection, et je dois constater que Martinez n’a pas le palmarès d’un entraîneur du top. Maintenant, il faut se poser la question: est-ce que ces entraîneurs-là étaient prêts à venir, ou est-ce que la Fédération était disposée à les payer ? Je ne pense pas. On arrive alors dans les deuxièmes choix, et Martinez est un de ceux-là. Son expérience de plusieurs saisons en Premier League reste une référence. Ce n’est pas une garantie de succès, mais ça lui donne un avantage : il connaît beaucoup de nos internationaux grâce au championnat anglais. Il a entraîné Romelu Lukaku et Kevin Mirallas, et ceux qu’il a affrontés n’ont pas non plus de secrets pour lui.

Les entraîneurs du top étaient-ils prêts à venir ? Et la Fédération prête à les payer ? Je ne pense pas.

Certains sont réticents à l’idée d’avoir un sélectionneur étranger, mais ce n’est pas du tout mon avis. Ce n’est pas plus mal que ce ne soit pas un Flamand, un Wallon ou même un Hollandais. En Belgique, on juge parfois trop un entraîneur par rapport à ces critères linguistiques. Donc, prendre un globe-trotter qui s’est partagé entre l’Espagne et l’Angleterre est une bonne idée. Il amènera peut-être des idées nouvelles dans notre pays. La langue de la sélection va sans doute devenir l’anglais, mais ce n’est pas un problème car tous nos internationaux le parlent, ou au moins le comprennent. L’important sera que son discours soit clair, à la fois pour les joueurs et pour le grand public.

Ma crainte principale vient plutôt de ces fameux problèmes d’organisation défensive. Dans le football moderne, il est tout de même nécessaire de pouvoir s’appuyer sur une base défensive solide. J’ai hâte de voir comment il va faire jouer sa défense. On a, en tout cas, les joueurs pour ne pas avoir peur. Si on peut aligner une défense centrale avec des gars comme Thomas Vermaelen et Vincent Kompany, le manque de qualité individuelle ne pourra pas servir d’excuse pour les buts encaissés. Tout dépendra aussi de la façon dont notre milieu de terrain protégera la défense, ce qui était la force du duo formé par Axel Witsel et Radja Nainggolan dans l’équipe de Marc Wilmots, dont on critiquait alors le manque d’audace.

Tactiquement, Martinez devra aussi pouvoir se montrer flexible. Cela nous éviterait des problèmes à chaque fois qu’on rencontre une défense à trois, comme celle de l’Italie ou du Pays de Galles. Cela fait beaucoup de questions, et la première sélection suivie des matches contre l’Espagne et Chypre devraient déjà nous apporter des réponses.

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