Jacques Sys

Tout ce qui brille n’est pas or

Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

Samedi, les Diables Rouges vont assurer leur qualification pour l’EURO à Andorre. Pourtant, tout n’est pas rose pour l’équipe nationale dont les matches sont trop souvent ennuyeux.

Samedi, dans le paradis fiscal d’Andorre, les Diables Rouges vont s’ouvrir les portes de l’EURO. Il est bien possible qu’ils marquent de nombreux buts face à cet adversaire faible et que cela suscite en interne ce qui ressemble à du triomphalisme. A l’issue du match, Marc Wilmots sera plein d’assurance en affrontant la presse et se félicitera d’avoir accompli sa mission. Il balaiera les critiques sur la médiocrité de la campagne et dira que dorénavant, l’accent est mis sur le tournoi. Ici et là, d’aucuns clameront que cette équipe peut encore progresser. Quant à la fédération, après les tempêtes des derniers mois, elle rayonnera de satisfaction.

Quelqu’un se souviendra-t-il encore des propos tenus par Kevin De Bruyne le mois passé après la lamentable prestation à Chypre ? Il avait dit qu’au terme de la campagne de qualification, tout le monde devrait se réunir pour chercher des solutions. C’était le énième signal émis par le noyau. Reste à savoir ce qu’on en fait.

On peut naturellement rêver d’une collection d’or footballistique qui fonctionne comme telle. Avec un entrejeu fin technicien qui coulisse comme un harmonica sans jamais sombrer dans l’apathie, avec un capitaine qui bannit toute nonchalance derrière, avec des attaquants aussi opportunistes qu’en Premier League, avec une équipe qui porte haut les bonnes vieilles valeurs belges, unité et discipline. Mais surtout avec un entraîneur qui contrôle le tout, qui surprend et séduit ses joueurs sur le plan tactique, qui ne se cache pas derrière les résultats, qui sait qu’il doit faire mieux et ressent de la honte après des matches tels que celui de Chypre.

C’est étrange: cette équipe, troisième au classement FIFA, est de plus en plus la cible des critiques. Elle continue à peiner face à des adversaires qui creusent des tranchées. Elle n’ouvre pas de brèches, elle est trop lente, elle ne bouge pas assez. Surtout, elle manque d’automatismes. Depuis deux ans, il est question d’un sur-place alarmant. Pourtant, après l’élimination des Diables Rouges par l’Argentine, au Mondial, Eden Hazard parlait déjà de ce manque d’automatismes.

Le poste de sélectionneur est impossible. Plusieurs entraîneurs réputés y ont échoué et ont été remerciés. Aux Pays-Bas, Guus Hiddink est la dernière victime en date. Chez nous aussi, les sélectionneurs se sont souvent trouvés sous la guillotine. Walter Meeuws, Paul Van Himst, Robert Waseige, Georges Leekens, René Vandereycken, tous ont été jugés insuffisants, un moment donné, pour des raisons diverses. Seul Dick Advocaat a évité le couperet. Durant son mandat de six mois, le Néerlandais a mis fin à l’anarchie et aux traits de vedettes enfantins d’une série de joueurs. Il était assisté par Marc Wilmots, parfait dans le rôle du bras droit, de même que, quand il était international, il constituait une courroie de transmission.

Et à Gand, personne ne se plaint de surcharge !

C’est plus difficile maintenant. Les prestations de l’équipe sont ennuyeuses, le jeu brouillon, l’entrejeu chaotique, personne ne sachant où se déplacer. Wilmots a souvent dévoilé sa philosophie: il veut des extérieurs qui convergent vers l’axe et des médians centraux qui croisent leurs trajectoires de course. Mais contre Andorre, il retire Kevin De Bruyne du flanc pour le poster derrière l’avant-centre, pour accélérer le jeu. Wilmots parle maintenant d’extérieurs qui jouent en profondeur et doivent éliminer leur adversaire direct. Bref, il continue à chercher et à tâtonner.

Fait à épingler, la sélection compte six éléments de notre championnat. A juste titre, trois d’entre eux portent le maillot de La Gantoise. Contrairement à Anderlecht et au Club Bruges, les Buffalos se tirent bien d’affaire sur la scène internationale alors qu’ils évoluent un cran plus haut, en Ligue des Champions, que le Sporting et le Club.

C’est une plume au chapeau de Hein Vanhaezebrouck, qui affûte très bien son équipe. Après les deux matches de Ligue des Champions, Gand a pris six points sur six en championnat, avec un goal-average de 8-2. Là, personne ne se plaint de surcharge.

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