Qui est Amber Tysiak, la Red Flame du futur qui vient de rejoindre West Ham ?

Aurelie Herman
Aurelie Herman Journaliste pour Sport/Foot Magazine

Ancienne figure de proue d’OHL, la défenseuse quitte l’ambitieux club belge pour rejoindre la Women’s Super League anglaise et West Ham. Dans l’un des meilleurs championnats de la planète, où évolue aussi la Red Flame Justine Vanhaevermaet (à Reading), elle espère franchir un palier dans sa carrière. Portrait d’une joueuse aux dents longues.

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*Portrait réalisé le 1er octobre 2021

« Perso, elle me fait un peu penser à Vincent Kompany. » Osée, la comparaison est signée par notre consoeur du Nieuwsblad Valerie Van Avermaet, au soir d’une victoire étriquée des Red Flames contre l’Irlande en avril dernier. Pour Cécile De Gernier, ex-internationale désormais consultante pour la RTBF, c’est le nom de Zinho Vanheusden qui résonne comme une évidence. C’est vrai que du haut de son mètre 75, Amber Tysiak en impose. Grande, athlétique, dotée d’une bonne lecture du jeu, la défenseuse louvaniste n’aime rien tant que profiter de la liberté qui lui est accordée pour se projeter vers l’avant. Et incarne l’avenir d’une sélection belge bourrée d’ambitions où la classe biberon d’OHL se taille une place de plus en plus importante.

L’idylle entre Tysiak et OHL se solde par un contrat de deux ans, une denrée (très) rare dans un foot féminin belge.

« Elle est très forte en un contre un et aussi techniquement, ce qui lui permet d’éliminer l’attaquante qui la presse dès sa première touche de balle », complète Lenie Onzia, sa capitaine à Louvain et équipière chez les Flames. « Ainsi, elle crée de l’espace dans lequel elle peut s’engouffrer et désorganiser l’équipe d’en face. » Cette capacité à « sentir » les coups et à vouloir toujours porter la balle haut, on les retrouve chez le Prince du Lotto Park (« une idole », pour Amber) et le transfuge du Genoa. Plus qu’une propension au mimétisme, c’est surtout une sorte de Madeleine de Proust pour la joueuse de 21 ans, qui retrouve ainsi ses sensations de milieu de terrain. Car c’est un peu par hasard que Tysiak se retrouve aujourd’hui à servir de gilet pare-balles à Faye Lammertijn et Justien Odeurs, derniers remparts d’OHL et de l’équipe nationale.

« Jouer en Angleterre va être un grand défi », explique Amber Tysiak sur le site de West Ham. « Il y a quelques grands clubs ici et les fans anglais vivent pour le football. Jouer contre des équipes comme Arsenal et Chelsea va être une expérience. Je suis impatiente de les affronter toutes. »

Flash-back. Débarquée à Genk à quinze ans après un écolage au KFC Helson, un petit club situé à une dizaine de kilomètres au nord d’Hasselt, la Limbourgeoise se retrouve un cran plus bas sur le pré pour pallier une blessure au sein de la défense du Racing. Une position plus reculée qui fait éclater son talent et ses qualités. Aujourd’hui, c’est sans regret qu’elle casse les attaques adverses, entre ses cours de géo (elle a déjà décroché un baccalauréat pour être prof de néerlandais et d’histoire) et ces vidéos de Virgil van Dijk et Sergio Ramos qu’elle s’enfile pour progresser au max. Studieuse, avec ça…

Gymnastique, frangin et précocité

Un exercice qui n’a rien à voir avec la gymnastique, discipline à laquelle Amber s’adonne un moment, sans vraiment y trouver son compte. Ce qu’elle veut, c’est imiter Maik, son grand frère, qu’elle soutient en bord terrain aux côtés de leur papa. Sans parler de son cousin Francesco Carratta, médian défensif passé par les équipes de jeunes du PSV et la Proximus League à Dessel et l’Antwerp. Un parent jamais avare en conseils en matière de coaching et de positionnement sur le terrain. Ça sera donc le foot, malgré les réticences maternelles à l’idée de voir la petite s’adonner à « un sport de garçon ».

Ce sont pourtant bien eux qui l’accompagnent durant ses premières années gonfle au pied. Et lui permettent de se faire les dents. Plus rapides et plus costauds, ses équipiers la forcent à s’endurcir dans les duels. Bien aidée par sa taille, elle commence à se faire un nom dans son Limbourg natal, au point de se retrouver à Genk, le grand club de la province, où elle effectue ses débuts en Super League au tout début de l’année 2016. « On ne peut pas aligner des joueuses de moins seize ans. Donc, j’ai dû un peu attendre, et une semaine après mon seizième anniversaire, j’étais déjà dans l’équipe », rembobine la principale intéressée, qui gagnera ses galons de titulaire au sein d’une défense à trois quelques mois plus tard.

Quatre saisons au cours desquelles Genk peine à effectuer la jonction avec le trio Standard-Anderlecht-Gand, mais qui suffisent à Tysiak pour gagner sa place dans les équipes d’âge nationales et se faire repérer par Louvain, nouvelle puissance du foot belge où elle signe en avril 2020. Un départ d’un pur produit de l’école genkoise « qui fait mal », selon les propres mots de Jacqueline Mahieux, l’énergique présidente des Genk Ladies. « J’en avais besoin pour franchir un cap », justifie de son côté la joueuse. « Au niveau infrastructures, tactique, tout est un peu plus pro et je sens que j’ai grandi depuis que j’évolue là-bas. » Une idylle qui se solde aujourd’hui par un contrat de deux ans, une denrée (très) rare dans un foot féminin belge où la grande majorité des footeuses bénéficie d’un bail d’une année seulement. La preuve de la confiance qu’OHL porte à cette joueuse à haut potentiel, qui devrait quitter la Belgique et son championnat toujours limité structurellement par son manque de professionnalisme pour s’épanouir à l’étranger. On pense à l’Allemagne ou l’Angleterre, où son gabarit pourrait faire merveille.

Avenir enflammé

Lore Vanschoenwinkel, son ex-équipière à Genk: « Elle a la mentalité, le talent et l’ambition pour devenir la patronne de la défense des Flames. » © BELGA

En attendant, Tysiak est la première titulaire en sélection issue de la jeune garde du squad louvaniste, qui aspire à devenir le principal pourvoyeur des Red Flames dans les années à venir, bien aidé en cela par Voetbal Vlaanderen. Et forcément, se frotter à des attaquantes du calibre de la Néerlandaise Vivianne Miedema (Arsenal) ou la Polonaise Ewa Pajor (Wolfsburg) rappelle à Tysiak le chemin qu’il lui reste à parcourir pour devenir la patronne de cette défense où les taulières se nomment toujours Julie Biesmans et Laura De Neve.

C’est peut-être avec la gauchère De Neve, actuellement blessée, que le futur s’écrit. « Deux joueuses techniques, qui veulent construire vers l’avant », précise Onzia. L’Anderlechtoise, élue Joueuse pro de l’année 2020-2021, est la guide idéale pour une jeune femme qui se considère toujours comme un peu trop introvertie. Le genre de personne à flipper que ses équipières lui reprochent de rater des gestes lors de son baptême du feu à Genk, selon Lore Vanschoenwinkel, à l’époque sa partenaire au sein de la défense du Racing. Un trait de caractère trop affirmé pour, à terme, diriger l’arrière-garde d’une Belgique qui veut s’installer dans le top 8 européen d’ici 2024 ? « Non, elle peut devenir le roc de la défense des Flames », indique l’ex-Genkoise. « Elle a la mentalité, le talent et l’ambition pour ça. » Et un corps un peu plus solide que celui de Kompany et Vanheusden, aussi?

A West Ham, Amber Tysiak portera le numéro 5.

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