Qu’est-ce que le quatrième homme, la clé du succès de l’Antwerp de Mark van Bommel ?

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Le départ est tonitruant, le jeu irrégulier. Par contre, au moment d’attaquer, le Great Old sait exactement ce qu’il fait. La preuve en quelques triangles.

Sur le sol italien, là où Mark van Bommel a remporté le dernier trophée de sa carrière en crampons, on les appelle les senatori. Les sénateurs. Des vétérans, grassement rémunérés pour leurs services rendus au ballon rond, mais toujours capables de peser sur des rencontres malgré des jambes moins vives qu’au sommet de leur art. En débarquant à la tête du Great Old, l’ancien international batave en a trouvé quelques-uns. Il y avait évidemment Radja Nainggolan, revenu dans sa Métropole la saison dernière. Le Ninja a été rejoint par un Toby Alderweireld déjà embarqué dans un exil qatari et doré, et même par un Vincent Janssen qu’on n’imaginait plus revenir sur le sol européen. Presque un anachronisme, dans un football belge qui ne fait qu’alimenter encore et encore sa cure de jouvence à chaque mercato. Pourtant, la recette porte actuellement ses fruits, avec une entame de saison flashée à huit victoires de rang. Même le Cercle de Dominik Thalhammer, certes en grande difficulté mais toujours recensé comme équipe la plus dynamique de l’élite, a dû se rendre à l’évidence. Cet Antwerp donne l’impression de ne pas mettre de rythme, mais parvient toujours à imposer le sien.

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Le tempo est tranquille, jusqu’à ce qu’arrive le moment de l’accélération. Le signal est toujours identique. Forcément inspiré de l’école batavo-catalane, comme une évidence pour un Oranje qui a soulevé la Ligue des Champions sous le maillot blaugrana. Au Camp Nou, on a depuis longtemps érigé en religion le concept de troisième homme. Une appellation presque mystique pour une combinaison simple : le troisième homme, c’est celui qu’on cherche avec une deuxième passe, souvent parce qu’il est inaccessible sur la première. Une combinaison en triangle très difficile à défendre, surtout quand le troisième anticipe déjà alors que le deuxième n’a pas encore reçu le ballon. Toujours un temps d’avance. Généralement, dans le but de trouver un coéquipier face au jeu, avec le défenseur central qui s’appuie sur le milieu défensif, lequel remise vers un latéral au regard tourné vers le but adverse, par exemple.

Toby Alderweireld pèse encore positivement dans le jeu de l’Antwerp malgré le poids des années (Photo by KURT DESPLENTER/BELGA MAG/AFP via Getty Images) © Belga/AFP

Certains poussent le concept plus en profondeur. Parce qu’à l’horizon du triangle, le losange n’est jamais bien loin. Aux triangles originels, van Bommel est donc de ceux qui ajoutent un quatrième homme. Si le premier est le passeur, le deuxième l’appui en pivot et le troisième celui qu’on trouve face au jeu, le quatrième déclenche déjà sa course pour prendre la profondeur et semer le trouble dans le dos de la défense adverse. À ce petit jeu minutieusement chorégraphié, l’expert a évidemment du sang ajacide dans les veines. Avec ses quatre passes décisives depuis son arrivée au Bosuil, Jurgen Ekkelenkamp interprète à merveille les nouvelles danses anversoises. Passeur en profondeur de génie, excellent lecteur d’espaces, le Batave était souvent dans les derniers mouvements du losange du Great Old, presque systématiquement conclus par une passe latérale qui trouve un coéquipier au petit rectangle, pour des buts qui rappellent parfois le futsal.

À la conclusion, Michael Frey et Vincent Janssen ont évidemment des arguments pour faire parler la poudre. Avec quatre buts chacun, ils ont pris en charge un peu moins de la moitié des buts d’un Antwerp aussi prolifique qu’efficace. Il a suffi de 13,06 expected goals pour faire trembler les filets adverses à 19 reprises en huit sorties. Parce qu’on peut imaginer toutes les formes géométriques du monde, elles fonctionnent toujours mieux avec des pieds agiles à la manœuvre. Ce ne sont pas Alderweireld, Yusuf et Ekkelenkamp, maîtres à jouer du football anversois, qui diront le contraire.

Jurgen Ekkelenkamp et Vincent Janssen jouent un rôle important dans le réalisme de l’Antwerp. (Photo by TOM GOYVAERTS / BELGA MAG / Belga via AFP) (Photo by TOM GOYVAERTS/BELGA MAG/AFP via Getty Images) © Reuters

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