Jacques Sys

Quel avenir pour Anderlecht?

Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

Impossible d’avoir oublié la joyeuse entrée de Marc Coucke à Anderlecht, il y a bientôt trois ans. Le début d’une nouvelle ère… nous avait-on annoncé. Terminées les affaires de famille chez les Mauves, finis les copinages, bye-bye le conservatisme. Tout allait changer. Indispensable, surtout que des cadavres allaient être découverts dans les placards.

Est-ce qu’entre-temps, Marc Coucke a pris le temps de se regarder dans le miroir ? Ou son ego est-il si démesuré qu’il préfère mettre les erreurs et les pertes financières records sur le compte de ses prédécesseurs ? L’homme a bâti un empire financier, c’est impossible à réaliser si on n’est pas perspicace et supérieurement intelligent. Et le propre des gens intelligents est entre autres de douter et de s’auto-évaluer sans concession, plutôt que tout mettre sur le dos des autres.

Les dettes du Sporting ne sont pas uniquement une conséquence de la période de règne de Roger Vanden Stock. Il est clair que l’ancienne direction n’a rien à voir dans la perte de 36 millions enregistrée la saison dernière. Elle est le résultat de la gestion menée ces dernières années, avec de mauvais castings, des erreurs dans la gestion. Combien y a-t-il eu de C4 depuis l’arrivée de Coucke ? Et combien ça coûte, toutes ces primes de licenciement ? Combien y a-t-il eu de joueurs associant gros salaire et rendement insuffisant ? Combien de personnes le patron a-t-il amenées de son ancien club, Ostende, pour s’en débarrasser par la suite ? Avaient-elles toutes été mal jugées ? Ou alors, peut-être que le climat de travail était si compliqué qu’elles ne pouvaient rien faire de bon ? Pourquoi personne n’est-il sorti du bois pour taper sur les doigts de Coucke ? Parce que tout le monde voulait se protéger ? Ou parce que c’est difficile de faire autrement, par exemple si on est actionnaire ? Justement, ces actionnaires tapent aujourd’hui du poing sur la table.

Marc Coucke a-t-il pris le temps de se regarder dans le miroir ?

Marc Coucke a été victime de son ambition. Sa soif de succès l’a aveuglé. Mais c’est quand même étrange que personne n’ait su le corriger dans cette ambiance constamment instable.

Depuis que Wouter Vandehaute a repris la présidence, il essaie de redresser la barre en compagnie de Karel Van Eetvelt. Avec un plan de relance sur le long terme. Et même si Anderlecht reste le club belge avec le plus grand potentiel, ça a actuellement les contours d’une mission impossible. Jérémy Doku a été vendu pour 26 millions à Rennes, après les départs d’ Alexis Saelemaekers et Sebastiaan Bornauw. Puis on a vu arriver un médian irlandais, un certain Josh Cullen, que West Ham a plusieurs fois prêté à des clubs de divisions inférieures. C’est ça, la nouvelle réalité du Sporting d’Anderlecht. Et ce n’est pas une injection de capital qui va soigner tous les maux à court terme.

Dans quel état d’esprit Vincent Kompany s’est-il lancé dans cette aventure ? Avec la conviction qu’il allait mettre cette jeune équipe sur les bons rails ? Ou a-t-il mal estimé la situation, sachant qu’un joueur-entraîneur n’est pas censé recevoir tous les chiffres ? Quoi qu’il en soit, Anderlecht a pris la moitié des points mis en jeu depuis l’ouverture de la saison. En n’ayant joué qu’un seul gros match, à Bruges. Où les Mauves ont été baladés.

Entre-temps, les supporters ont recommencé à (se) manifester. Ils voient disparaître l’âme d’Anderlecht. Et on constate que ça peut aller très vite.

Marc Coucke
Marc Coucke© BELGAIMAGE

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire