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Que valent vraiment les jeunes du Standard?

Longtemps portés disparus du côté de la Principauté, les jeunes made in Académie ont fait leur retour au premier plan cette saison. Focus sur les cinq produits de l’année rouche.

MICHEL-ANGE BALIKWISHA

« IL NE DOIT PAS TROP FORCER »

Lancé à Anderlecht, mais rapidement arrivé au Standard en compagnie de son frère William, le prometteur Michel-Ange Balikwisha effectue sa première saison au sein du groupe professionnel. Et quelle saison! Après plusieurs matches passés en tribunes, il vit ses premières minutes de jeu face aux Gallois de Bala Town, en tour préliminaire d’Europa League.

Depuis ce match, ses absences sur le terrain se font rares. De la sixième à la trente-troisième journée de Pro League, le joueur n’a pas participé aux débats qu’à trois reprises, alternant entre les titularisations et les montées sur le terrain en cours de match. Sanctionné le temps d’une rencontre après avoir expliqué qu’il était trop souvent le premier à sortir à son goût, signe d’un caractère bien plus affirmé qu’il n’y paraît, le joueur de 19 ans est bel et bien installé chez les Rouches, qui auraient déjà refusé une approche au-delà des cinq millions d’euros à son sujet.

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Deuxième meilleur buteur des Liégeois toutes compétitions confondues, Balikwisha allie vitesse et technique pour lui permettre de prendre une place importante au sein de l’effectif. Tantôt positionné sur le côté gauche, à droite, seul devant ou comme deuxième attaquant, le joueur voyage sur tout le terrain au gré des volontés de Mbaye Leye. Techniquement très doué, il a considérablement augmenté son volume de course ces dernières années selon Thierry Siquet, qui l’a connu chez les jeunes de l’équipe nationale. Sans encore trouver une véritable constance: « Il ne doit pas trop forcer ou baisser les bras quand ça ne tourne pas. On l’a vu faire des très bons matches cette saison, et d’autres où il passait un peu plus à travers. Cependant, c’est logique de ne pas être très régulier quand on est si jeune. »

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Selon Hicham El Alaoui, l’amélioration pourrait venir du côté physique: « Il pourrait durcir un peu plus son jeu pour résister plus aux charges, mais avec l’expérience, il apprendra comment aborder les duels, voire comment les éviter. »

HUGO SIQUET

« Il a un centre extraordinaire »

Pur produit de l’Académie Robert Louis-Dreyfus, Hugo Siquet effectue ses débuts en équipe première avec Philippe Montanier lors de la douzième journée de championnat face à l’Antwerp, quelques jours après une montée au jeu sur la pelouse du Lech Poznan en Europa League.

Malgré une première plus qu’aboutie, les six rencontres suivantes se déroulent sans passer la moindre seconde sur le terrain, jusqu’à une montée au jeu d’une vingtaine de minutes face à Saint-Trond pour pallier la blessure de Nicolas Gavory. Ce match face aux Trudonnaires va d’ailleurs marquer un tournant majeur dans la carrière du jeune latéral, puisque le coach français est remercié et remplacé par Mbaye Leye. Dès son intronisation, l’entraîneur sénégalais lui montre sa confiance en le titularisant. Désormais, le jeune défenseur fait partie des pions indiscutables aux yeux du T1 des Rouches. Sur ses quatorze premiers matches disputés comme entraîneur principal, Leye a titularisé Siquet à douze reprises.

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Un mois après son retour à Liège, le coach explique dans La Tribune que si le jeune défenseur joue, c’est tout simplement parce qu’il considère qu’il est « le meilleur à droite », et que l’âge ne compte pas. De quoi bien mettre à l’aise son poulain. Sur son côté droit, parfois dans un système à trois, parfois dans un système à quatre, le jeune Liégeois respire la confiance.

Son ancien coach au sein des équipes nationales de jeunes, Bob Browaeys, loue une qualité de centre « extraordinaire » et raconte un joueur qui « a la liberté de faire plusieurs infiltrations par match, court beaucoup, mais a encore des choses à améliorer comme tous les joueurs de son âge. » Notamment les duels homme contre homme sans le ballon, selon Hicham El Alaoui, ancien entraîneur chez les jeunes de la Principauté, devenu analyste vidéo à Seraing, qui loue « la bonne mentalité d’un garçon resté humble. »

Pas de quoi avoir la tête qui tourne donc, quand Jelle Van Damme fait de lui « le futur back des Diables ». Siquet doit désormais passer par une étape de la confirmation que Browaeys prédit plus difficile: « Il ne doit pas brûler les étapes. Je pense qu’il est très bien au Standard pour l’instant, parce qu’on lui donne l’occasion de jouer. »

DAMJAN PAVLOVIC

« Il doit parfois se canaliser »

Présent au Standard depuis 2008, Damjan Pavlovic signe son premier contrat pro à 18 ans, juste avant l’ouverture de la saison. Chez les jeunes, il joue principalement comme milieu défensif, même s’il lui arrive de dépanner derrière. Lors de la préparation, Philippe Montanier cherche une doublure à Nicolas Gavory et offre cette chance au jeune défenseur.

Droitier, il avait déjà joué comme latéral droit, mais jamais à gauche. Cette nouveauté est couronnée de succès pour Pavlovic, dont les qualités sont directement louées par le coach français, au point de devenir une vraie solution de rechange à ce poste.

ThierrySiquet, entraîneur chez les jeunes de l’équipe nationale, avait remarqué ses « qualités physiques et techniques intéressantes », et considère qu’il pourrait « faire son trou à moyen terme », tout en expliquant que le joueur doit travailler sur son « impulsivité ».

Ancien formateur des Rouches, Hicham El Alaoui confirme: « Il a gardé cette saine agressivité en étant très hargneux à la récupération. Il doit parfois se canaliser et ne pas faire de fautes inutiles, mais ça viendra avec le temps. C’est mieux d’avoir un joueur qui va dans l’impact et de le canaliser, qu’un joueur qui est trop timoré et qu’il faut entraîner à devenir plus agressif. »

Capable de jouer à plusieurs positions, Pavlovic pourrait payer cher le prix de cette polyvalence. « On pourrait considérer qu’il n’est le premier choix à aucune de ces positions, et donc le garder sur le banc en se disant qu’il pourra dépanner à plusieurs endroits du terrain », poursuit El Alaoui. « Il faudrait qu’il arrive à s’imposer dans une position spécifique, et qu’on arrive à se dire qu’il est bénéfique pour le groupe parce qu’il peut en plus dépanner ailleurs. »

« Si tu ne sais jouer qu’à une position et que tu as quelqu’un d’incontournable devant toi, qui n’est jamais blessé, tu pourrais devoir te contenter du banc pendant plusieurs mois », nuance Thierry Siquet. « Savoir jouer à plusieurs positions permet de prendre la place de différents joueurs qui seraient blessés ou en méforme. Ça dépend des circonstances. »

NICOLAS RASKIN

« ON NE VOIT PAS ENCORE TOUTES SES QUALITÉS »

Le parcours de Nicolas Raskin est moins linéaire que celui de ses camarades. Très jeune, il quitte l’académie du Standard pour rejoindre le grand rival d’Anderlecht. Deux ans plus tard, il franchit la frontière linguistique et pose ses valises dans l’équipe des jeunes de La Gantoise, alors très agressive sur le recrutement des jeunes. Couvé par Hein Vanhaezebrouck, il a d’ailleurs droit à sept minutes de temps de jeu avec les Buffalos en février 2018. L’année suivante, le Standard dépense 200.000 euros pour rapatrier son ancien joueur avant de l’intégrer à l’équipe première.

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La saison dernière, le milieu n’a droit qu’à cent petites minutes de jeu, réparties en quatre matchs dont un en championnat face à Bruges. Tout change cet été avec l’intronisation de Philippe Montanier. Titulaire lors des six premières rencontres de championnat, le jeune Liégeois a commencé près de 80% des joutes de Pro League cette saison, manquant rarement le coup d’envoi pour des raisons sportives.

MbayeLeye ne tarit pas d’éloges concernant son poulain: « Il continue d’apprendre, mais sa marge de progression est énorme. Tu peux quasiment tout le temps compter sur lui. Il a l’oeil pour voir si tout le monde se trouve à la bonne position et il coache aussi sur le terrain. Quand il vient bas dans le jeu, intercepte et repart vers l’avant pour effectuer son pressing, il fait mal. »

Pas encore assez, aux yeux d’un Thierry Siquet qui connaît assez bien le potentiel du milieu de terrain pour pouvoir se permettre de rester sur sa faim: « On ne voit peut-être pas encore toutes ses qualités. C’est peut-être celui qui est le plus en dedans pour l’instant par rapport à ce qu’il peut faire. Il sait faire beaucoup de choses, mais il doit être plus constant et avoir un investissement total du début à la fin des entraînements et des matches. Il est encore capable de faire mieux. »

L’entraîneur fédéral le verrait bien dans un registre un peu différent: « On le verra peut-être dans le futur dans une autre position, avec plus de liberté. Il a une bonne frappe au but, peut s’infiltrer. On le voit de temps en temps, on pourrait le voir plus, mais ça dépend de ce qu’on lui demande. »

ABDOUL TAPSOBA

« IL A BESOIN DE RÉGULARITÉ »

Arrivé en septembre 2019 en provenance du club ivoirien de l’ASEC Mimosas, le Burkinabé est d’abord prêté en bord de Meuse. La saison dernière, Abdoul Tapsoba ne dispute pas la moindre minute de jeu et doit se contenter de grandir au sein de l’équipe espoirs, même s’il accompagne le groupe professionnel pour le stage hivernal. Malgré un temps de jeu inexistant, la direction liégeoise est convaincue par des qualités que certains au sein de l’Académie comparent à celles d’un jeune Samuel Eto’o, et lève l’option d’achat.

Après deux courtes montées au jeu, Tapsoba connaît sa première titularisation lors de la huitième journée sur la pelouse de Charleroi. En tout, le Burkinabé n’est titulaire qu’à quatre reprises en championnat, sans parvenir à inscrire le moindre but, mais multiplie les entrées en cours de match (quinze au total). Toutes compétitions confondues, l’ailier comptabilise deux buts inscrits en Europa League et un assist en Coupe de Belgique. Des statistiques pas exceptionnelles pour un joueur qui compte près de mille minutes de jeu sous la vareuse liégeoise, dont les prestations dégagent énormément d’énergie, mais encore trop peu de précision.

Positionné un peu partout sur le terrain, à droite, à gauche, en soutien d’attaque, comme avant-centre, l’ancien joueur de l’ASEC brille par sa polyvalence. Après son premier but avec le Standard, l’attaquant avait d’ailleurs expliqué qu’il pensait avoir « les qualités pour devenir le buteur que cherche le Standard ». Formé comme attaquant axial et naturellement attiré par le but, Taspoba veut profiter de chaque minute sur le terrain pour montrer de quoi il est capable. Très intéressant lorsqu’il s’agit de faire parler sa vitesse ou sa détente, le joueur de 19 ans présente toutefois encore trop de déchets dans son jeu.

Philippe Montanier, qui l’a lancé dans le grand bain professionnel, n’a pas manqué l’occasion de saluer les qualités de son jeune attaquant: « Tapso est un joueur polyvalent qui peut aider l’équipe tant dans l’axe que sur les côtés, mais il a besoin de régularité. Il a progressé dans sa capacité à être décisif, mais il y a encore du travail à effectuer pour qu’il acquière de l’expérience en termes de jeu collectif, notamment en perte de balle. »

Par Raphaël Deby

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