Jacques Sys

Quand le succès vous aveugle…

Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

Les Gantois sont actuellement à la recherche d’eux-même mais l’équipe a suffisament de maturité pour se tirer de ce mauvais pas.

Il y a un an, Bart Verhaeghe pénétrait dans le vestiaire de l’arbitre à la mi-temps du match entre Bruges et Mouscron. Une illustration, à l’époque, du stress qui paralysait le Club. La chasse obsessionnelle du titre empêchait la direction de réfléchir de manière rationnelle.

La pression est toujours là, aujourd’hui, mais les gens du Club parviennent désormais à mieux se contrôler. Il y a un an, aussi, Michel Preud’homme s’interrogeait fréquemment sur l’état d’esprit de ses joueurs qui, en championnat, multipliaient les hauts et les bas. Aujourd’hui, on voit un ensemble solide à Bruges. Il a fallu chercher longtemps le meilleur équilibre. Lorsque le Brésilien Wesley est monté au jeu vendredi face à Westerlo, il était le trente-deuxième aligné par MPH cette saison en championnat. Mais l’engagement actuel des Bleu et Noir, à certains moments, rappelle les grandes valeurs de ce matricule. Il s’agit maintenant de confirmer dans la longueur.

A Bruges, désormais, on contrôle ses nerfs

Les dérapages incontrôlés de Gand et la prestation indigne d’Anderlecht sur le terrain de Waasland Beveren font de Bruges le premier favori pour le titre. Jusqu’il y a deux semaines, les Buffalos continuaient à surfer sur la vague de ses succès. Et donc, on a du mal, là-bas, à digérer quelques défaites en peu de temps. Hein Vanhaezebrouck n’était pas à côté de la plaque, après le revers contre Wolfsburg, quand il a pointé la différence d’arbitrage entre la Pro League et la Ligue des Champions. Mais on ne l’entendait pas tenir un discours pareil après les matches gagnés par son équipe dans la même Ligue des Champions. Plusieurs fois, après des rencontres de championnat, Vanhaezebrouck a signalé que les arbitres devraient être plus intransigeants. Donc, ses dernières déclarations peuvent étonner.

Gand a besoin d’être fort collectivement pour être fort tout court. Tous les maillons doivent remplir leur fonction. Ce n’était pas le cas face aux Allemands. Et on voit alors les limites de cette équipe. Le fait qu’un club moyen de Bundesliga soit bien trop fort pour le champion de Belgique illustre notre niveau sur la scène internationale. On sait aussi que dans le concert de la Ligue des Champions, Wolfsburg est deux crans derrière les plus grandes puissances.

Les Gantois sont actuellement à la recherche d’eux-mêmes. Et leur prestation à Ostende a de quoi inquiéter. Il y avait des trous béants en défense alors que c’était le premier point fort de cette équipe. On comprend de mieux en mieux pourquoi le coach voulait absolument Benoît Poulain. Mais l’entrejeu tousse aussi, tandis que devant, le champion en titre vit une traversée du désert. Gand a suffisamment de maturité pour se tirer de ce mauvais pas. On ne peut pas brûler ce qui a été réalisé depuis un an et demi. C’était une machine impossible à dérégler. Seulement voilà, le succès peut parfois aveugler. Laurent Depoitre semblait mécontent après son remplacement contre Wolfsburg puis à Ostende alors qu’il avait à peine remporté un duel : c’est révélateur. Après les louanges à n’en plus finir, Gand doit se reprendre. Cela ne pourra que renforcer l’équipe sur le long terme.

Besnik Hasi n’a pas épargné ses hommes après la défaite à Beveren. Ce n’était pas la première fois. Indépendamment du fait qu’on peut se demander s’il est judicieux de faire le procès de l’équipe dans les médias, un entraîneur doit en conclure que de tels discours ne produisent pas d’effet dans la durée. Et comment continuer à travailler avec son groupe après l’avoir démoli de cette manière ?

Anderlecht semblait s’être repris ces dernières semaines et on louait l’arrivée des nouveaux joueurs qui augmentaient la concurrence et le rendement. Mais le Sporting est subitement retombé dans ses travers : sous-estimation de l’adversaire, manque de niaque dans les duels, manque d’envie. Et surtout, une absence d’autocritique. On a plutôt entendu des hommes se plaindre d’être fatigués !

Il faut croire que cet Anderlecht est capable de se surpasser seulement dans les grands matches. Ça aussi, c’est une vieille rengaine. Jeudi à Athènes et dimanche face au Standard, l’envie sera de retour. Quel que soit l’entraîneur, c’est difficile à changer là-bas. Surtout à une époque où les footballeurs sont vite portés aux nues et se comportent rapidement comment des divas. La solution pour reformer un ensemble performant ? Beaucoup de diplomatie, de la psychologie et des compétences.

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