Jacques Sys

Pourquoi Anderlecht est-il si irrégulier ?

Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

A Anderlecht, on réclame des renforts mais le problème est plus profond.

Il y a exactement neuf ans que le Club Bruges a présenté le projet qui devait aboutir à la construction d’un nouveau stade. Les Blauw-zwart semblaient à un carrefour de leur histoire. Ils prévoyaient déjà une moyenne de 25.000 spectateurs, ils voulaient préserver leur caractère populaire, commercialiser leur produit et ériger un stade combinant architecture moderne et ambiance. Afin de jouer un rôle significatif sur la scène européenne, le Club devait doubler son budget. Sportivement, rien n’allait alors dans la Venise du Nord. Le Club avait conféré des accents erronés à son équipe et les larmes étaient déjà perceptibles. Le directeur sportif Marc Degryse était critiqué et l’entraîneur du moment, Emilio Ferrera, estimait qu’on jugeait son équipe d’un regard trop négatif. Des clichés en guise de défense, il n’y a là rien de bien neuf.

Mardi dernier, lors de la réception de Nouvel-An du Club Bruges, on a encore parlé du stade. Le CEO Vincent Mannaert a fait savoir qu’il y avait des progrès. Neuf ans et maints jeux politiques plus tard, on est prêt. Si tout va bien, le stade sera prêt durant la saison 2019-2020. Ca semble plutôt optimiste. Et sportivement? C’est à géométrie tellement variable que le Club a entamé l’année par une victoire 3-0 face à Mouscron-Péruwelz, sans que le jeu soit convaincant. A l’issue de la partie, Michel Preud’homme a reconnu qu’il y avait encore du pain sur la planche. Après 22 journées.

Jeudi, pour la demi-finale de Coupe, le Club se rend à la Ghelamco Arena de Gand. Là, le nouveau stade est prêt, locomotive de la croissance du club, depuis deux ans et demi. La Gantoise surclasse paisiblement ses concurrents. Le gala du Soulier d’Or a confirmé son hégémonie avec trois Buffalos sur le podium et deux autres prix. Les rivaux, le Club et Anderlecht en tête, sont de plus en plus nerveux face à cette domination gantoise.

Dimanche, les Mauves voulaient freiner la montée en puissance de Gand. Du moins l’avaient-ils annoncé. Mais les Bruxellois ont disputé une première mi-temps si lamentable à Gand qu’on peut se demander ce qui se passe en leurs rangs. Pas de construction depuis l’arrière, pas de combinaisons, des joueurs qui reculent au lieu d’aller de l’avant, c’était pitoyable. Après le repos, moyennant une autre occupation, ça a été mieux. Mais pourquoi n’était-ce pas possible d’emblée?

Des renforts ne suffisent pas à Anderlecht.

Il semble logique qu’on appelle des renforts à grands cris mais à eux seuls, ils ne suffiront pas. Le problème est plus profond. Le Sporting recèle toujours beaucoup de talent sur le plan individuel et reste au sommet du championnat es technique. Mais on ne peut pas opérer sans cesse le même constat. Pourquoi est-il si difficile de mouler ces talents en équipe ? Pourquoi l’équipe est-elle irrégulière ? Comment se fait-il que par moments, comme dimanche après le second but gantois, il y ait une telle irritation sur le terrain ? Et de quel crédit dispose encore Besnik Hasi ? L’entraîneur, qui a souvent fustigé la mentalité de ses joueurs, espère en effet des renforts, des nouveaux joueurs qui apportent une plus-value, comme il l’a dit. Mais où va-t-il encore les trouver ? Et vont-ils vraiment faire souffler un vent neuf ?

Le Standard a opéré ses transferts pendant la trêve hivernale. Dimanche soir, à Lokeren, il a présenté trois nouveaux. Dans l’équipe de base alignée à Daknam, on ne trouvait que quatre footballeurs qui étaient sous contrat la saison passée. Il n’a pas été nécessaire de développer des automatismes. Le Standard a développé un football moderne de pression. Vitesse, harcèlement, création de chances, pression, Lokeren n’est jamais entré dans le match. Le départ de l’égocentrique Anthony Knockaert semble avoir profité au collectif.

Yannick Ferrera a ensuite tranquillement analysé le changement de mentalité des Rouches. D’une équipe de contre, le Standard est devenu une formation dominante. C’est le football que veut voir l’entraîneur. La maîtrise de Ferrera est incroyable. Ca ne l’empêche pas de dire clairement où son club en est. Sans perdre son naturel. Une respiration dans un monde spécial.

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