
Nilis : « Ronaldo et moi, on parlait le même langage footballistique »
Du début des années 90 jusqu’à sa terrible blessure en septembre 2000, aucun attaquant du Benelux ne compliquait autant la tâche de ses défenseurs et de ses entraîneurs que Luc Nilis. Entretien avec une icône belge des nineties.
Luc Nilis à propos…
…des Diables Rouges: « A la Coupe du monde aux Etats-Unis, j’ai peu joué. C’était de ma propre faute. Lors du premier match de poule contre le Maroc, j’ai délivré l’assist pour Degryse, mais j’ai été remplacé avant l’heure de jeu. J’ai jeté mon maillot en direction du coach (Paul Van Himst, NDLR). C’est un geste qu’un joueur ne peut pas faire, je m’en suis rendu compte plus tard, mais j’en ai payé les frais durant le reste du tournoi. Si j’ai retiré le maximum de mon passage en équipe nationale ? J’estime que oui. Même s’il y a eu trop peu de matches où j’ai joué un rôle important pour l’équipe. La Belgique ne jouait pas d’une façon dominante, à l’époque. Nous défendions et nous procédions par contre-attaque. Je n’étais pas le genre de joueur capable de briller dans un tel système. Lors de la Coupe du Monde 98, j’ai joué comme arrière droit ou milieu droit contre les Pays-Bas. C’était cela ou rester sur le banc. Le point que nous avons finalement conquis était scandaleux, mais il a été fêté comme une victoire. La plupart du temps, nous étions punis pour notre manière de jouer. »
…d’Eric Gerets: « J’étais très impatient de travailler avec Gerets, une icône du football belge. Mais il y a eu des tensions dès le premier jour. J’étais un capitaine très apprécié au PSV, et je pense que ma popularité le dérangeait. Quelques jours après notre retour du stage estival, il y a eu une réunion dans son bureau avec l’intégralité du staff. Et il m’a critiqué devant tout le monde. Selon lui, je ne me montrais pas digne de mon rôle de capitaine. Je lui ai alors dit ma façon de penser. Tu es un grand entraîneur, mais un petit homme. Le brassard de capitaine ne m’intéresse pas, tu peux l’avoir. Mais tu dois savoir qu’ici, au PSV, ce sont les joueurs qui choisissent leur capitaine. A mes yeux, les joueurs sont les plus importants, l’entraîneur ne vient qu’ensuite. Si on ne peut pas l’accepter, il faut choisir un autre capitaine. J’étais surtout fâché sur Gerets car il me reprochait des choses dont on n’avait jamais discuté. Je trouvais cela très petit de sa part. (…) Sans Gerets, j’aurais terminé ma carrière au PSV. »
…de Ronaldo : « Nous participions à un tournoi au stade olympique de Barcelone. J’ai appris que Ronaldo, un jeune Brésilien de 17 ans que le club venait d’acheter, serait mon compagnon de chambre. Ronaldo venait d’effectuer un long vol et il s’est directement endormi. Mais il ronflait énormément et, dans ces conditions, je ne pouvais pas rester avec lui dans la même chambre. J’ai appelé le team manager et le médecin, pour qu’ils écoutent le ronflement, et eux aussi trouvaient que ce n’était pas normal. Ils ont examiné Ronaldo et il est apparu qu’il ronflait en raison d’un problème aux amygdales. Les médecins n’ont pu procéder à l’opération que pendant la trêve hivernale, et pendant tout ce temps, il a dormi seul. (…) Nous parlions le même langage footballistique. Et, après un bel assist, il venait directement me féliciter. Il ne fêtait jamais ses buts en solitaire. (…) Le Ronaldo que j’ai connu, était un homme sans chichis. Après ma carrière, je l’ai un jour eu au téléphone. J’effectuais un citytrip à Madrid et il m’a trouvé des places pour un match contre Valladolid. Après le match, il est venu à mon hôtel pour remettre un maillot à mon fils. »
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