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Mouscron: le bilan des Lillois de l’Excel

Pierre Danvoye
Pierre Danvoye Pierre Danvoye est journaliste pour Sport/Foot Magazine.

Lille a casé douze joueurs à Mouscron. On peut dire qu’un sur trois apporte vraiment quelque chose.

LOSC B: ça aurait pu être le surnom de l’Excel Mouscron cette saison. Si la majorité des joueurs prêtés par Lille durant l’été avaient été la plupart du temps sur le terrain. Lille a parqué la bagatelle de douze gars chez nous, la majorité en prêt. Quand on a un propriétaire commun, c’est faisable. Entre-temps, ce n’est plus le cas, le proprio de Mouscron n’est plus le détenteur du LOSC. Ce qui revient à dire que tous les prêts ne seront probablement pas prolongés au-delà de ce championnat.

Il y a pas mal de flops dans ces expériences, des joueurs qui n’ont rien apporté. Deux sont d’ailleurs déjà partis en janvier. Quelques-uns ont joué épisodiquement. Mais quatre de ces gars sont de vrais renforts. Analyse de ces réussites.

Le chat Koffi

La plus belle réussite, c’est Hervé Koffi. Un chat, un gars qui rappelle la grande période carolo de Parfait Mandanda quand il fait une cabriole gagnante sur sa ligne. Et face à lui, un tireur de penalty ne peut jamais être sûr de son coup. Souvent, si Koffi ne l’arrête pas, au moins il l’effleure ou en tout cas choisit le bon côté. Aucun autre gardien de D1A n’a réalisé plus d’arrêts que lui depuis le mois d’août. Il a logiquement 100% de temps de jeu. Elle était limpide, cette conclusion du staff mouscronnois après une nouvelle grosse prestation, récemment, à Eupen: « Ce n’est pas seulement aujourd’hui qu’il a été bon, il est très bien dans tous les matches. »

À Lille, Marcelo Bielsa avait un faible pour Imad Faraj.

Inconnu chez nous il y a quelques mois, Koffi a été élu quatrième meilleur gardien du championnat au moment de la remise du Soulier d’Or. Au même moment, pratiquement, sa Range Rover emboutissait une façade à Mouscron sur la route de l’entraînement, foutu verglas. On ne peut pas être bon partout. Avant de le prêter à l’Excel, Lille l’a prolongé jusqu’en 2024. Il risque fort de devenir – plus vite que prévu – titulaire au LOSC. Dans une autre vie, en 2017-2018, il a déjà joué quatre matches de Ligue 1 avec ce club. Qui n’était pas au mieux à l’époque. « J’ai connu la bataille pour le maintien partout où je suis passé. À Lille, à Belenenses. Chaque fois, on a réussi à se maintenir. » Pas de chat noir, donc. « J’espère qu’on y arrivera avec Mouscron, et si possible pas en devant attendre la dernière journée. »

Saad Agouzoul gagne près de 70% de ses duels.
Saad Agouzoul gagne près de 70% de ses duels.© BELGAIMAGE

Le boss Agouzoul

Le défenseur Saad Agouzoul a été le premier joueur prêté par Lille, en juin de l’année passée. Aujourd’hui, il est le premier Mouscronnois au classement du temps de jeu pour les joueurs de champ. Il a fallu une suspension pour abus de cartes jaunes – parce que le gars n’a pas peur de mettre le pied – pour le priver de ses premières minutes, en janvier. La semaine passée, Jorge Simão l’a laissé souffler pour le match de Coupe à l’Union. Sans doute pas la meilleure idée du Portugais depuis son arrivée chez nous.

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Pourtant, après quelques journées, on n’imaginait pas que ce Marocain allait devenir le patron de la défense. Il avait enchaîné quelques approximations grossières qui avaient parfois coûté cher et on le destinait plus à un séjour sur le banc qu’à une installation à long terme dans l’équipe de base. « Ces erreurs m’ont permis de grandir et de devenir plus fort », dit-il entre-temps. Il y a une autre explication à son éclosion: l’entrée dans l’équipe du vétéran argentin Matías Silvestre, un gars qui est passé par les deux clubs de Milan et facture plus de 300 matches en Serie A. Le guide idéal.

Saad Agouzoul a appris le foot dans les quartiers avant de s’imposer dans le championnat marocain et d’être repéré par Lille lors d’un match avec une sélection. Il a débarqué au centre de Luchin en 2019 et a connu un an de galère à cause de plusieurs blessures et rechutes. Il a un contrat de longue durée avec le LOSC et espère y faire vite son trou. En soignant ses stats chez nous: outre son temps de jeu XXL, il y a son pourcentage de duels gagnés, frôlant les 70%. À plus long terme, il y a l’équipe nationale marocaine qui est son autre gros objectif.

Le lion Onana

Dans quelques jours, ça fera un an que Jean Onana (21 ans) a vécu un rêve éveillé. Il était arrivé à Lille deux semaines plus tôt, en provenance d’un petit club portugais où il avait découvert l’Europe après une formation tardive dans une académie de son pays, le Cameroun. Un rêve éveillé quand l’entraîneur du LOSC, confronté à une cascade de forfaits, est allé le pêcher dans le noyau de la réserve pour affronter Marseille en Ligue 1. Dans un stade plein comme un oeuf. C’est son unique match en championnat de France à ce jour.

Lui aussi est de passage à Mouscron à la poursuite d’un objectif clair: s’installer à court terme dans l’équipe de Lille. Ses débuts chez nous ont été plutôt catastrophiques. Posté en défense, alors qu’il est beaucoup plus à l’aise en récupérateur, il a provoqué deux penalties (qui ont coûté cher en points) lors des deux premières journées, puis il a enchaîné avec une exclusion stupide qui a provoqué la défaite de l’Excel. Donc, ça partait très mal. Mais ça, c’était hier.

Entre-temps, Jean Onana est un pilier de l’équipe et ses gros matches lui ont permis d’intégrer le noyau de l’équipe nationale. Encore un rêve pour ce petit jeune (un des plus jeunes prêts du LOSC) qui, après la victoire des Lions Indomptables à la CAN avec Hugo Broos, a vu les champions d’Afrique passer en bus devant chez lui avec le trophée. Ce jour-là, il s’est dit: « Un jour, ce sera mon tour. »

La forte tête Faraj

ImadFaraj n’est pas prêté par le LOSC, il a été acquis définitivement durant l’été dernier. Parce que le club français a fini par ne plus croire en lui après avoir assuré toute la formation de ce gars originaire de la région. Pourtant, on lui a prédit un grand avenir là-bas. Faraj a traversé les sélections françaises et reçu sa chance en Ligue 1 à 18 ans. Mieux même, le légendaire Marcelo Bielsa avait un faible pour lui. Mais au moment de s’imposer définitivement chez les pros, ça a coincé. Il y a eu un prêt au Portugal qui n’a rien donné. Puis, donc, ce passage à Mouscron.

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On a ici un caractère XXL. Un joueur qui n’a pas peur des coups d’éclat en dehors des terrains. Il est loin de disputer l’intégralité de tous les matches mais, aussi bien avec Jorge Simão qu’avec Fernando Da Cruz, il a été sur le terrain pratiquement chaque week-end. Entre-temps, donc, il dérape un peu. On raconte qu’à Lille, il aurait mis Bielsa hors de lui en invitant une personne extérieure au centre d’entraînement. À peine débarqué chez nous, il a dit que Mouscron pouvait viser le top 5, Da Cruz l’a directement recadré. Cet ailier aime se mettre en scène sur les réseaux sociaux. Il pose un jour à côté de voitures de luxe, un autre jour dans un supermarché alors qu’il est positif au Covid et censé respecter une quarantaine. Là aussi, ça a été moyennement apprécié.

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