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Mouscron et les entraîneurs, c’est NEXT!

Pierre Danvoye
Pierre Danvoye Pierre Danvoye est journaliste pour Sport/Foot Magazine.

Le sauvetage de Mouscron doit passer par le Sacchi des Carpates. Autopsie d’un club qui part en sucette.

Le programme américain NEXT, c’était peut-être ce que la télé-réalité pouvait nous offrir de plus lamentable et dégradant. On vous le résume car, pas sûr que vous soyez déjà restés des heures dans votre canapé pour suivre son déroulement… Un garçon / une fille a des rendez-vous de speed dating avec cinq filles / garçons retenus dans un bus. Ces cinq candidats défilent tour à tour devant celui / celle qui doit faire un choix. Si le candidat ne lui plaît pas, il crie simplement  » Next « .

Au suivant. Le plus dérangeant, c’est que ces candidats n’ont généralement même pas l’occasion, ni le temps, de montrer vraiment ce qu’ils valent. Dans ce programme, on se fait jeter pour un oui, pour un non. Parce qu’on est trop grand, trop enveloppé, trop triste, trop marrant, trop pauvre, trop ceci, trop cela. On trouve si facilement un bâton pour frapper ces chiens.

Finalement, on travaille un peu de la même façon du côté de Mouscron. Depuis la remontée en D1 en 2014, avec les entraîneurs, c’est NEXT. Quelle que soit la direction. C’est NEXT pour des hommes qui n’ont pas eu l’occasion, ni le temps, de prouver leur valeur dans la durée. Deux exemples frappants. Rachid Chihab avait réussi un début de saison complètement inespéré avec un noyau fait de bric et de broc mais ça ne lui a pas permis de tenir plus d’un an et 10 jours.

On le jugeait trop distant par rapport à ses joueurs. NEXT. On peut aussi revenir sur l’aventure de Mircea Rednic. Auteur d’un sauvetage inespéré d’abord, d’un début de saison fantastique ensuite. Mais le Roumain était perçu comme un coach trop ambitieux. Dehors. NEXT. Après un an et deux mois.

Frank Defays voulait être le patron, il l’a payé

Aujourd’hui, c’est Frank Defays qui fait les frais de cette politique et de ces raisonnements à la petite semaine. Le Namurois a-t-il impressionné en ce début de saison ? Non. Avait-il une équipe capable de faire beaucoup mieux que ce zéro pointé ? Non, sans doute pas. Defays, liquidé après six mois, ne l’a pas jouée à la Fernando Da Cruz ou à la Glen De Boeck, des coaches eux aussi virés qui acceptaient tous les ordres venus d’en haut. Il a marqué son territoire, montré qu’il voulait être le seul patron sportif.

À Mouscron, on parle du bourgmestre assassiné, du Grand Jojo et de Stéphane Pauwels. Mais pas de foot.

Une semaine avant d’être licencié, il a expédié plusieurs joueurs dans le noyau B car il les jugeait insuffisants. Le problème pour lui, c’est que ces joueurs avaient du soutien dans les bureaux. Certains avaient été amenés directement par les nouveaux investisseurs, un autre était proche du directeur sportif Jürgen Röber. Tout ça, Defays s’en moquait. Il l’a payé. Comme il a payé, évidemment, le bilan chiffré.

Frank Defays était une icône à Charleroi et rien n’a changé. Le déplacement de samedi dernier dans ce stade, il l’avait évidemment coché dans son agenda. Il a dû dégager de Mouscron quelques jours avant ce rendez-vous. Des supporters carolos ont scandé deux fois son nom pendant le match. C’est déjà ça. Il y a quelques semaines, on l’avait contacté par SMS pour lui demander quand on pouvait l’appeler pour lui poser quelques questions.

Sa réponse :  » Je prends la route à 6h30 et j’arrive au stade à 8 heures. Appelle-moi quand je suis en voiture. Parce qu’après ça, ce sera plus compliqué.  » Il se donnait à fond dans son job, conscient que ce serait compliqué de recevoir une nouvelle chance en D1, en cas d’échec avec Mouscron. La direction qui vient de le virer ne lui reproche pas un manque d’engagement ou de sérieux. Il est viré pour d’autres raisons. Next.

Storck et le cauchemar Hazard

Mouscron pleure. Ou pas ? On n’a même pas l’impression que la dernière place actuelle et les perspectives très sombres par rapport au maintien perturbent la population. Les gens ne reviennent toujours pas au stade. On parle peu de foot dans cette ville. Une marche blanche pour le bourgmestre assassiné dans un cimetière il y a un an, ça fait les titres et ça fait parler. La venue du Grand Jojo ce week-end, ça fait discuter. Les soucis de Stéphane Pauwels, un enfant du pays, c’est un sujet de conversation. Mais l’Excel… L’électro est plat. Aujourd’hui, c’est l’Allemand Bernd Storck qui devient le septième entraîneur des Hurlus depuis quatre ans et deux mois. On ne le connaît pas. On sait seulement qu’il a bossé précédemment avec Jürgen Röber. Il a aussi travaillé au Kazakhstan et en Grèce. Et on imagine qu’il a déjà fait des cauchemars impliquant Eden Hazard. Parce que c’est lui qui était sur le banc hongrois quand les Diables, avec un Hazard stratosphérique, avaient déroulé contre ses joueurs lors de l’EURO en France.

Storck était déjà à Charleroi, samedi soir. En tribune. Pendant tout le match, on l’a vu discuter et faire des gestes, assis près de Paul Allaerts et Jürgen Röber. Pour sûr, il a déjà compris qu’il y avait du boulot. Cette équipe n’a pas mal commencé son match mais elle s’est écroulée dès que les Carolos ont un peu poussé et marqué un premier but. Mouscron n’a pas tiré une seule fois au but en première mi-temps, par exemple. Il y a un gros boulot à faire dans chaque compartiment de l’équipe. Olivier Werner est le seul à avoir un peu surnagé.

 » C’est la crise  »

 » Fais attention à ce que tu dis, ou tu risques de dégager  » : c’était le slogan de la fameuse émission américaine de télé-réalité. On doit se souvenir que Rednic a dû dégager après avoir fustigé le manque d’ambition de la direction mouscronnoise. Storck sera-t-il épargné ? Il est censé avoir le soutien de son pote Röber. C’est déjà ça.

Les Hongrois lui ont donné un chouette surnom : le Sacchi des Carpates. Avant de le virer et de le remplacer par Georges Leekens, qui n’a fait qu’un passage éclair sur le banc de la sélection. Next. Recrue toute fraîche de l’Excel, Mbaye Leye a dit, en quittant Charleroi :  » C’est la crise.  » Bien vu. On n’a pas l’impression qu’elle va s’arrêter demain.

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