Jacques Sys

Michel D’Hooghe a 70 ans

Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

L’ancien dirigeant de l’Union belge et du Club Bruges a-t-il jamais songé à poser sa candidature à la présidence de la FIFA ?

Comment donc Michel D’Hooghe a-t-il fêté, ce mardi, ses 70 ans ? Dans l’intimité de sa famille, dans sa magnifique maison de maître, en bordure des canaux, à proximité du patrimoine brugeois ? A-t-il alors, comment si souvent lors des réunions familiales, organisé un quiz pour ses petits-enfants ? A-t-il, un moment donné, pris place derrière son piano pour un petit concert, dans un élan de mélancolie ? Ou s’est-il contenté d’un fond musical de Wolfgang Amadeus Mozart, qui constitue pour lui le plus grand miracle du genre, parce qu’on n’a jamais trouvé de copie de Mozart qui comporte une seule correction ? A-t-il, entre les coups, philosophé sur la vie, s’est-il soucié du climat de peur dans lequel vit notre société, des gens qui ne tirent jamais de leçons de leurs erreurs, du caractère répétitif des guerres et des conflits ?

Nous avons interviewé Michel D’Hooghe pour la première fois à la fin des années ’70. A l’époque, il était quelque peu en froid avec la presse et il avait envisagé d’enregistrer lui-même l’entretien, au cas où ses propos seraient déformés. Il ne l’a finalement pas fait mais ça en disait long sur D’Hooghe. Il supportait mal la critique, réagissait souvent avec trop d’émotion et trop peu de raison, il était impulsif. Ce n’est que plus tard qu’il admit devoir être reconnaissant des critiques : quand elles sont fondées, elles sont enrichissantes.

Que serait-il arrivé si, à l’été 2001, Michel D’Hooghe n’avait pas décidé de transmettre à un autre la présidence de la fédération de football ? Y aurait-il eu des problèmes financiers, l’unité se serait-elle effritée et les reproches mutuels auraient-ils été aussi retentissants ? Pas une seule fois D’Hooghe n’a ouvertement critiqué le feuilleton tourné dans la Maison de Verre, avenue Houba de Strooper, édifice construit sous sa présidence. Il préférait parler de ses réalisations, dont l’EURO 2000 fut le point d’orgue absolu. Le tournoi devait être une locomotive pour l’avenir, un tremplin pour une meilleure formation des jeunes et des infrastructures modernes.

Le Club Bruges aurait-il connu un autre destin si D’Hooghe n’avait pas effectué un pas en arrière après une présidence de six ans? Le passage malheureux de Pol Jonckheere a conduit à l’engagement de Bart Verhaeghe et la gestion a longtemps connu des turbulences. D’Hooghe, qui avait toujours prôné la simplicité et insisté sur l’ancrage des racines du club, a certainement eu son idée sur le sujet mas il s’est abstenu de tout commentaire. Il a préféré parler de la manière dont le club s’assainissait et gommait le déficit annuel de quatre millions d’euros.

Michel D’Hooghe a-t-il jamais songé à poser sa candidature à la présidence de la FIFA ?

La vie de Michel D’Hooghe aurait-elle été différente si, le 1er mai 2009, il n’avait pas été victime d’une tumeur cérébrale ? Il avait annoncé qu’il mènerait une existence plus calme, après avoir longtemps surmené son corps. Mais D’Hooghe est de ceux qui ne se reposent qu’en étant très actifs. Même en étudiant une sonate, il s’implique de tout son coeur. Il n’a donc pas changé grand-chose à sa vie. En avion ici, en avion là, véritable globe-trotter en costume-cravate, traité avec moult égards, au service de la FIFA.

Michel D’Hooghe a-t-il jamais songé à poser sa candidature à la présidence de la FIFA ? Il a longtemps défendu Sepp Blatter, maintenant sali. Ces derniers mois, il a courbé l’échine face aux événements et aux accusations, qui ne l’ont pas épargné non plus. Mais effectuer un pas de côté, non. Il n’en est pas capable. Car la présidence de la commission médicale de la FIFA est l’oeuvre de sa vie. Depuis des années, il met en garde contre la surcharge des footballeurs et l’agression qu’elle implique sur le corps humain.

Michel D’Hooghe n’aime rien autant que parler médecine. Il a vécu cette passion jusqu’à sa retraite, au poste de chef de service de l’AZ de Bruges. Il s’adressait à ses patients avec un mélange de chaleur et de décision. C’était son univers. Bien davantage que n’importe quel mandat footballistique.

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