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Mehdi Bayat : « Ce footgate est devenu le procès de l’argent »

Thomas Bricmont

Le confident des Diables, l’homme qui monte au sein du football belge, c’était avant. Désormais, c’est le dirigeant, l’administrateur de la Ligue Pro et de la Fédération, que l’on a devant nous. Mais aussi (ou surtout) le  » frère de « . Rencontre.

Mehdi Bayat à propos…

…des arrestations du 10 octobre dernier : « Ce jour est à marquer d’une pierre noire dans l’histoire du foot belge mais ce n’est pas l’affaire Mogi Bayat. Je suis son frère, je subis de plein fouet ce moment, mais je reste un dirigeant de club qui a complètement été stupéfait par ce qu’il s’est passé, de l’inculpation d’une vingtaine de personnes et de ce qu’il s’en est suivi. Tu ne peux pas être un dirigeant passionné et responsable et ne pas souffrir de cette situation. Et ce n’est pas parce que Charleroi n’a pas été perquisitionné que l’on ne doit pas être concerné. J’ai toujours prôné un discours d’unité, d’où d’ailleurs ce surnom de  » démineur « . J’ai essayé tant bien que mal d’aider le foot belge, de solutionner des problèmes entre clubs néerlandophones, moi le petit Carolo de service. Et je considère que le football belge est une grande famille qu’on est en train d’abîmer.

La loi est ce qu’elle est mais on a oublié une chose très importante dans ce dossier : la présomption d’innocence. Et on a manqué d’unité et de force en donnant le sentiment que tout le monde était coupable.

Jusqu’à preuve du contraire, je ne vois pas encore de manière très claire, sauf en ce qui concerne le match-fixing et la corruption, d’éléments probants qui permettent de nous dire ce qui va et ce qui ne va pas. Il y a eu une approche populiste de la presse concernant un paramètre, qui dans nos sociétés européennes a énormément de poids et qui dans la société américaine n’en a pas : l’argent. Ce footgate est devenu le procès de l’argent. »

…du passage de son frère en prison : « Ce qui est clair, c’est qu’il le vit très très mal (entretien réalisé avant la libération sous conditions de Mogi Bayat, ndlr). L’emprisonnement, c’est le sort qui est réservé à des criminels ou à des personnes qui peuvent nuire à la société. Et le plus dur dans la détention préventive, c’est que vous ne savez pas quand vous allez sortir, vous n’avez pas de date. Je ne suis pas l’avocat de mon frère, mais il faut revenir en arrière et se rappeler de ce qu’il s’est passé depuis la date du 10 octobre. Le parquet a fait un communiqué en mélangeant tous les dossiers.

Ce qui a installé le doute chez tout le monde. Mogi Bayat n’a jamais été impliqué dans un dossier de corruption ou de match-fixing. Qu’est-ce qu’il reste : un dossier blanchiment et fraude fiscale. Et la question qui m’est posée par tout le monde : pourquoi est-il toujours en détention alors qu’il n’est impliqué que dans ces dossiers ? Je n’en ai malheureusement pas la réponse. Je trouve bizarre que la presse me pose la question mais qu’elle ne la pose pas aux autorités judiciaires. On se dit que ce dossier n’est pas  » normal « . »

…du rôle des agents : « Ils ont pourri le foot ? Ça ne serait pas correct de dire ça. Un agent n’est évidemment pas là pour faire du match-fixing, c’est un intermédiaire entre deux entités qui veulent acheter un joueur. Pourquoi existe-t-il autant d’agences immobilières ? Car probablement elles savent mieux vendre un bien qu’un individu seul. Dans la complexité du monde dans lequel on vit, je n’ai aucun problème à ce qu’un agent qui fait bien son travail, soit bien rétribué. Si demain votre agence immobilière vous propose de vendre votre appartement à 100.000 euros avec une commission de 3%, mais qu’une autre vous propose de le vendre à 120.000 euros avec une commission de 10 %, vous signez tout de suite avec cette dernière car ça vous fait 108.000 dans la poche au lieu de 97.000. »

…d’une éventuelle dimension politique derrière cette affaire : « Je ne sais pas mais j’entends beaucoup de bruits, beaucoup de choses, qui me font peur et qui sont inquiétants. Mais à un moment donné, la raison me rattrape et me dit de croire dans la justice. Et si des gens ont fauté, ils seront punis pour ce qu’ils ont fait et ils devront s’en accommoder, y compris mon frère. »

Par Thomas Bricmont

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