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Marin à l’Ajax, le gros coup financier du Standard

Thomas Bricmont

Face à l’Antwerp, Razvan Marin, le milieu de terrain roumain a démontré une nouvelle fois pourquoi son départ laissera un vide sur le terrain…mais pas dans les caisses. Retour sur le transfert du mercato, avant l’heure.

En janvier 2017, le Standard est en plein bourbier. Adrien Trebel, longtemps capitaine du club principautaire, force son transfert vers Anderlecht après avoir refusé d’accompagner le groupe en stage. Ishak Belfodil croit, lui, être en partance pour Everton et rend Daniel Van Buyten, avec qui il en viendra presque aux mains, responsable de ce transfert avorté.

L’aventure de l’ancien défenseur international en bord de Meuse prendra d’ailleurs fin moins d’un mois plus tard et mettra en lumière les tensions internes au sein du club. C’est dans ce contexte houleux que Razvan Marin, alors âgé d’à peine 20 ans, débarque à Liège pour y signer un contrat de quatre ans et demi.

Malgré sa relative inexpérience, l’international roumain, qui vient de fêter sa première sélection trois mois plus tôt, est accompagné d’une flatteuse réputation. La Juventus, la Fiorentina, l’Inter, la Roma, l’Ajax, le PSV, le Zenit Saint-Pétersbourg, ou Tottenham tiendraient à l’oeil le joueur du Viitorul Constanta.

Razvan Marin :  » Il y avait de l’intérêt de clubs italiens, anglais. Mais le Standard a été le premier à faire une offre concrète, à déposer de l’argent sur la table. Je savais où je signais, dans un bon championnat, au sein d’une des meilleures équipes du pays.  »

Premiers mois compliqués

C’est grâce, entre autres, aux bons contacts qu’entretient Olivier Renard avec Walter Sabatini, alors directeur sportif de l’AS Rome, qui conseille de suivre ce jeune milieu de terrain prometteur, que le Standard arrive premier sur la balle et dépense près de deux millions pour s’attirer ses services (avec 20% sur la plus-value lors de la revente en faveur de Viitorul).

Bruno Venanzi, en mars 2017 :  » L’idée était de le prendre cette saison et de le préparer pour la saison prochaine. Olivier (Renard) le scoute depuis plus d’un an. C’est un joueur qui nous plaît, qui a la bonne mentalité. Mais comme beaucoup de joueurs venus de l’étranger, il a besoin, il est vrai, d’un temps d’adaptation.  »

C’est un euphémisme. Les premiers mois sont compliqués pour le jeune milieu de terrain qui goûte directement aux rudes batailles de la Jupiler Pro League au sein d’un Standard qui loupe pour la deuxième saison de suite les play-offs 1. Malgré le départ de Trebel, que l’on a longtemps décrit comme l’une des pommes pourries du vestiaire, l’ambiance reste délétère au sein du vestiaire rouche.

 » On avait de bons joueurs mais pas de vrai groupe, on ne jouait pas en équipe les six premiers mois. Quand le coach Sa Pinto est arrivé, ça a été mieux « , reconnaît aujourd’hui, Razvan Marin.

Tensions avec Sa Pinto

Sauf que le coach portugais ne compte pas sur le jeune Roumain et en informe la direction qui n’est pourtant pas prête à voir partir son milieu de terrain. Ricardo Sa Pinto préfère le duo de récupérateur, Bokadi-Agbo, et évolue avec un bloc très bas. Une défaite à Saint-Trond, le 13 août 2017, met en lumière la pauvreté du jeu liégeois.

De son côté, Marin s’impatiente et affirme son caractère bien trempé :  » Je n’étais pas très content, c’est vrai. Sa Pinto me parlait énormément, peut-être deux fois par semaine. Il me rassurait mais je ne jouais pas, c’était une situation étrange. J’ai eu des discussions assez dures avec lui, j’ai mon caractère, je ne vais pas cacher mes sentiments. Si j’ai quelque chose à dire, je le dis. Je suis comme ça. Si je ne suis pas d’accord avec le coach, je lui fais part de ma vision.  »

Cette saison aussi, Marin n’hésite pas à dire ce qu’il pense à ses supérieurs.  » Même quand il a tort « , sourit-on au sein du groupe.  » En Roumanie, on disait qu’il n’allait jamais percer en Belgique « , raconte Mircea Rednic.  » On considérait qu’il était condamné à échouer à l’étranger, comme tant d’autres. J’ai lu qu’il n’avait définitivement pas assez la vitesse, la rage, l’agressivité.  »

L’an dernier et cette saison encore davantage, le fils de Petre Marin (ancien international), met tout le monde d’accord et propose un mélange de puissance, de technique, de hargne, avec cette conduite de balle, la tête rentrée dans les épaules, tel un taureau. Reste encore quelques perplexes quant à sa vitesse d’exécution pour le haut niveau.

Transfert préparé depuis janvier

L’été passé, une offre de huit millions d’euros venue d’Allemagne arrive sur la table des dirigeants liégeois. Ceux-ci la refusent et ne sont pas prêts à discuter en dessous de la barre des dix. Walter Sabatini, passé entre-temps par l’Inter Milan et en poste à la Sampdoria, montre également de l’intérêt. Le Standard tient bon.

Mais en mal de liquidités, le Standard prépare son départ. Après avoir brillé face à l’Ajax lors du match aller des préliminaires de Ligue des Champions, le club amstellodamois entre dans la danse dès janvier. Moins de trois mois plus tard, les Rouches annoncent, à travers le groupe Sud Presse, le futur transfert de Marin vers l’Ajax.

Un timing plutôt étonnant, tant pour le joueur que le club acheteur, puisque tout n’est pas finalisé (Marin doit encore passer sa visite médicale et parapher son contrat). De son côté, le joueur clame qu’il  » aimerait évoluer un jour dans un grand championnat comme l’Italie, l’Allemagne, l’Angleterre, la France.  »

À bientôt 23 ans, le Roumain choisit donc l’étape intermédiaire au sein d’un club qui a créé cette saison la sensation. Avec cette vente pour 14 millions d’euros, la direction du Standard peut néanmoins se gargariser d’avoir réalisé un transfert historique, le deuxième plus important après le passage de Marouane Fellaini vers Everton lors de l’été 2008. Ça valait effectivement le coup de tenir bon l’été passé.

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