Jacques Sys
L’Union retrouve la D1: une promotion et des questions (édito)
Découvrez l’édito de notre rédacteur en chef, Jacques Sys.
Le retour de l’Union parmi l’élite va ajouter une touche de tradition à notre compétition. Le club bruxellois compte le plus de titres après Anderlecht et le Club Bruges, même s’il a remporté onze championnats avant la Seconde Guerre mondiale. On peut donc se demander ce que l’Union va pouvoir réaliser en 2021. Ses installations obsolètes freinent son expansion, en l’empêchant de multiplier les sponsors et d’exploiter ses ressources commerciales. Le stade Joseph Mariën est trop petit et il n’est pas possible de l’agrandir. Sa seule tribune couverte est un monument classé, tout comme le Parc Duden. Les seuls travaux de rénovation possibles, qui ont contraint l’Union à trouver refuge au Heysel de 2016 à 2018, ont été la modernisation des sièges derrière les deux buts.
Que peut accomplir l’Union de nos jours ?
L’Union est un club bourré de charme et formidable, situé sur le territoire de la commune de Forest. Mais le club va-t-il être adopté par son propre environnement? À l’été 2018, quand Philippe Bormans a quitté Saint-Trond pour devenir CEO de l’Union, il a par exemple été rapidement confronté au mécontentement d’une série de riverains, qui se sont plaints de ne pas pouvoir garer leur voiture devant leur maison le jour des matches. La situation n’a guère changé…
L’Union retrouve la première division après 48 ans d’absence, mais elle porte toujours les traces du passé et respire l’histoire. Il y a deux ans, elle n’a pu exploiter la capacité maximale de son stade dans ses matches de quart et de demi-finales contre le KRC Genk puis Malines, car les pompiers avaient fermé certaines parties de l’arène, afin d’assurer la sécurité du public. Côté entraînement, l’Union Saint-Gilloise ne peut toujours pas rester en région bruxelloise et doit s’exiler à Lierre pour préparer ses matches.
Cette saison, l’Union a surclassé tous ses concurrents en D1B, après avoir présenté l’équipe la plus talentueuse de la série depuis des années. Elle développe un jeu offensif, loin de l’image d’entraîneur défensif que traîne son coach, Felice Mazzù. Son squad a marqué 57 buts en 23 matches et n’en a encaissé que vingt. C’est le fruit de l’excellente gestion menée depuis la reprise du club par le millionnaire britannique Tony Bloom en mai 2018. Le club saint-gillois a également réalisé de bons transferts, notamment grâce au système de données qu’utilise Bloom. Son prédécesseur, Jürgen Baatzsch, n’y était pas parvenu, même s’il avait tenté de moderniser le club, par exemple en faisant appel à des cheerleaders avant et après les matches, histoire de rendre le club plus sexy.

Au fil des années, et même en pleines turbulences, l’Union a toujours joui d’une certaine sympathie de la part du public, surtout auprès des francophones de Bruxelles. Elle a toujours conservé son image de club-culte. Toutefois, une belle cote d’amour n’apporte pas grand-chose en football. À l’avenir, combien de sponsors seront-ils prêts à se lier à ce club, compte tenu de ses limites? La saison prochaine, quand le coronavirus appartiendra au passé, du moins on l’espère, sur combien de supporters pourra compter l’Union? Leur nombre n’est-il pas trop restreint, sachant que, contrairement à Anderlecht, elle n’en attire guère de la province? Doit-elle déménager dans un autre stade pour les grands rendez-vous?
La promotion de l’Union s’assortit de nombreuses questions. Il semble qu’à terme, elle veuille porter son budget à quinze millions d’euros, mais il lui faudra redoubler de créativité pour atteindre cet objectif. Elle a posé les fondations sportives, mais son travail ne fait que commencer.
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