Jacques Sys

L’EURO, c’est fini: le moment de se poser les bonnes questions

Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

Une génération dorée mais sans trophée. Est-ce la conclusion qu’il faut tirer de cet EURO où les Diables rouges ont rarement séduit avant de tomber contre une très bonne équipe italienne? Évidemment, il y avait des excuses et beaucoup de questions en suspens avant même le début du tournoi. On s’interrogeait sur la blessure de Kevin De Bruyne, sur l’état de forme d’un Eden Hazard dans le dur depuis deux ans, sur l’état physique d’ Axel Witsel, qui n’avait plus joué depuis cinq mois.

L’EURO raté des Belges ne s’explique pas uniquement par les blessures de cadres.

Ce sont des circonstances atténuantes. Mais il ne faut pas trop en faire là-dessus non plus. On aurait tort d’expliquer l’échec belge par ces seuls éléments. Même si on avait commencé à être un peu moins optimistes à l’approche du tournoi, beaucoup de Belges continuaient à penser que les Diables pouvaient viser le titre avec le jeu chatoyant qui avait séduit la planète entière à la Coupe du monde 2018. On n’a rien revu de tout cela dans cet EURO. Dans les derniers galops de préparation, c’était hésitant, les Diables avaient du mal à prendre le contrôle du jeu. Et même si des matches pareils ne sont pas toujours une indication fiable de la suite des événements, c’était quand même un signal négatif.

Quand la déception de cette élimination précoce aura été digérée, il faudra bien prendre des décisions. D’abord en ce qui concerne l’avenir de Roberto Martínez, sous contrat jusqu’à la fin du Mondial au Qatar et qui a parfois donné l’impression d’être à la recherche d’un nouveau défi. Mais il n’a pas beaucoup de possibilités de repli et il n’y a aucune raison de s’en séparer, même si on s’est posé des questions sur ses changements dans le match contre l’Italie. C’est de bonne guerre après une défaite.

Le plus important est de se pencher sur l’équipe qui va nous représenter dans le futur. Les piliers actuels ne seront certainement pas trop vieux au Qatar, mais il faut quand même lancer un processus de rajeunissement. Surtout dans l’axe de la défense. Mais les joueurs qui attendent de s’installer à ces postes ont-ils le niveau international? Et qu’en est-il de l’affirmation des jeunes talents dont Jérémy Doku a si bien défendu les intérêts contre les Italiens? Des joueurs comme Kevin De Bruyne et un Eden Hazard à 100% élèvent le niveau de l’équipe, mais il y a plusieurs internationaux de cette génération tant louée qui doivent pouvoir prendre leurs responsabilités quand Hazard et De Bruyne ne sont pas là.

La compétition continue donc sans nous. C’est le tournoi de toutes les surprises avec, comme exemple le plus frappant, l’élimination rapide de Français arrogants. Il est incompréhensible qu’une équipe comptant autant de talents offensifs continue à pratiquer un jeu aussi attentiste. Et qu’est-ce que le jeu de l’Italie nous a séduits! Alors qu’elle menait 2-1 face aux Diables, la Squadra a continué à jouer haut. Joli.

Et pendant ce temps-là, on commence à entrevoir l’ouverture de notre championnat, dans une grosse quinzaine de jours déjà. Nos clubs se préparent depuis plusieurs semaines dans l’ombre des étoiles de l’EURO. Anderlecht est parti en stage aux Pays-Bas avec 38 joueurs et a 47 pros sur son pay-roll. D’autres clubs aussi ont un noyau XXL. Alors qu’il reste des équipes qui n’ont encore transféré personne. La faute au Covid. Et ceux qui se sont montrés actifs sur le marché des transferts ont surtout recruté à l’étranger. Une fois de plus.

On espère maintenant que l’ambiance va revenir dans nos stades. Et que les mesures de sécurité sanitaire seront respectées. Pas comme à l’EURO, où on a assisté à des scènes surréalistes. Les journalistes étaient hyper contrôlés et rappelés à l’ordre sans arrêt, alors que les supporters ne devaient rien respecter. Pour eux, le masque n’existait pas, ou si peu. L’UEFA avait pourtant bien mis l’accent sur la prévention!

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