Jacques Sys

Les footballeurs et l’autocritique

Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

À un quart d’heure de la fin du match entre Gand et l’Antwerp, Kevin Mirallas a dû entrer au jeu. Le long de la ligne, une discussion a éclaté entre le Diable Rouge et son entraîneur, Laszlo Bölöni. Sur ces entrefaites, un Mirallas furibard a foncé vers le vestiaire, offrant une image pour le moins inhabituelle, celle d’un footballeur énervé, qui s’engouffre, solitaire, dans les couloirs de la Ghelamco Arena.

Les footballeurs et l’autocritique ne vont généralement pas ensemble. Quand ils ne jouent pas, c’est la faute de l’entraîneur. Soit ils sont mal utilisés, soit le coach ne voit pas leurs qualités. Comme si un entraîneur dédaignait délibérément un footballeur qui rend son équipe meilleure. Personne ne le fait. L’absence d’auto-jugement des footballeurs est étrange. À l’Antwerp, Benson Manuel a également fait part de son mécontentement alors qu’il était écarté. Plus le noyau est étoffé, plus il est difficile de le gérer. Depuis des semaines, on raconte que l’entraîneur ne contrôle plus un vestiaire parfois explosif.

Aucun entraîneur ne dédaigne un joueur qui améliore son équipe.

Laszlo Bölöni reste une figure mystérieuse de ce point de vue. Son comportement le long de la ligne est souvent irritant et il prône un football qui s’appuie davantage sur le physique que sur la technique, même si l’apport de quelques artistes a constitué une injection de qualité cette saison. Mais ce surplus de technique semble encore insuffisant. Pourtant, au Standard, Bölöni développait un football basé sur plus de combinaisons. Il avait évidemment d’autres footballeurs à sa disposition. Pourtant, son jeu contrastait fortement avec celui de son prédécesseur, Michel Preud’homme, qui usait surtout de longs ballons. Le seul point commun entre les deux entraîneurs est qu’ils ont tous deux été champions avec le Standard.

Laszlo Bölöni
Laszlo Bölöni© belgaimage

Les entraîneurs sont souvent excédés par la trop haute estime que les joueurs ont d’eux-mêmes. Mais s’emploient-ils eux-mêmes à l’autocritique, procèdent-ils à leur évaluation personnelle après une aventure ratée ? Ainsi, comment se sent Felice Mazzù après son limogeage par le KRC Genk ? Est-il arrivé à la conclusion que ce niveau était trop élevé pour lui ou argue-t-il de circonstances extérieures qui lui étaient désavantageuses ? Après un nouveau renvoi, Glen De Boeck se regarde-il dans la glace ou préfère-t-il en attribuer la faute à d’autres ? Quel regard Adnan Custovic porte-t-il sur sa période à Waasland-Beveren ? Et Fabien Mercadal sur son passage au Cercle Bruges ?

Que pense Vincent Kompany ? Contre Courtrai, les Mauves sont retombés dans leurs travers et ont produit un football stérile dénué de profondeur. Mais Franky Vercauteren a conféré une certaine organisation à l’équipe. Et lui a permis de gagner les points nécessaires. Il serait intéressant d’entendre Kompany parler de ses expériences (d’entraîneur). Malheureusement, il n’accorde pas d’interviews. Du moins pas à la presse belge. Mais il en donne à la presse anglaise de qualité. Il en était déjà ainsi quand il jouait à Manchester City. Une étrange manière de communiquer.

Hannes Wolf a effectué ses débuts au KRC Genk par un match nul au Royal Excel Mouscron. Le VAR n’a-t-il pas privé son équipe d’une victoire en annulant le dernier but ? Il a balayé la question d’un revers de la main. Le hors-jeu, c’est le hors-jeu, a-t-il rétorqué.

Un entraîneur n’est pas l’autre. Vendredi dernier, Francky Dury a déclaré dans les colonnes du Krant van West-Vlaanderen qu’un manager lui avait téléphoné pour lui demander si Genk l’intéressait. Dans le passé, Dury a déjà fait part de l’intérêt de Saint-Étienne et de Lille. Que Genk l’ait pris en compte ou pas, on peut se demander si un entraîneur de 62 ans, qui ne cesse de répéter qu’il veut parachever son projet à Waregem, a besoin de se placer ainsi en vitrine.

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