Stephane Vande Velde

 » Les débordements en marge de la finale de la Coupe étaient bien plus violents et dangereux que le tifo des supporters du Standard. « 

Au milieu de ce flot d’infos continues, il est parfois difficile de traiter un événement avec recul et sagacité.

L’actualité est si dense qu’un événement en chasse un autre. Pas de répit, pas de repos. Et le football échappe encore moins à la règle. Des matches le mardi, puis le jeudi, puis le vendredi et le lundi. 12h30 en Angleterre, 14h30 ou 18h en Belgique, 22h en Espagne. Bref, rien qu’en Europe, l’amateur de foot est servi de midi à minuit. On a choisi des calendriers à rallonge (avec 40 journées). On met des finales de Coupe de Belgique en mars, avant la fin du championnat. Pourquoi pas des Coupes du Monde en hiver, tant qu’on y est ? Ah, c’est fait !

Au milieu de ce torrent de foot, notre boulot consiste à en dégager le principal et l’analyser. A fournir à notre lecteur, spectateur, auditeur (selon le média) les clés lui permettant de digérer l’info. A certains moments, on ne lui facilite pourtant pas la tâche. Prenez ce système de play-offs qui remet tout à plat en avril. Faut-il analyser une saison et le travail d’un entraîneur en tenant compte de ce qu’on a vu de juillet à mai ou simplement en avril et mai ? En 2011, la folle remontée du Standard se suffisait-elle à elle-même ou devions-nous également évoquer le fiasco des huit mois précédents ?

Les play-offs favorisent l’émotion et le suspense, tous des ingrédients indispensables au monde du sport, mais cela se fait aux dépens de l’analyse (et de la rigueur journalistique qui doit l’accompagner). Un entraîneur qui a montré de belles choses durant la phase classique mais qui rate ses play-offs comme Francky Dury avec Gand ou José Riga avec le Standard est-il seulement bon à jeter à la poubelle ?

Les débordements en marge de la finale de la Coupe étaient bien plus violents et dangereux que le tifo des supporters du Standard.

A d’autres moments, un même événement peut générer une différence de traitement. Simplement parce que l’air du temps a changé. Les médias ont ainsi eu un regard différent sur le comportement des supporters ces derniers mois. Prenez le traitement du tifo anti-Defour. Il a déchaîné les passions. Or, autant il était de mauvais goût, autant il n’a généré aucune violence. Mais il a focalisé toute la passion du retour de Defour à Sclessin, de la rivalité entre les deux clubs et du climat malsain et choquant des décapitations par l’Etat Islamique. Il a cristallisé la tension du moment.

Les débordements en marge de la finale de la Coupe étaient bien plus violents et dangereux que le tifo des supporters du Standard. Ils ont remis au goût du jour des images oubliées de hooliganisme. Et pourtant, les médias n’ont pas traité ces faits avec la même acuité et virulence que le tifo. La faute à un match passionnant et spectaculaire. La faute aussi à un climat peu propice. Ces affrontements ne sont passés que pour des banals faits divers. Ils n’ont suscité aucun éclairage ni édito. Demain, ils seront relégués en bas de page, chassés par d’autres infos, les Diables Rouges, le début des play-offs, la Ligue des Champions. Allez expliquer cela aux supporters du Standard, cloués au pilori médiatique durant une semaine…

Par Stéphane Vande Velde

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