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Léonard :  » J’aurais voulu défoncer Leekens « 

Thomas Bricmont

Les années brûlantes à Sclessin, l’âge d’or monégasque, les déceptions chez les Diables, Lucien D’Onofrio, la Ferrari ou les Trois Mousquetaires: retour sur la vie mouvementée de Philippe Léonard.

Tu ne comptes que 27 sélections avec les Diables Rouges. Comment l’expliques-tu?

Léonard : Ce qui m’a flingué, c’est ma non-sélection pour la Coupe du Monde en France en 1998. Je n’ai jamais su la raison exacte jusqu’à ce que je débarrasse le bureau de mon père après sa mort et que je tombe sur un Foot Magazine où Leekens racontait que j’avais copiné avec l’Equipe de France lors d’un tournoi au Maroc et que ça nuisait à l’esprit d’équipe. C’était ridicule car à Monaco je côtoyais au quotidien les Henry, Barthez, Trezeguet, il était normal que je discute avec eux. A notre retour à Bruxelles, Leekens a donné les trois noms qui n’allaient pas à la Coupe du Monde. Quand j’ai entendu le mien, j’ai pensé qu’il citait ceux qui étaient sélectionnés; c’était impensable que je n’y sois pas. Mais quand j’ai compris, je voulais le défoncer. Leekens avait préféré prendre Vital Borkelmans, qui allait fêter ses 35 ans, alors que je sortais d’une grosse saison où j’avais atteint avec Monaco les demi-finales de la Ligue des Champions Puis je suis rentré chez mon père, et je me suis mis à chialer un peu comme un gosse. J’avais 24 ans, j’étais en pleine forme. J’étais dégoûté de l’équipe nationale.

Tu seras pourtant de la partie lors du fiasco de l’Euro 2000

Léonard : Robert Waseige, que j’avais connu au Standard, avait convoqué 25 joueurs en stage. Plus l’annonce de la liste définitive approchait, plus les tackles à l’entraînement s’intensifiaient. Ça commençait aux chevilles et ça terminait à la carotide. Monsieur Waseige a alors été obligé de donner sa liste avant la date à cause de la nervosité. Quand il m’a convoqué dans son bureau où tout son staff était présent, il m’a balancé: Ici, c’est moi le chef, tu n’as pas tous tes petits copains pour te protéger. Dans ma tête, je me disais qu’après la déception de 1998, si je sautais, je m’en foutais, basta. Et il a conclu son speech par : Je vais te garder dans l’effectif mais sache qu’il y a d’autres joueurs qui méritent davantage de faire partie de la sélection. Cela commençait mal mais j’étais heureux de faire partie du lot. J’avais logiquement prévenu le coach que ma compagne de l’époque était sur le point d’accoucher. Et le jour de l’accouchement, je suis parti la rejoindre et je suis rentré vers 21h au lieu de 18h. Monsieur Waseige m’attendait à la réception.

Et c’est le début des emmerdes…

Léonard : Le premier match face à la Suède se passe bien mais je me blesse en fin de rencontre. Je suis absent face à l’Italie et je passe donc les journées au soin. Un soir, je chipote un peu sur mon pc, je passe des coups de téléphone. Willy (Marc Wilmots) avec qui je partageais la chambre dormait dès 22h. Le lendemain je vais au petit déjeuner et dès que je veux prendre mon café, Willy et Munaron, arrivent près de moi et me lancent: Mais qu’est-ce que t’as fait, le coach veut te virer. J’essaie de comprendre. A la théorie, je m’attends au pire et il me dit: toi, Léonard, tu as voulu voler la Fédération, tu passes des coups de tel du téléphone fixe pour ne pas payer. Un truc de fou. J’en avais assez. Monsieur Waseige ne m’a plus adressé la parole jusqu’à la fin du séjour et je n’ai pas joué le dernier match face à la Turquie alors que j’étais prêt. Quelques jours plus tard, ma décision était prise et j’ai décidé d’arrêter l’équipe nationale. Le problème, c’est que Deschamps est arrivé à Monaco juste après et ça ne s’est pas bien passé pour moi en club. Comme pour pas mal d’autres joueurs.

Par Thomas Bricmont

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