Le portrait tactique de Roman Yaremchuk : faux géant et danseur en couple

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Nouvel homme le plus cher de l’histoire du football belge, le buteur ukrainien cache un profil atypique derrière un mètre 91 qui ressemble au pedigree d’un pivot. 

Si l’éclosion de Roman Yaremchuk n’a pas été immédiate, lors de son arrivée sur les pelouses belges, c’est sans doute parce qu’il a d’abord fallu lever un malentendu. Au sein d’une Pro League qui aime les attaquants au physique de basketteur, le mètre 91 de l’Ukrainien a des airs de trompe-l’œil. Avec le Buffalo, on pense déguster un déménageur des surfaces, mais la première cuiller suffit pour constater l’erreur. Yaremchuk n’a rien d’aérien. C’est presque un joueur trop grand pour le football qu’il aime, celui d’un attaquant qui marque plus souvent depuis l’extérieur de la surface qu’avec le front.

Même si les progrès dans l’utilisation de son corps au duel sont conséquents depuis ses premiers pas sur le sol belge, l’Ukrainien ne sera sans doute jamais un pivot. Chacun de ses coaches semble progressivement l’avoir compris, élaborant un plan pour faire briller l’une des armes offensives les plus redoutables du championnat. Dans le 4-2-3-1 d’Yves Vanderhaeghe, les Gantois avaient fini par recruter Rangelo Janga pour l’installer en pointe, déportant Yaremchuk sur l’aile gauche dans un rôle qui faisait parfois penser à celui taillé sur mesure pour Mario Mandzukic par Massimiliano Allegri. Mais là où l’idée du coach italien était de profiter de l’impact impressionnant de son Croate dans les airs face à des latéraux souvent plus petits, Vanderhaeghe éloignait surtout Yaremchuk de ces duels axiaux qu’il ne remportait presque jamais.

C’est vraiment sous la direction de Jess Thorup que la carrière gantoise de Roman Yaremchuk va décoller. (Photo by Sylvain Lefevre/Getty Images)

Replacé dans l’axe par Jess Thorup, l’enfant de Lviv finit par exploser quand le coach danois dessine un milieu en losange surplombé par son duo avec Laurent Depoître. Débarrassé des duels par le gabarit de son associé, l’Ukrainien se déplace plus librement, souvent vers ce côté gauche où il aime dessiner les actions pour revenir vers son puissant pied droit. Malgré le départ de Thorup, suivant de peu celui d’un Jonathan David qui était la cause principale de ce choix de système, les duos d’attaquants étaient restés la norme à Gand, avec l’intérimaire Wim De Decker puis le retour d’Hein Vanhaezebrouck. Cette fois, c’est bien l’Ukrainien qui était l’homme-clé du secteur offensif, celui à mettre en évidence, dans une association où il est successivement flanqué d’Osman Bukari, Anderson Niangbo puis Tarik Tissoudali.

Yaremchuk vraiment le target-man recherché depuis le départ de Wesley ?

Devenu plus robuste dos au but, capable de rivaliser plus fréquemment avec les centraux adverses, Yaremchuk boucle une saison chamboulée avec 23 buts et huit passes décisives, toutes compétitions confondues. C’est cependant l’EURO, où il anime les offensives de la sélection menée par Andrei Shevchenko, qui lui offre les clés de son transfert vers le Portugal. Précieux en Ligue des Champions, dans le système à deux pointes de Jorge Jesus qui l’associe au puissant Darwin Nuñez, l’Ukrainien disparait peu à peu quand le changement de coach engendre aussi un changement de système. Installés en 4-2-3-1, les hommes de Roger Schmidt proposent un football qui convient mieux à la jeune promesse portugaise Gonçalo Ramos, et ouvrent la porte à un nouveau Roman.

A Benfica, l’association entre Yaremchuk et Darwin Nunez a parfois fait des étincelles. Mais le changement de coach et le départ de l’Uruguayen à Liverpool ont changé bien des choses pour l’Uruguayen à l’ombre de l’Estadio da Luz. (Photo by MIGUEL RIOPA / AFP) (Photo by MIGUEL RIOPA/AFP via Getty Images)
L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Bruges et son 3-5-2 sautent sur l’occasion. Pas sûr que Roman Yaremchuk sera le target-man de référence que le Club cherche désespérément depuis le départ de Wesley. Par contre, une association avec un Ferran Jutgla qui prouve semaine après semaine qu’il est capable de servir de pivot dans le jeu au sol pourra faire bien des ravages. Parce que si le géant ukrainien a bien grandi depuis ses premiers pas gantois, il reste toujours plus redoutable quand les chorégraphies offensives se dansent en duo.

Abdulrazak Gurnah reçoit son prestigieux prix Nobel de littérature à Londres

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire