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Le grand bilan de la JPL (18/18) : et à la fin, c’est toujours Bruges qui gagne

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Suite de notre bilan de la saison des 18 clubs de Pro League. Aujourd’hui, nous arrivons à Bruges pour le terminus de notre tour de Belgique. Le nouveau champion Blauw en Zwart a beau avoir souffert contre un rival inattendu, il a néanmoins continué de belgiciser le célèbre adage de Gary Lineker.

Le résultat

Quand on domine la scène nationale comme le font les Brugeois depuis leur titre en 2016, seul le titre peut faire sourire les grands patrons. Mission accomplie, dans la douleur, pour un Club qui aura dû batailler plus que prévu, et surtout face à un concurrent inattendu. Pour « lutter contre Brighton » (dixit le président Bart Verhaeghe), Bruges n’a pas lésiné sur les moyens, dépensant plus de 50 millions d’euros en deux mercatos afin de s’offrir une troisième couronne consécutive. De quoi oublier la fin précoce de l’aventure européenne, certes compliquée par les malheureux hasards du tirage au sort, mais aussi le nouveau report du rêve de doublé national. Éliminés en demi-finale de la Coupe par les Buffalos, les Brugeois ont alors entrevu le spectre d’une saison sans titre.

Dans le sprint final, mené par un Alfred Schreuder bien plus pragmatique que prévu, les patrons ont répondu présent : Simon Mignolet a tout arrêté, Hans Vanaken a planté les buts qui comptent et Noa Lang a retrouvé son meilleur niveau pour une dernière ligne droite aux chiffres époustouflants. À défaut de toujours impressionner sur le terrain, Bruges a collecté 14 victoires et une seule défaite en 18 sorties, du début de l’année 2022 au sacre sur la pelouse du Bosuil. Avec seulement dix buts encaissés dans l’aventure. La force des grands.

Le jeu

En débarquant au mois de janvier, Alfred Schreuder a voulu bouleverser le jeu devenu trop pragmatique et individualisé de Philippe Clement. Des schémas et de la possession plutôt que des joueurs qui brillent en petit comité. Les idéaux ont rapidement disparu, en même temps qu’un Ruud Vormer sur le déclin. Peu à peu, le Bruges de Schreuder s’est alors mis à ressembler à celui de Clement, reprenant le 3-5-2 des débuts de celui qui dirige désormais Monaco. Clinton Mata a retrouvé une défense à trois chargée de contenir les assauts adverses, derrière un milieu plus besogneux qu’inspirant et une animation offensive remise entre les pieds de la foule de talents rassemblée aux avant-postes. Le football est parfois simple quand il offre à Lang, Vanaken et Charles De Ketelaere de l’espace pour combiner, et qu’il leur ajoute le pied gauche exquis d’Andreas Skov Olsen en janvier. Bruges n’avait même plus besoin de se découvrir démesurément pour marquer des buts : c’était l’équilibre d’Alfred Schreuder, idéaliste oranje devenu calculateur rationnel face à la perspective d’un trophée.

« C’est mon ballon. »© iStock

Le joueur : Simon Mignolet

Loin d’être au sommet de sa forme durant la phase régulière du championnat, le numéro 2 des Diables rouges a retrouvé son meilleur niveau dans le money-time. Voir qu’il est le seul gardien à ne pas avoir vu ses filets trembler face à l’Union Saint-Gilloise cette saison malgré quatre confrontations et 6,62 expected goals concédés résume l’importance de Simon Mignolet dans la course au triplé. Si les grands joueurs répondent présent dans les grands moments, alors Big Si est bel et bien un géant.

Le jeune : Charles De Ketelaere

À quelques exceptions près, les exils sur le flanc ont disparu. Charles De Ketelaere était devenu assez grand pour réclamer de jouer dans sa zone de prédilection, et celle-ci est claire : dans l’axe, près du but adverse. À ceux qui disaient qu’il n’était pas un attaquant par manque d’efficacité, le Prince Charles a répondu avec la manière et les chiffres : 18 buts et 9 passes décisives, toutes compétitions confondues. Qui, aujourd’hui, voudrait encore en faire autre chose qu’un attaquant ?

Le chiffre : 17 buts sur CPA

Parce que le jeu n’a pas toujours répondu présent, mais que les vainqueurs trouvent toujours une voie pour continuer à gagner, Bruges a poursuivi sa domination nationale sur phase arrêtée. 17 buts suite à un coup de pied arrêté, sans compter les coups francs directs ou les penalties, c’est la meilleure performance nationale de la saison. Presque logique, dès lors, que le retournement de situation final sur la pelouse du Bosuil soit né d’un penalty et de deux corners.

À ceux qui disaient qu'il n'était pas un attaquant par manque d'efficacité, le Prince Charles a répondu avec la manière et les chiffres : 18 buts et 9 passes décisives, toutes compétitions confondues.
À ceux qui disaient qu’il n’était pas un attaquant par manque d’efficacité, le Prince Charles a répondu avec la manière et les chiffres : 18 buts et 9 passes décisives, toutes compétitions confondues.© iStock

Le futur

Pour la deuxième fois en l’espace de quelques mois, Bart Verhaeghe et Vincent Mannaert ont dû se mettre en quête d’un nouveau coach à installer au gouvernail du navire brugeois. L’heureux élu, l’ancien adjoint Carl Hoefkens, se retrouvera à la tête de la plus grande puissance du Royaume, mais aussi au-devant d’un défi majeur : reconstruire une animation offensive dont deux des pions majeurs, Charles De Ketelaere et surtout Noa Lang, pourraient changer d’air cet été.

La bonne nouvelle, c’est que le club de la Venise du Nord est habitué aux chamboulements offensifs, et a déjà prévu de construire son avenir à proximité du but adverse autour de Skov Olsen, Tajon Buchanan, voire Antonio Nusa ou Daniel Perez. La crainte majeure qui pourrait secouer l’été brugeois serait, à dire vrai, surtout à chercher dans le départ d’un des membres de la colonne vertébrale des titres brugeois. Si Mignolet, Vanaken, Brandon Mechele mais surtout le correcteur défensif Clinton Mata restent à bord, il faudra être costaud pour malmener l’hégémonie bleue et noire.

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