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Le grand bilan de la JPL (17/18) : la forteresse de Saint-Trond

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Suite de notre bilan de la saison des 18 clubs de Pro League. Au Stayen, Bernd Hollerbach a fermé la cage de ses Canaris. Du coup à défaut d’envolées sur le terrain, les résultats ont été présents.

Le résultat

La fin d’année 2021 laissera sans doute des regrets à Bernd Hollerbach. À cette période, on dit d’ailleurs l’Allemand sur la sellette, dans la foulée d’une indigeste série de cinq défaites de rang sauvée par un succès post-Noël contre Eupen. La suite sera bien plus aboutie, notamment avec l’aide d’un mercato de janvier bien mené. Sur les douze dernières journées de championnat, les Canaris grattent 27 points. Seul le champion en titre brugeois fait mieux sur cette période. Finalement, c’est à la différence de buts qu’ils échouent dans leur quête de jouer les prolongations sur la scène des European play-offs.

Une différence minimale surtout due à leurs moments de disette offensive. Au décompte final, les Trudonnaires présentent en effet la sixième meilleure défense de l’élite, notamment grâce à ce sprint final conclu avec seulement sept buts concédés en douze sorties. La recette d’un spectacle minimaliste, mais d’une capacité décuplée à engranger des points.

Le jeu

Si les amateurs de football endiablé doivent souvent ronger leur frein quand leur regard croise le strict 5-3-2 de Bernd Hollerbach, les passionnés d’organisation défensive s’inclinent devant la rigueur tactique mise en place par l’Allemand au Stayen. Toujours compact, bien disposé à la chute du ballon pour jouer les rebonds grâce à des milieux de terrain dynamiques et puissants, le STVV sauce teutonne verrouille à merveille les espaces les plus importants à la perte du ballon.

Christian Brüls est toujours capable d'enfumer ses adversaires.
Christian Brüls est toujours capable d’enfumer ses adversaires.© iStock

Un modèle athlétique et tactique qui devient moins réjouissant quand le ballon échoue dans les pieds trudonnaires. Là, ce sont souvent les coups de génie de Christian Brüls qui doivent faire la différence, à moins que les joueurs de couloir ne soient alertés pour chercher les centimètres de Taichi Hara dans la surface. L’idée est sommaire, mais elle limite l’attaque à un petit nombre de joueurs et prévient les Canaris des dangers d’un contre potentiel grâce à une organisation toujours intacte.

Le joueur : Christian Brüls

Sept buts (ce qui le place à une longueur de Taichi Hara dans la hiérarchie des buteurs trudonnaires), six passes décisives (meilleur passeur du club), et surtout une dose incalculable d’inspirations grandioses et de coups de génie. Plus en ordre physiquement que jamais, le maître à jouer du Stayen a régalé les siens en transformant parfois le synthétique local en tableau de géométrie, entre jeux en triangles, courbes inattendues et diagonales géniales. Le cerveau d’une équipe qui attaque surtout avec ses poumons.

Le jeune : Ameen Al-Dakhil

Déjà impressionnant dans la gestion du trafic aérien et l’occupation de la surface au Standard, où il avait très vite reçu la confiance de Mbaye Leye pour s’installer au centre de la défense à trois, le Belgo-Irakien a quitté Sclessin en quête d’un temps de jeu dont il était privé depuis l’arrivée de Luka Elsner. Au Stayen, il a trouvé un cadre parfait pour étaler ses qualités : un bloc compact et organisé, qui l’amène rarement à défendre loin de sa surface et lui permet de briller dans les duels « courts », au sol ou dans les airs. Un profil à faire mûrir et à surveiller.

Le chiffre : 43,9

Principalement basé sur la rigueur défensive et loin de privilégier la prise de risques dans son propre camp, le jeu de Bernd Hollerbach s’accompagne inévitablement d’une possession réduite. Au terme de la phase classique du championnat, les Trudonnaires affichent une moyenne de 43,9% de possession. Seul le Beerschot fait moins bien sur les pelouses belges cette saison. Contrairement aux Rats, les Canaris montrent qu’on peut maîtriser les évènements sans maîtriser le ballon.

Au Stayen, Ameen Al-Dakhil a trouvé un cadre parfait pour étaler ses qualités : un bloc compact et organisé, qui l'amène rarement à défendre loin de sa surface et lui permet de briller dans les duels
Au Stayen, Ameen Al-Dakhil a trouvé un cadre parfait pour étaler ses qualités : un bloc compact et organisé, qui l’amène rarement à défendre loin de sa surface et lui permet de briller dans les duels « courts », au sol ou dans les airs.© iStock

Le futur

Le marché japonais étant de plus en plus prisé par les clubs belges, au vu des réussites de joueurs comme Ryota Morioka ou Junya Ito, le Stayen n’a plus le monopole des bonnes pioches au pays du soleil levant. Pour espérer franchir un palier supplémentaire dans leur progression au classement, les Trudonnaires seraient pourtant bien inspirés de dénicher un nouveau Takehiro Tomiyasu ou Daichi Kamada. C’est surtout le secteur offensif du noyau des Canaris qui demande une injection importante de qualité, indispensable pour alimenter le marquoir dans le football d’Hollerbach qui mise plus sur le talent que sur les combinaisons à proximité du but adverse. En maintenant une assise défensive parmi les plus difficiles à contourner de l’élite, une nouvelle dynamique offensive pourrait vraiment permettre aux Limbourgeois de s’inviter dans la course au top 8.

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