Pierre Bilic

Le drame de Mons doit aussi inquiéter la D1

Le RAEC Mons est au bord de la faillite et ça pend au nez de pas mal de clubs de D1 pas assez stricts dans la gestion de la masse salariale.

Il y a plus d’un an que Dominique Leone, le président de Mons, interprète la Marche funèbre de Frédéric Chopin. Les touches de son piano sont de plus en plus noires. Si rien ne change, le RAEC Mons distribuera des faire-part de décès à la place de bons voeux en fin décembre. Les salaires de novembre du personnel et des joueurs ont été payés. Mais pour décembre, les caisses sont vides et Leone en a assez d’allonger 100.000 euros par mois alors que des ouvriers de ses usines sont licenciés.

L’Albert ne joue pas les premiers rôles en D2 mais y a prouvé son utilité en tenant Eupen en échec. Au-delà de ce résultat, les constats restent les mêmes : peu de public, pas suffisamment de sponsors, un budget déséquilibré avec 3.3 millions de dépenses et des recettes qui ne devraient pas dépasser 1,8 million d’euros. Le gouffre pour cette saison s’élèvera au minimum à 1,5 million d’euros.

Mais n’était-ce pas prévisible dans le cas de Mons et d’autres clubs de D2, voire, et c’est important, de D1 ? Eupen, le Royal Mouscron Péruwelz et Seraing United, pour ne citer qu’eux, doivent tout ou presque tout à des investisseurs étrangers (vu l’annonce de l’arrivée probable du Sultanat d’Oman chez les Hurlus) tandis que, dit-on, deux agents de joueurs (Mogi Bayat et son ami Dirk Degraen) pourraient investir à Courtrai.

Comment de nombreux dirigeants de D2 et de D1 en sont-ils arrivés là ? Pourquoi ont-ils tressé leurs cordes de pendus ? Sont-ils tout simplement à la hauteur de leurs missions ? Mons, par exemple, a reçu sans attendre, grâce aux relations de Pierre François, son parachute de la Ligue Pro, ce qui lui a permis d’effacer des dettes et d’entamer la saison.

Au-delà de cela, la plupart des clubs accordent probablement des salaires trop élevés à leurs joueurs. Gérald Blaton, Filippo Gaone, Jean-Pierre Detremmerie et Leone, après tant d’autres, se sont cassé les dents à ce jeu-là. En D2, pour que la masse salariale n’engloutisse pas les clubs sans belles recettes aux guichets, le revenu mensuel brut de chaque joueur ne peut pas dépasser 1000 euros brut par mois. Ceux qui ne tiennent pas compte de cette orthodoxie budgétaire sont condamnés.

Ce qui arrive à Mons pend actuellement au nez de pas mal de clubs de D1 pas assez stricts dans la gestion de la masse salariale. Et les clubs de l’élite jouissent d’avantages qui font pâlir d’envie d’autres entreprises : remise de 80% du précompte professionnel (à investir dans la formation des jeunes ?), plafonnement de l’ONSS, etc.

On en arriverait presque à se demander où passe parfois l’argent des clubs avec des droits de télévision qui ont explosé en D1. Il fut question à une époque de lancer une école de dirigeants de clubs de football. La Ligue Professionnelle et l’Union Belge devraient peut-être y penser sans quoi la longue agonie des Dragons n’aura servi à rien. Et d’autres présidents de D1 et de D2 entameront eux aussi la Marche funèbre de Léone.

Par Pierre Bilic

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire