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Le discours de Venanzi face aux ambitions de Preud’homme

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Le président du Standard n’a pas évoqué une seule fois le nom de Michel Preud’homme dans son interview. Tout ça pendant que MPH ouvre la porte aux questions sur son avenir.

Le timing n’a forcément rien d’hasardeux. Tandis que Bruno Venanzi s’adresse à ses supporters, dans une vidéo auto-produite annoncée le matin-même et qui évite soigneusement les questions épineuses, Michel Preud’homme active lui aussi ses réseaux. Le coach du Standard a toujours entretenu des relations privilégiées avec certains journalistes, jugés plus aptes à recueillir ses confidences en privé. Et ce lundi en début de soirée, c’est l’ensemble de sa garnison qui semble avoir été mise au parfum de la réflexion menée par le coach des Rouches depuis sa résidence de Knokke.

Pendant que son président s’épanche durant un peu plus de douze minutes sans jamais citer son nom, alors que la rumeur d’un changement de règne sur le banc liégeois a grandi ces dernières semaines, Preud’homme répand donc la nouvelle d’une décision toujours en suspens quant à son avenir de coach. « Je ne peux quand même pas réagir sur quelque chose que je ne sais pas encore », se contente d’offrir MPH au Nieuwsblad pour toute réaction officielle. D’un média à l’autre, on situe l’échéance de la décision au début ou au cours du mois de juin. Toujours est-il que ces quelques mots suffisent à confirmer que le doute existe.

Le mercato, dicté par l’ambition de Preud’homme et ses connexions avec Mogi Bayat, avait été imaginé pour tenter de ramener le titre dans la Principauté.

Comment analyser ce double discours simultané dans la communication rouche ? Certains chuchotent que Michel Preud’homme aime avant tout faire parler de lui. C’est sans compter les mots de Bruno Venanzi, qui tait le nom de son entraîneur et vice-président alors qu’il a toujours placé MPH au centre de son projet depuis son retour, il y a bientôt deux ans. Peut-être les deux parties se préparent-elles, chacune de leur côté, à une issue que l’avenir financier du Standard semble rendre inéluctable.

Malgré un discours de façade rassurant devant ses supporters, Bruno Venanzi ne cache pas que l’heure est aux économies. « On a investi comme jamais le Standard ne l’avait fait dans l’achat de joueurs », concède le président dans son interview, en rappelant l’été dernier. S’il évoque le top 3 comme objectif, les discours dans les coulisses de Sclessin étaient bien plus ambitieux à l’approche de cette nouvelle saison. Le mercato, dicté par l’ambition de Preud’homme et ses connexions avec Mogi Bayat, avait été imaginé pour tenter de ramener le titre dans la Principauté.

Un objectif qui est vite devenu utopique, quand les dernières semaines avant l’interruption avaient fait chuter le Standard à la cinquième place, même si la perspective des play-offs permettait de conserver l’espoir d’une remontée. « Des play-offs où, on le sait, le Standard est toujours très compétitif », affirme Venanzi, rappelant les deux remontées fantastiques des Liégeois au cours des dix dernières saisons.

Le virage stratégique que s’apprête à prendre le Standard cadre mal avec l’ambition sportive de Michel Preud’homme et son image d’éternel gagnant.

« C’est certain que cette année, il n’y aura pas d’investissement aussi important », ajoute l’homme fort de Sclessin. En coulisses, on évoque déjà un départ de Zinho Vanheusden, salaire majuscule du noyau. Les têtes de Samuel Bastien et Selim Amallah sont également mises à prix, les deux hommes étant considérés comme les plus bankables du noyau. Et pour éventuellement les remplacer, le Standard visera principalement des joueurs bon marché – comme cela a été fait dans le cas deLaurent Henkinet, opportunité à bas prix – ou se tournera vers son académie, dont Bruno Venanzi prend longuement la peine de vanter les résultats sportifs de la saison écoulée, malgré un vivier qui reste bien moins qualitatif qu’à Anderlecht ou à Genk, selon les suiveurs les plus assidus des catégories de jeunes.

Un changement de cap qui cadre mal avec l’ambition du coach Preud’homme, qui aimait encore affirmer à son arrivée à Sclessin que « partout où on est passé, on a eu des résultats ». Un pas de côté, vers la fonction de directeur sportif qui lui tend les bras comme le stipule son contrat, semble donc être une piste sérieuse dès cet été. De quoi soulager partiellement des finances qui supportent mal son salaire royal (1,5 million d’euros brut par an, hors primes) et ouvrir la porte à un successeur qui pourrait bien être Felice Mazzù.

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