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Le dessert tactique de la 2e journée de Jupiler Pro League : un costume pour Raskin, un changement pour Mazzù, des ailiers pour Leye

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Retour en cinq bouchées sur la deuxième journée de Pro League. Au programme notamment, les infiltrations de Teddy Teuma, la meilleure version de Nicolas Raskin et le changement préféré de Felice Mazzu.

Leçons d’infiltration avec Teddy Teuma

Un temps chasse gardée de Ruud Vormer, le trophée de meilleur milieu infiltreur du Royaume est désormais bien installé sur la cheminée de Teddy Teuma. Contre Charleroi, le Maltais a une nouvelle fois fait la loi entre les lignes, avec ses appels en diagonale qui ont semé le chaos dans le triangle axial des Zèbres.

En plus d’un coup de patte d’exception sur phase arrêtée, le gaucher de l’Union dispose d’une énergie toujours bien investie. À chaque fois que la défense carolo repousse un ballon, son dynamisme devance les milieux adverses et lui permet d’attaquer la ligne arrière à toute allure. Une histoire de quelques mètres parcourus au bon moment pour se donner systématiquement un temps d’avance. Si difficiles à gérer quand elles sont faites dans le bon timing, les courses verticales des milieux sont l’une des clés du football belge. Et il n’y a pas grand-monde sur les pelouses de Pro League pour les réussir avec plus de justesse que Teddy Teuma.

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La meilleure version de Nicolas Raskin

Les discours sont clairs, dans le chef des dirigeants liégeois. Conserver Nicolas Raskin est une priorité. En faire l’une des figures de proue du projet, aussi. En attendant de voir les paroles se concrétiser dans les bureaux, l’idée est en tout cas clairement visible dans le plan de jeu de Ronny Deila. En installant un 4-2-3-1 dynamique et vertical, le Norvégien permet à son milieu de terrain de proposer sa meilleure version. Celle qui exacerbe ses qualités et camoufle soigneusement ses défauts.

Sur le terrain, Nicolas Raskin doit bouger. Trop pour être le seul garde du corps d’une défense précédée d’une unique sentinelle. Comme Razvan Marin avant lui, bien que dans un registre différent, le Waremmien a besoin d’avoir le jeu devant lui tout en conservant à ses côtés une sécurité qui lui permet de se projeter dès qu’il en a l’opportunité. Gojko Cimirot joue ce rôle à merveille, autorisant à la fois Raskin à s’infiltrer et à décrocher pour orchestrer la relance de loin ou dégainer sa longue-vue, comme sur le but de Denis Dragus. Le numéro 26 des Rouches ne tient pas en place. Une agressivité naturelle précieuse pour le pressing que souhaite installer Deila au coeur du jeu. Le double pivot permet à Raskin de partir de loin tout en étant toujours près du ballon. Les bonnes notes de sa meilleure partition.

Le changement préféré de Felice Mazzù

En près de dix années passées à écumer les bancs professionnels, c’est presque devenu une habitude. Quand Felice Mazzù voit un carton rouge brandi sous les yeux de Abdulrazak Ishak, il manage donc son banc de touche avec la clairvoyance de ceux qui savent à quoi ils ont affaire. Après tout, c’est la dix-huitième fois que le Carolo voit son équipe réduite à dix avec encore plus de vingt minutes à jouer depuis ses débuts au sein de l’élite. Après avoir laissé ses troupes intactes jusqu’au retour aux vestiaires, le coach d’Anderlecht peut jouer son coup de prédilection.

Felice Mazzu sait gérer les moments où son équipe se retrouve à dix plus de 20 minutes.
Felice Mazzu sait gérer les moments où son équipe se retrouve à dix plus de 20 minutes.© iStock

À Charleroi, les cartons rouges de Clément Tainmont (deux précoces en deux saisons) avaient toujours occasionné un passage du 4-4-2 au 4-3-2, laissant la menace des deux attaquants peser sur l’adversaire, toujours avec réussite. Une victoire en infériorité numérique face à Mouscron, un partage arraché à Gand, et une idée qui germe : faire passer le bon message à ses joueurs depuis le banc de touche. Face au Cercle, c’est un raisonnement semblable qui l’amène à faire monter Fabio Silva à la pause, glissant Benito Raman sur un flanc pour proposer un 3-4-2 très menaçant à un adversaire qui utilise de toute façon très peu sa ligne arrière pour attaquer. Si la défaite est finalement au bout, Anderlecht s’est montré bien plus menaçant à dix qu’à onze.

Bernd Storck savait sur quelles faiblesses brugeoises enfoncer le clou.
Bernd Storck savait sur quelles faiblesses brugeoises enfoncer le clou.© iStock

Comment Bernd Storck a appuyé sur les faiblesses de Bruges

Quand un grand du championnat trébuche dans un déplacement a priori sans histoires, la culpabilité se cherche souvent du côté des failles du géant. Si Bruges n’était clairement pas dans un grand jour pour son voyage au Kehrweg, avec un manque d’idées interpellant en possession de balle, les Pandas de Bernd Storck ont exécuté leur plan à merveille pour faire déjouer les Brugeois.

Au pressing homme contre homme, comme il l’avait fait pendant toute la préparation avant de changer son fusil d’épaule face à Charleroi, le coach allemand a ciblé la relance adverse pour faire jouer la supériorité physique de son secteur défensif par rapport aux attaquants du Club. Restait alors à dominer les rebonds, une mission accomplie grâce à l’activité des trois milieux de terrain eupenois, Jérôme Déom en tête. Très dynamique, particulièrement juste par rapport à ses habitudes, l’ancien Rouche s’est régalé dans le dos d’un Hans Vanaken qui avait visiblement décidé de ne défendre que quand le ballon était entre le but adverse et lui. Tout profit pour Déom, lancé vers une défense brugeoise obligée de faire sortir un homme sur l’action du 2-1, les Pandas profitant alors de leur supériorité numérique et du sens du démarquage de Smail Prevljak pour faire la différence. Un peu après l’heure de jeu, au moment du carton rouge de Gary Magnée, Eupen avait déjà tiré neuf fois dans la surface brugeoise. De l’autre côté du terrain, les Blauw en Zwart n’avaient tenté que cinq tirs depuis la zone de vérité. Essentiellement sur phase arrêtée. L’histoire d’un ténor minutieusement neutralisé.

Mbaye Leye veut offrir des ailes à Zulte Waregem.
Mbaye Leye veut offrir des ailes à Zulte Waregem.© Getty Images/iStock

Mbaye Leye a enfin ses ailiers

Il les avait longtemps réclamés, citant à maintes reprises l’exemple de Nikola Storm, sans jamais les recevoir. Au Standard, Mbaye Leye insistait sur l’importance d’ailiers capables de faire la différence pour rendre ses combinaisons offensives efficaces. Face à l’Antwerp, dans un match très ouvert aux accents néerlandais, le coach sénégalais a pu montrer plus précisément sa feuille de route offensive.

Dans les sorties de balle propres de Zulte Waregem, l’objectif semble effectivement être de trouver l’ailier, de préférence lancé, pour qu’il puisse ensuite transformer la possession en occasion. Avec Jean-Luc Dompé d’un côté et Mamadou Sangaré à l’opposé, Leye dispose désormais de deux joueurs capables de mettre des dribbles et des accélérations au bout de ses idées. De quoi menacer la défense du Great Old (1,1 expected goal créé) sans pour autant parvenir à la faire plier.

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