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La victoire du trublion Jean-Marc Bosman

Il y a 23 ans, Jean-Marc Bosman a battu le lobby du football mondial.

Jean-Marc Bosman, l'homme qui a révolutionné le monde du foot.
Jean-Marc Bosman, l’homme qui a révolutionné le monde du foot.© BELGAIMAGE

Le 15 décembre 1995, le monde du football est tombé à la renverse : la Cour européenne de Justice a donné raison à Jean-Marc Bosman. L’ancien international espoir avait déposé plainte contre la fédération belge et l’UEFA parce que, bien qu’étant en fin de contrat au FC Liège, il ne pouvait pas rejoindre le club français qui voulait l’acheter, Dunkerque.

À cette époque, les joueurs arrivés en fin de bail, qui ne pouvaient pas rejoindre une autre équipe aux conditions fixées par leur club, avaient le choix : soit ils signaient un contrat minimum (l’équivalent de 750 euros par mois), soit ils se mettaient en quête d’un autre emploi. Ils n’avaient pas droit au chômage.

Pendant des années, nul, dans ce petit monde, n’avait imaginé que Bosman ait l’ombre d’une chance. Qui allait oser s’en prendre au puissant milieu du football, même si Bosman avait le droit de son côté ? De nombreux juristes employés par les fédérations étaient surpris qu’on leur demande s’ils avaient relu leurs cours de droit européen. Ça leur aurait pourtant permis de voir que Bosman avait déjà marqué un point. Selon eux, le sport était un domaine spécifique, il n’était pas une activité économique et peu importait donc que ses règlements aillent à l’encontre du droit européen.

Au plus fort de la discussion, Michel Verschueren, qui était alors un des hommes les plus puissants du milieu en sa qualité de manager d’Anderlecht, avait ôté ses illusions à un jeune journaliste qui lui demandait si Bosman n’avait pas quelque part raison.  » Ce n’est pas le problème « , avait-il répondu.  » L’important est de savoir de quel côté tu es : le sien ou le nôtre.  »

À la surprise générale, le commissaire européen à la Concurrence, le Belge Karel Van Miert n’a pas davantage plié devant le lobby du football que face aux entreprises américaines, qui ne reculaient pas devant les menaces en essayant d’échapper aux lourdes amendes qui leur étaient infligées quand elles enfreignaient la législation européenne.

Après l’arrêt, la Belgique a ouvert toutes ses frontières et supprimé toutes les limitations alors que jusque là, les clubs ne pouvaient coucher que trois étrangers sur la feuille de match. Dès la première année, des footballeurs en fin de contrat sont partis : Filip De Wilde et Bertrand Crasson ont quitté Anderlecht pour le Sporting Lisbonne et Naples et l’Eendracht Alost a transféré du Cercle l’attaquant Christophe Lauwers, un joueur convoité qu’il n’aurait jamais pu s’offrir autrement.

Bosman, qu’un juge liégeois avait déjà autorisé à chercher un club, a joué pour l’Olympic puis un temps pour Visé, avant de raccrocher, vidé par le procès.

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